Angleterre: le nombre de sans-abris progresse en pleine crise du coût de la vie
Lors d'une nuit d'automne 2023 servant de référence, 3.898 personnes dormaient dans la rue en Angleterre contre 3.069 en 2022 et 1.768 en 2010. Le nombre de sans-abris a particulièrement progressé dans les régions du Yorkshire-et-Humber dans le nord (+59%), du Nord-Ouest (+49%) et du Nord-Est (+46%), selon les données du gouvernement.
Près de la moitié des personnes qui dorment dans la rue en Angleterre se trouvent à Londres et dans la région autour de la capitale, est-il également indiqué. Depuis près de deux ans, la flambée des prix a entraîné une augmentation de la pauvreté et du nombre de sans domicile fixe au Royaume-Uni, d'autant que le pays est confronté à une grave crise du logement.
En cause, l'envolée des prix de l'immobilier, l'allongement des listes d'attente pour les logements sociaux, et l'augmentation du nombre de résidences secondaires et locations touristiques.
Pour Matt Downie, directeur général de l'association caritative Crisis, ces chiffres sont une "honte nationale" et doivent inciter le gouvernement britannique à prendre ce problème à bras-le-corps. "Nous avons besoin d'un changement complet d'approche et d'un engagement à construire la quantité de logements sociaux nécessaires chaque année", a-t-il poursuivi.
Un porte-parole du gouvernement a souligné que le nombre de sans-abris restait encore inférieur à son niveau d'avant la pandémie de Covid-19, reconnaissant toutefois qu'il y avait encore "du travail à faire". Face à l'augmentation du nombre de sans-abri cet hiver à Londres, le maire de la capitale Sadiq Khan avait dénoncé fin janvier l'indifférence du gouvernement conservateur de Rishi Sunak, et annoncé une extension de son programme d'aide d'urgence.
Plus de 1.200 personnes ont été recensées dans les rues de la capitale début janvier lorsque la ville a déclenché son plan d'aide d'urgence, activé quand les températures tombent sous les 0°C. Il s'agit d'"une hausse de 30% par rapport à la même période de l'an dernier".
La maire de Londres met aussi en cause l'application désormais stricte de la réglementation qui oblige les demandeurs d'asile ayant obtenu le statut de réfugié à quitter leurs hébergements temporaires financés par l'Etat au bout de 28 jours maximum.