Bière : les pubs anglais sous pression
Crise de l’inflation, coût des carburants et de l’énergie : les Britanniques ont du mal à encaisser les contrecoups ahurissants de la crise économique qui frappe le pays depuis le début de la guerre en Ukraine.
Selon la presse britannique, le prix du lait a grimpé de 33%, celui des fruits et légumes de 15% en moyenne et pire que tout, celui de la pinte de bière pourrait selon les brasseurs passer des £4-£7 actuels selon les quartiers, à £10 voire £14£. Stupéfiant.
L’augmentation générale des coûts touche l’ensemble de la chaîne de production de la bière. Fabrication, mise en bouteille et distribution sont toutes sévèrement affectées. La hausse du prix du dioxyde de carbone utilisé pour la mise en bouteille, celui de l’aluminium pour les cannettes, celui des factures d’énergie pour les établissements eux-mêmes conduit déjà à des difficultés de paiement, des pertes d’emplois et peut-être dans un avenir proche à des faillites et des fermetures. L’industrie de la restauration qui a déjà souffert massivement pendant la pandémie, se retrouve à nouveau cette année particulièrement exposée à cette nouvelle crise économique. Il est pour elle inenvisageable de ne reporter ces coûts sur le prix des boissons et des cartes en général.
Les mesures mises en place par le gouvernement pour aider les familles ne s’appliquent pas aux entreprises. Une possible réduction de 5% de la TVA serait certes bienvenue, mais moins efficace selon les gérants de pubs (les « publicans » ) qu’une réduction des factures de l’énergie. Tous demandent au régulateur de l'énergie britannique (Ofgem) un plafonnement des tarifs du gaz et de l’électricité. Une requête qui date de 2021 et provenait déjà, à l’époque, de l’ensemble des établissements de restauration.
Au-delà l’aspect financier, c’est émotionnellement, l’une des conséquences les plus déchirantes que le pays doit aujourd’hui envisager. En effet, en Angleterre les pubs sont, une véritable institution au cœur de la vie sociale. Ils sont plus de 47 000 au Royaume-Uni avec en mascotte et figure de proue : « la Reine des Mousses » : la Bière.
Les grands patrons du secteur rappellent que même pendant les deux guerres mondiales, le gouvernement avait fait l’impossible pour garder les pubs ouverts et maintenir un peu le moral de la nation. Ces bars typiques devront-ils cette année mettre la clé sous la porte ? Renvoyer au chômage 1 millions de personnes (selon les plus alarmistes) ?
En outre, les recommandations des autorités sanitaires anglaises pour la consommation d’alcool vient de passer de 21 unités par semaine à 14 pour hommes ET femmes. Cela correspond à 6 pintes par semaine à ne pas consommer le même jour bien sûr et en alternant avec de l’eau.
Certains tenanciers désarmés et amers (on les comprend) estiment que leur clientèle viendra bientôt uniquement pour rester au chaud au bar devant un verre de « tap water » parce qu’ils ne pourront eux-mêmes plus payer le chauffage à la maison ! Pessimistes, ils redoutent de voir fondre les commandes comme neige au soleil … certainement pas sous les illuminations de Noël qui apparemment, elles aussi, dans le contexte économique font effet de tapage nocturne.
Rassemblons-nous pour balayer ce scénario catastrophe ! Vous me retrouvez au bar pour une tournée de Cervoises anglaises ?