Burtynsky : quand la beauté de la photographie éveille les consciences
De l’intrusion humaine dans l’équilibre écologique : une exposition de photos phénoménale à la Saatchi Gallery de Londres
Si il existait une académie des Oscars pour les photographes, cette année c’est le canadien Edward Burtynsky qui aurait remporté la statuette d'or aux côtés de Christopher Nolan. Le prix du meilleur film a été décerné à « Oppenheimer » et en quelques sortes à la bombe atomique, magistralement filmée par un réalisateur de génie. Tout comme ce biopic sombre qui pourtant explose littéralement de lumières, de beauté, de non-dits et de contrastes, les photographies de Burtynsky racontent superbement les ravages nés de notre incensée soif de progrès.
Il compose des œuvres magnifiques à partir d’éléments qui ne le sont pas ( des carrières, des mines, des estuaires asséchés, des chantiers, des usines …)… et étrangement, ce n’est pas contradictoire. Si il comprend la nécessité de produire de l’électricité, d’extraire des minerai, du fer, du pétrole, du cuivre, du sel, pour produire de l’énergie, construire des logements, des avions, nous déplacer… il n’est pour lui pas nécessaire de détruire notre environement pour prendre.
Chacune de ses images est un plaidoyer silencieux, violent et magnifique. A la Saatchi Gallery, il expose à grande échelle les vives transformations de nos paysages. Son approche à la fois documentaire et créative reste pourtant neutre. Elle n’est en rien un jugement ou une accusation. Mais elle laisse le spectateur réfléchir à notre capacité d’anéantir notre si belle planète en quelques claquements de doigts.
« Grâce à l’art, les êtres humains peuvent être beaucoup plus conscients de l’impact de leurs actions » aime-t-il dire. Depuis plus de 30 ans il documente les conséquences désastreuses de l’épuisement de nos ressources naturelles :
Chaque photo parle d’elle-même, s’en tient aux faits et confie son interprétation à celui ou celle qui la regarde. Chacune invite a se demander quelle volonté humaine se cache derrière cette belle destruction ?
L’exposition offre un extraordinaire panorama de la nature altérée par l’industrie sur les 5 continents. Ses prises de vue depuis les airs révèlent des couleurs brillantes, des motifs abstraits d’une beauté exceptionnelle. Magnifiées par la technologie, ces compositions engagent un dialogue avec la conscience et la sensibilité des spectateurs. C'est saisissant, voire bouleversant.
Les angles depuis le sol ne montrent pas assez l’ampleur de nos actions avides sur la planète. C’est en prenant de la hauteur qu’Edward Burtynksy parvient à saisir l’amplitude de nos actions sur l’environnement.
Une esthétique puissante et une grande poésie visuelle se dégage de cette exposition. L’infinie beauté des photographies contraste de manière poignante avec la brutalité des sujets et la tragédie de nos écosystèmes défigurés.
A voir ABSOLUMENT, pour prendre conscience, pour méditer, pour rêver aussi beaucoup et surtout dans un tsunami d'émotions intenses. C'est très très beau !