Charles III, Roi hédoniste responsable mais aussi subtilement engagé...
Si depuis l'accès au trône de Charles III, le Monde se demande comment va se dérouler le nouveau règne au-delà de la cérémonie du 6 mai, il est déjà clair que l'ex-Prince de Galles ne va pas s’en tenir à un rôle purement représentatif sur son trône royal. À l’inverse de sa discrète mère et de sa famille en général, il a depuis son plus jeune âge clairement exprimé ses opinions (souvent controversées) sur des sujets comme l’éco-responsabilité, la pollution, la diversité culturelle, l’allègement de la monarchie, l’architecture contemporaine, la phytothérapie, l’armée, le polo…
Or, dans le cadre de la monarchie constitutionnelle britannique, même s'il est le Chef de l’État, ses pouvoirs sont essentiellement symboliques et il est censé rester politiquement neutres. Une telle neutralité s’annonce « très difficile » à tenir en 2023. Parmi ses plus gros défis, il va devoir rendre la monarchie attrayante auprès des plus jeunes générations, lui donner une image plus accessible, plus engagée, plus « terre à terre ».
Contrairement donc à la fastueuse cérémonie de couronnement de sa mère la Reine Elizabeth II, le roi Charles III a opté pour plus de sobriété avec 2000 invités au lieu de 8000, une parade plus courte (2km au lieu de 7,5), un menu 100% végétarien et peu coûteux. Le « Buffet Royal», c’était pour moi jusqu’à hier un restaurant asiatique « à volonté » XXl en forme de gigantesque jeu de construction multicolore sur une aire de repos de la départementale D 73 en bordure de l’autoroute A6 ! La cérémonie du 6 Mai montre bien que les temps changent et que nous ne sommes plus à l’époque où les arts de la table se confondaient avec l'art de régner. Pas de perdrix truffées donc dans les assiettes, pas de foie gras (dont raffolait Elisabeth II) ni de faisans farcis qui déferlent par vague à la table royale mais une quiche aux épinards, fèves, estragon et cheddar ainsi qu’une une aubergine frite, accompagnée d'une sauce au yaourt (menu choisi « en personne » par Charles III et Camilla la Reine Consort)
A ce stade, je vous arrête. On ne rigole pas avec la quiche ! Il existe une confrérie de la quiche qui se réunit tous les ans : le syndicat national de défense et de promotion de l’authentique quiche Lorraine (SDPAQL). Il a pour but de défendre la recette originale et de dénoncer les « copies » avec du thon ou des crevettes ou … des épinards, des fèves et horreur malheur… du Cheddar à l’instar de la recette choisie pour le couronnement ! Et voilà donc, le nouveau statut de Charles lui permet d'exiger certains privilèges alimentaires ! A la table de Buckingham, c'est lui qui fait la loi. Soucieux de garder la forme et d’avoir la même longévité que sa mère, le fils d’Elisabeth II met donc l’accent sur les produits anglais pour la qualité de son alimentation (les fèves, les épinards, la crème, le fromage et les œufs des fermes bio de Highgrove).
Pour le savoir-faire culinaire … il s’est semble-t-il tourné vers la renommée historique de ses voisins gaulois : quoi de plus « Frenchie » qu’une quiche n’est-il pas ? (isn’t it your Majesty ?) … et que l’estragon ?
Voyons dans le British twist du cheddar une volonté officielle de rapprochement européen et de consolidation de « l’Entente Cordiale ». Applaudissons ce geste politiquement engagé et chaleureux !
« God Save the King ! »