La fièvre du Bubble Tea s’empare de Londres

Depuis des mois déjà, avant et après 5 o'clock, même quand il n’est pas l’heure du thé … d’immenses queues de consommateurs assoiffés et émancipés se bousculent tous les jours et sans discontinuer devant l’une des 900 petites échoppes londoniennes qui vendent du Bubble Tea ! Un peu comme des addicts en manque d’hydratation branchée et un peu comme si ces points de vente étaient devenus un nouveau territoire de socialisation. Depuis la pandémie, on y discute joyeusement dans la file d’attente et devant le comptoir !

Depuis l’été Covid, le Bubble Tea est devenu la boisson la plus commandée sur les plateformes de livraison (Deliveroo, Uber-eat …), devant le café et le Coca-Cola ! Une consommation qui aurait augmenté de 46% au Royaume Uni entre 2019 et 2022 ! Quel phénomène se cache derrière cette nouvelle mode qui porte le nom scientifique de "bubbleology" (l'oenologie serait-elle passée du vin au thé perlé ?) Serait-ce un besoin d'originalité intergénérationnel ?

Quelle touche « d’authenticité », quel zeste de folie contient cette décoction laiteuse venue des lointaines latitudes taïwanaises ?

Le bubble tea est une boisson hybride à base de thé (noir ou vert), avec du lait (de vache ou végétal), du sirop plus ou moins fluorescent, des combinaisons d’arômes à l’infini et surtout des petites perles gélatineuses qui tapissent le fond du verre et claquent ensuite entre les dents. Ce sont ces petites billes d’un demi-centimètre de diamètre qui font l’attrait de cette gourmandise liquide et solide à la fois … un peu comme un dessert à boire. Ces étranges perles de jus à la texture indéfinissable semblent issues de la cuisine moléculaire très à la mode en ce moment. En réalité, elles sont faites à base de tapioca infusé dans des poudres de sirop (pendant plus de 5 heures) puis cuites pendant 1 heure pour être sirotées, mâchouillées et aspirées avec une paille XXL. Elles rendent donc la boisson plus ou moins crémeuse et le consommateur plus ou moins addict à l’empire du mielleux.

Comme la pomme de terre, le tapioca est une fécule (issue du manioc) qui absorbe facilement les saveurs ajoutées (mangue, pêche, pastèque, jasmin …). Ces étranges petites billes explosent donc en bouche de manière surprenante mais le jeux des textures et des saveurs est séduisant… comme de mini bombes de sucre et de théine hyper énergisantes. C’est moderne, beau, halal, végétarien et sans gluten.... C’est doux au goût mais c’est aussi sans fibres. C’est amer surtout pour votre taux d’acide urique et pour votre glycémie. C’est de plus, toxique pour votre porte-monnaie (7 pounds en moyenne)! Pourtant aux yeux du public, le bubble tea n’a pas la mauvaise image d’un dérapage. Certes, il n’affiche quand même pas de bénéfice santé, mais à notre époque de guerres, d’insécurité, et de drones menaçants, sa liste d’additifs et d’ingrédients chimiques ne semble inquiéter que les diététiciennes ! Certes le manioc contient du calcium et de la vitamine C et des fruits sont parfois ajoutés mais dans le shaker, il est arrosé selon les couleurs de E133 (bleu), E129 (rouge), 124 (ocre), E110 (jaune), d’amidon de maïs, de conservateurs rarement affichés...et bien plus.

Des composés illicites fortement soupçonnés d’accroitre l’hyperactivité des jeunes, les risques de surpoids, de diabète, de découvert de la tirelire et autres joyeusetés. En calories, c’est plus du double qu’un Coca ; comme si vous rajoutiez dans un jus de fruit : du soda ET des perles de sucre gélatineux. Dernier conseil, mâcher bien les bubbles … elles peuvent gonfler dans l’estomac …Et comme le bubble tea est souvent servi dans des formats 500 ml il faut multiplier tous les chiffres par deux ! Ca fait beaucoup si l’occasionnel devient quotidien– aussi rafraichissant et savoureux soit-il.