L'activité économique britannique stagne en avril, épine dans le pied des conservateurs

Le produit intérieur brut (PIB) "n'a affiché aucune croissance en avril, après une croissance de 0,4 % en mars", a indiqué l'Office national des statistiques (ONS) dans son rapport mensuel. Le chiffre publié mercredi est conforme aux prévisions des économistes, qui tablaient sur une croissance nulle, voire un petit recul.

Le Royaume-Uni était sorti au premier trimestre de la récession dans laquelle il était tombé fin 2023 et avait vu son activité économique repartir plus vite que prévu, avec un PIB en progression de 0,6%. La nouvelle avait été saluée par le Premier ministre conservateur Rishi Sunak, qui fait campagne sur le fait que l'économie britannique "a franchi un cap" depuis qu'il a convoqué fin mai des élections législatives pour le 4 juillet. "La stagnation du PIB en avril ne signifie pas que la reprise économique est éteinte, mais ce n'est pas une bonne nouvelle pour le Premier ministre à trois semaines des élections", selon Paul Dales, analyste chez Capital Economics.

"Rishi Sunak affirme que nous avons franchi un cap, mais l'économie est au point mort", a immédiatement réagi mercredi Rachel Reeves, la responsable des questions économiques pour l'opposition travailliste, en tête des sondages pour les élections du 4 juillet. "Ces chiffres révèlent les dégâts causés par 14 ans de chaos conservateur" et "il est temps de changer", a-t-elle ajouté. "Il y a encore beaucoup à faire, mais l'économie est en train de franchir un seuil et l'inflation est revenue à la normale", a fait valoir de son côté un porte-parole du camp conservateur.

L'inflation britannique avait marqué un fort ralentissement en avril, tombant à 2,3% sur un an mais reste au dessus de la cible de 2% de la Banque d'Angleterre (BoE). L'ONS publiera la semaine prochaine les chiffres de l'inflation de mai.

Temps humide

"Une grande partie de la faiblesse (de l'activité) s'explique par le temps inhabituellement humide du mois d'avril", a ajouté M. Dales. Cela a pénalisé notamment les secteurs de la construction et de la vente de détail, alors que moins de clients se rendaient en magasins, et cette tendance "s'inversera donc en mai", selon lui.

Autre ombre au tableau économique: l'ONS a annoncé mardi que le taux de chômage a de nouveau légèrement progressé au Royaume-Uni, à 4,4% pour les trois mois achevés fin avril, poursuivant une progression ininterrompue depuis
fin 2023. Mais en parallèle la croissance des salaires hors bonus en termes réels, c'est à dire une fois l'effet de l'inflation pris en compte, a accéléré. Les chiffres de l'emploi comme de la croissance sont scrutés de près par la BoE, qui maintient depuis des mois un taux directeur élevé, à 5,25%, pour tenter de ramener l'inflation à son objectif, mais pourrait desserrer la pression dans les semaines ou mois à venir.

Une réduction de taux dès la réunion du 20 juin de la banque centrale serait bienvenue pour le gouvernement conservateur, car un taux élevé se traduit pour les particuliers comme les entreprises britanniques par une flambée des coûts du crédit. Mais la majorité des économistes estiment que l'autorité monétaire n'agira
pas si vite. La stagnation du PIB en avril "maintient l'espoir d'une baisse des taux d'intérêt cet été, et même si juin semble peu probable, août reste une possibilité", selon Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown.

En difficulté croissante dans les sondages, le Premier ministre Rishi Sunak était revenu mardi, sans susciter l'enthousiasme, aux fondamentaux des conservateurs en promettant dans son programme de baisser les impôts et de réduire l'immigration.