Le débat sur l'aide à mourir relancé au Royaume-Uni
L'examen de projets de loi ou de propositions sur l'île de Man, Jersey où même en Ecosse ont relancé le débat dans le pays, et pourraient obliger Londres à se repencher sur sa propre législation, selon une commission parlementaire britannique.
Ile de Man et Jersey
Deux dépendances de la Couronne britannique, les îles de Man et Jersey, sont en voie d'autoriser l'aide à mourir d'ici quelques années. Elles ne font pas partie du Royaume-Uni et fixent leurs propres lois. Sur l'île de Man, située entre l'Angleterre et l'Irlande, un projet de loi a été adopté à une écrasante majorité par la chambre basse du Parlement en octobre dernier.
Après l'adoption d'amendements la semaine dernière, les députés se pencheront à nouveau sur le projet en juin. Il concernera seulement les adultes en phase terminale, avec moins d'un an à vivre et une "intention claire et établie" de mettre fin à leurs jours. L'île de Jersey, au nord des côtes françaises, va elle se pencher mardi sur l'autorisation du suicide assisté. Si la proposition qui sera débattue est adoptée, un projet de loi sera préparé avec pour horizon 2027.
Certains groupes anti-euthanasie ont toutefois averti qu'une légalisation sur l'une de ces îles pourrait créer un "tourisme du suicide". Les députés de l'île de Man ont donc revu leur projet et porté de un à cinq ans l'obligation de résidence.
Angleterre, Pays de Galles, Irlande du Nord
Le suicide assisté est illégal au Royaume-Uni, et fait encourir une peine de 14 ans de prison en cas d'assistance ou d'incitation. En 2015, une proposition visant à l'autoriser en Angleterre, au Pays de Galles et en Irlande du Nord avait été largement rejetée.
Mais selon un récent sondage, les Britanniques sont majoritairement favorables à un changement de loi sur le sujet, et une pétition publique en sa faveur a recueilli plus de 207.000 signatures. Celle-ci a été lancée par la journaliste Esther Rantzen, qui a prévu de mettre fin à ses jours dans un centre spécialisé en Suisse après avoir été diagnostiquée d'un cancer du poumon en phase terminale. "J'ai la chance d'avoir les moyens de me rendre en Suisse", a expliqué Mme Rantzen à l'AFP. "Mais pour éviter une enquête visant ma famille, je devrai y aller sans eux". "Ce qui n'est pas ce que je souhaiterais, ni ce qu'ils souhaiteraient. Pour moi, une bonne mort serait sans douleur, chez moi, entourée de ceux que j'aime", a-t-elle souligné. Les dirigeants des deux principaux partis britanniques, conservateur et
travailliste, se sont montrés ouverts à un changement législatif.
Ecosse
L'Ecosse, qui dispose de pouvoirs délégués en matière de santé, a présenté en mars un projet de loi visant à légaliser le suicide assisté pour les plus de 16 ans. S'il est approuvé en l'état, deux médecins devront garantir que le patient est apte à prendre la décision de mettre fin à ses jours. Il devra alors s'administrer lui-même les médicaments, une méthode controversée. Ce projet de loi pourrait être soumis au vote l'année prochaine, créant de fait une différence de législation entre l'Ecosse et les autres nations britanniques - Angleterre, Pays de Galles et Irlande du Nord.
Débat éthique et religieux
Le suicide assisté a été autorisé dans une poignée de pays comme la Belgique, la Suisse, les Pays-Bas, certains États américains et le Canada. En France, un projet de loi créant une aide à mourir pour certains patients est actuellement en cours d'examen.
Au Royaume-Uni, le débat reste vif pour des raisons éthiques et religieuses. Les militants en faveur du suicide assisté estiment que la loi actuelle prolonge la souffrance des personnes gravement malades. Les militants anti-euthanasie, eux, affirment que cette loi pourrait pousser certains patients vulnérables, notamment âgés ou handicapés, à mettre fin à leurs jours de crainte d'être un fardeau.