Le Lord-Maire de la Cité de Londres : interview avec « l’homme qui gère des milliards »

 

Michael Mainelli , le nouveau Lord-Maire de la City - photo F. Joyce

Vous le connaissez surtout pour son carrosse, sa cape écarlate doublée d’hermine et le formidable collier d’or et de diamants qu’il porte pour la procession inaugurale au lendemain de son élection. Aujourd'hui, c'est son projet "Connect to Prosper" ("connecter pour prospérer") qui le propulse sur le devant de la scène économique européenne.

Elu en Novembre pour un an, il n’a avec Saddiq Khan ( le maire actuel du « Grand Londres ») qu’une relation de voisinage. Deux maires pour une seule ville, mais deux fonctions et deux pouvoirs bien différents.

Michael Mainelli , le nouveau Lord-Maire de la City, est le 695ᵉ à ce poste depuis Richard Cœur de Lion. Dans la hiérarchie, seul le Roi Charles III lui est supérieur. Il nous a reçus ce mardi à Mansion House, son palais au cœur historique de la capitale britannique, pour nous expliquer son programme intra-muros et ses projets de développement européen.

Il gère les 3 kilomètres carrés de « la City », c’est-à-dire le cœur économique de Londres : 600 000 actifs, dont 45 000 assureurs, 55 000 banquiers, 24 000 entreprises, et la Banque Centrale d'Angleterre. C'est une population plus dense qu'à Tokyo ! Il gère ses propres forces de police, 5 ponts (Tower Bridge notamment), la Cathédrale St Paul ; mais aussi l’immense parc de Hampstead, des hectares de forêts, le centre culturel de Barbican, des écoles … au total, un patrimoine immobilier de plus de 3 milliards et demi de livres (£).

Pour cela, il dispose de pouvoirs et de privilèges particuliers, fondés sur une loyauté au Souverain et une indépendance absolue.

« Pendant mon mandat, je souhaite faire de Londres la capitale mondiale de la finance, de la technologie et des sciences. L'endroit où les plus grands experts aiment se retrouver, comme dans un café d’experts, pour discuter et résoudre les problèmes internationaux : comment réduire les émissions de carbone, contrôler le réchauffement de la Planète, garantir les retraites... "

Promoteur et porte-parole des entreprises britanniques, il prévoit d’ici la fin de l’année plus de 800 discours et 25 visites officielles à l'étranger pour rencontrer des représentants gouvernementaux, des chefs d'entreprise et de décideurs politiques, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.

Michael Mainelli - photo F. Joyce

« Nos plus gros investisseurs viennent des États-Unis, du Moyen Orient, du Canada, d’Australie et de Chine. Mon but cette année est de renforcer les liens économiques avec l’Europe, identifier de nouvelles opportunités commerciales et promouvoir le Royaume-Uni en tant que destination mondiale de premier plan pour l'investissement étranger. Nous devons nous-mêmes diversifier nos investissements en dehors du Royaume-Uni pour garantir nos retraites. Plus un pays est petit, plus il doit investir à l’étranger. Mon projet « Connect to Prosper » vise à exploiter l'immense écosystème des domaines d’expertise de la City. Avec plus de 40 sociétés savantes, 70 établissements d'enseignement supérieur et 130 instituts de recherche, nous sommes à mes yeux un pôle dynamique pour l'innovation - dans les arts, les médias, la culture, l’ingénierie, les sciences médicales, la comptabilité, le droit, la gestion d'investissements et la finance en général. J’espère réunir les leaders d'opinion des mondes scientifiques, académiques et des affaires pour leur montrer l’impact potentiel de la City dans la résolution des défis mondiaux. »

Sur la politique urbaine, Michael Mainelli souhaite promouvoir le plan "Destination City" dont le but est d'attirer plus de visiteurs sur "son territoire.

La City - photo F. Joyce

Pendant les week-ends, le traffic de touristes aurait selon lui déjà bien augmenté : + 15% depuis la pandémie. "Ils sont" -explique-t-il " attirés par les sites historiques, le shopping et le nombre croissant d'hôtels qui ont récemment ouvert. Le nombre de voyages d'affaires a lui globalement bien diminué. Ils se concentrent sur des villes précises comme Singapour, New York, Hong Kong et Londres bien sûr pour des périodes légèrement prolongées. Et c'est tant mieux car accueillir plus de lieux d'habitation privée dans cette zone serait bien compliqué. Il faudrait convertir à grands frais, des locaux commerciaux en appartements peu pratiques : difficiles à chauffer en raison des hauts plafonds, sombres et sans fenêtres dans les salles de bain, avec des charges colossales pour l'entretien des équipements lourds comme les ascenseurs géants."

Mansion House - photo F. Joyce

D'ici le 10 Novembre prochain, Mr Mainelli reste à l'écoute de ses compatriotes et des expatriés. C'est dans cet esprit qu'il a organisé un prochain voyage à Paris pour tenter de faciliter échanges et déplacements outre-Manche. Une démarche très appropriée en cette année d'anniversaire de l'Entente Cordiale.