Le prochain Eurovision confié au Royaume-Uni à la place de l'Ukraine en guerre
Après sa première place très symbolique à Turin en mai, l'Ukraine avait vivement contesté le mois dernier la décision de l'organisateur de l'événement, suivi par des dizaines millions de téléspectateurs, de lui retirer la 67e Eurovision pour des raisons de sécurité.
Mais un accord a été annoncé lundi par l'Union Européenne de Radio-Télévision (UER) et le gouvernement britannique pour que la BBC organise le concours, dans une version qui mettra l'Ukraine en vedette. "Je suis désolée qu'en raison du bain de sang toujours provoqué par la Russie, il n'ait pas été possible d'accueillir l'événement en Ukraine, où il devrait avoir lieu", a insisté la ministre britannique de la Culture Nadine Dorries, assurant que l'Eurovision revenait à son pays à la demande de Kiev.
En juin, l'UER avait estimé que les conditions de sécurité n'étaient pas réunies pour que l'Ukraine organise le concours et avait lancé des négociations avec le Royaume-Uni, arrivé en deuxième position à Turin.
Kiev avait réclamé des négociations supplémentaires et Londres avait exprimé sa réticence à priver l'Ukraine de l'événement pop et paillettes. Le Premier ministre Boris Johnson a précisé sur Twitter avoir discuté de l'Eurovision la semaine dernière avec le président Volodymyr Zelensky: "Nous sommes convenus que l'Eurovision 2023, où qu'elle se déroule, devait célébrer le pays et le peuple ukrainien. En tant que pays hôte, le Royaume-Uni honorera directement cette promesse et organisera un concours fantastique au nom de nos amis ukrainiens".
Londres s'est montré en pointe du soutien à Kiev depuis le début de l'invasion russe, sanctionnant durement Moscou et fournissant très tôt des armes létales à l'armée ukrainienne tandis que Boris Johnson est resté en contact étroit avec le président Zelensky, à qui il a rendu deux visites depuis le début de la nouvelle offensive russe en février. Les deux candidats à sa succession, Liz Truss et Rishi Sunak, ont assuré vouloir poursuivre sur cette voie.
"Au nom de l'Ukraine"
Le ministre ukrainien de la Culture Oleksandre Tkatchenko a précisé avoir "reçu l'assurance" que l'Eurovision serait organisée "Au nom de l'Ukraine" avec l'implication du diffuseur ukrainien et de ses présentateurs. L'UER a indiqué que l'Ukraine serait qualifiée d'office pour la finale l'année prochaine. "Le concours Eurovision 2023 ne sera pas en Ukraine mais se fera en soutien à l'Ukraine", a souligné le directeur du diffuseur ukrainien Mykola Tchernotytski, cité dans un communiqué. "Ensemble, je suis sûr que nous pourrons ajouter de l'esprit ukrainien à l'événement et unir une fois de plus toute l'Europe autour de nos valeurs de paix, de soutien, de célébration de la diversité et du talent".
Grand favori, le Kalush Orchestra avait remporté en mai la finale du concours avec la chanson "Stefania" mêlant hip-hop et musique traditionnelle, une victoire symbolisant la résilience ukrainienne dans la guerre et la solidarité populaire européenne. "Nous sommes reconnaissants vis-à-vis du Royaume-Uni pour sa solidarité et pour accepter d'accueillir l'événement en soutien à notre pays", a réagi le chanteur du groupe Oleh Psiuk, se disant "triste" que le concours n'ait pas
lieu en Ukraine.
Le Britannique Sam Ryder et son titre "Space Man" avait obtenu la deuxième place, un résultat inespéré pour les Britanniques habitués au fond du tableau ces dernières années, avec même zéro point en 2021.
Le Royaume-Uni n'a plus accueilli l'Eurovision depuis 1998, alors à Birmingham, dans le centre de l'Angleterre. La BBC, qui diffuse l'Eurovision depuis 1956, va lancer dès cette semaine le processus de sélection pour la ville-hôte du concours, qui donnera une grande part à "la culture et l'héritage de l'Ukraine", selon le groupe audiovisuel public britannique.
Plusieurs villes se sont déjà portées candidates comme Manchester, dans le nord de l'Angleterre, mais aussi Londres, qui "serait honorée d'organiser un concours qui célèbre le peuple d'Ukraine et le meilleur du Royaume-Uni", a assuré son maire Sadiq Khan.