L’énigme des œuvres voilées de Christo s’expose à Londres
Les œuvres d’art contemporain les plus médiatisées dans le Monde sont certainement les gigantesques installations de Christo. Le Pont Neuf emmailloté dans plus de 40 000 mètres de tissu, celui du Reichtag ou de l’Arc de Triomphe en sont les exemples les plus polémiques. Créativité poétique pour certains, gaspillage inesthétique pour d’autres, les emballages pharaoniques de Christo suscitent toujours des réactions très contrastées. Et cela depuis les premiers jours, depuis les premières bouteilles ligotées et enduites de résine qui ont acquis le statut de « sculptures »
Dans les murs délabrés d’une maison géorgienne rose figée dans le temps, décor pittoresque de multiples films d’époque,
les premières œuvres de Christo s’exposent au public (certaines pour la première fois) sur quatre étages d’une maisonclassée monument historique. Le bâtiment a en effet abrité les Huguenots qui fuyaient les persécutions religieuses en France depuis 1680. Elle y a vu depuis la fin du XVIIe siècle, le développement du tissage de la soie et du commerce. aujourd'hui, elle accueille des œuvres allant de 1950 à 1980.
C’est le neveu de Christo, Vladimir Vlavashev qui est à l’origine de cette initiative.
En s’associant avec la célèbre Galerie Gagosian, il a souhaité dévoiler l’origine énigmatique des fameux empaquetages de son oncle Bulgare. Et le mystère commence par des peintures à l’aspect lunaire en papier froissé, couvertes de crevasses et de cratères.
Et puis ce sont de petits objets du quotidien que l’artiste enveloppe dans la toile et attache avec de la ficelle enduite de colle durcissante : pots et cannettes,
mannequins, sièges, chaussures… Il modifie les contours, les textures cachant la véritable identité de l’objet original, le réduisant à une beauté tragique et mystérieuse. Ceci fait écho à son passé d’apatride et de réfugié politique.
Avant de métamorphoser le packaging de monuments historiques en œuvres d’art, Christo avait en effet fui la Bulgarie communiste de Staline pour se réfugier et étudier à Paris puis finalement s’installer à New York.
« Il faut considérer l'œuvre comme l’expression d’une liberté totale irrationnelle, exempte de toute justification", expliquait-t-il en mars 2020, quelques semaines avant sa mort. Il ajoutait "'Nos œuvres sont une perturbation dans l'espace',
Le cadre de cette exposition surprenante vaut le déplacement. Quant à l'explication de ces sculptures et de leur création ... l'artiste lui même ne sait quoi répondre : en 1965, il disait « Je ne peux pas expliquer pourquoi j’empaquetais. Il faudra vous contenter de l'énigme !"
CHRISTO
Early Works | Curated by Elena Geuna
October 6–22, 2023
Gagosian Open, 4 Princelet Street, London