"Marilyn, the exhibition" : le rêve américain qui tourne au cauchermar

Sur l’affiche vous ne verrez que le visage de l’éblouissante icône du 7è art, la légende éternelle du cinéma, le mystère qui ne sera jamais de l’histoire ancienne.

Et puis dés l’entrée de l’exposition “ Truth and Tales of Marilyn” vous plongerez dans le monde des secrets et des non-dits qui prolongent le mythe de Marilyn. Comme dans une crypte en pierres, vous découvrirez au travers de centaines d'objets personnels et de photos inédites (d'une collection privée) son parcours depuis la naissance jusqu'à sa fin tragique : son acte de naissance, son enfance, ses rencontres...

Des effets personnels, des lettres d’amour, son journal, son carnet d'adresses, son livre de recettes, des robes, des chaussures, des accessoires… vous racontent en toute humilité l’arrière-plan d’une vie surexposée.

L’exposition qui a ouvert ce jeudi à Arches London Bridge, est émotionnellement saisissante dans sa pudeur et dans le contraste frappant entre "la poupée naïve" et la femme émancipée, ambitieuse et en avance sur son temps ; entre l’étiquette de la scandaleuse bombe sexuelle et la réalité intime d’une douce passionnée d’art et de littérature bousculée par la vie.

Aujourd’hui encore, journalistes, historiens, fans, écrivains et anonymes érudits s’épanchent à longueur de pages sur les mensonges, le flou jamais éclairci et les interprétations diverses de son itinéraire hors du commun.

Un destin qui commence (mal) le 1ᵉʳ juin 1926 et qui très vite ressemble à celui d’une Cosette californienne : un père inconnu (dont elle n’a qu’une photo), une mère négligente et “psychiatrique”. Elle est ballotée d’orphelinats en familles d’accueil (12 au total) qui la maltraitent.

Norma Jeane Baker va vite jouer de sa blondeur glamour, de ses formes ondulantes, de son regard faussement naïf. Elle pose nue pour des calendriers routiers, des affiches publicitaires et puis dans les années 40 elle décroche de petits rôles de starlette écervelée (mais touchante) au cinéma. Elle est audacieuse et perfectionniste, mais manque de confiance en elle. Elle est surtout exceptionnellement photogénique et fascine les objectifs des photographes, des cameramen et des producteurs.

C’est la Century Fox qui la rebaptise Marilyn Monroe - une allitération qui devait lui porter chance et lui garantir une carrière fulgurante… car parait-il, les “hommes (et le public) préfèrent les blondes”.

Elle enchaine les longs métrages, endossant des personnalités émotives, drôles, perdues, délurées, fatales et souvent celles de femmes convoitées mais malmenées par les hommes. Elle devient tête d’affiche et reine des castings. Elle tourne dans 31 films en tout.

Adieu les seconds rôles ! À 23 ans elle devient un mythe, rencontre la Reine d'Angleterre Elisabeth II avec un décolleté profond (à l'encontre de l'étiquette royale) séduit Joe di Maggio, Arthur Miller, le Président des États Unis John Fitzgerald Kennedy… , et probablement tous les hommes de la planète ! Trois mariages, trois divorces.

Dans les années soixante, au sommet de sa popularité, quand sa santé commence à chanceler, elle prend des somnifères et des tranquillisants dont elle devient dépendante. Elle consomme de l’alcool en excès….

Elle avorte et se laisse emporter par “La Rivière sans retour” … un western dont le titre ressemble aujourd’hui à un sombre présage.

Plus de six décennies après sa mort ( à 36 ans ), à l’heure où les prédateurs de Hollywood investissent les prisons, certains voient en elle une pionnière du mouvement “Me too” . Car elle a en effet, été l’une des premières à courageusement dénoncer les Weinsteins de l’époque : "Les éconduire est un travail à plein temps.” se plaignait-elle.

Adulée, ardemment désirée, elle est pourtant mal-aimée et malheureuse : "Seule ! Je suis seule. Je suis toujours seule, quoi qu'il arrive" confiait-elle.

"Marilyn, The Exhibition" - jusqu'en février 2025

@ Arches London Bridge

8 Bermondsey Street,

London SE12ER

" Poo Poo Pi Doo !"