Marketing sensoriel : la communication bien léchée du pouvoir
En France, quand la vie privée du Président s’affiche sur Instagram … on voit Nemo, le griffon d’Emmanuel Macron gambader joyeusement la truffe au vent dans les jardins de l’Elysée ou langoureusement vautré sur les coussins et le mobilier national.
Au Royaume Uni, c’est Larry, le chat blanc tigré de Downing Street qui depuis le 15 février 2011, se fait les griffes sur le tapis rouge du Premier Ministre. Quelque soit le remaniement gouvernemental, le félin du n°10 reste. Il a vu se succéder David Cameron, Theresa May, Boris Johnston , Liz Truss et aujourd’hui Rishi Sunak. Il est la figure la plus stable de la politique britannique ! et déjà auteur de ses mémoires (un best-seller) :
Si Côté Elysée, c'est Fort-Knox
(Némo reste au pied de la cheminée sur laquelle il s’est publiquement oublié une ou deux fois en pleines interviews télévisées) ; à Londres, pour Larry, c'est open bar.
Chaque fois que la porte laquée noire s’ouvre pour laisser entrer ou sortir un politicien, un ambassadeur ou une délégation étrangère, oui, nos yeux se disent « entre leurs jambes, J’ai bien vu passer un gros Minet » !
Discret sur son bord politique, Larry est diplomate mais pas complètement neutre. Il est tout de même ouvertement du côté des lobbys en faveur du pouvoir des chats pardon, du pouvoir d’achat, de la cause animale, de Brigitte Bardot et CONTRE les chasseurs et les corridas. Les anglais lui vouent un culte tout particulier. Sur son compte Twitter il est une véritable « machine à clics », suivi par plus de 450 000 fans ! Sa popularité a de quoi faire rêver bien des députés ! Il est l’atout charme du pouvoir pour adoucir l’image un peu guindée parfois arrogante (?) des chefs de l’Etat qui se succèdent ; comme l’étaient les corgis de la Reine à Buckingham, histoire de montrer au public que même si elle avait « le cuir épais » face aux tsunamis du pays, Elisabeth II avait aussi un cœur tendre.
A paris c’est au Salon de l’agriculture que les Présidents mettent en valeur leur « humanité » en « papouillant » chaleureusement veaux, vaches, cochons, couvées
et ... les scrutins agricoles.
Chien ou chat, dans les deux cas, on ne peut pas parler d’emplois fictifs. Leur rôle d’influenceurs est phénoménal .
Certes au départ, sa « miaousseté Larry » a été recruté pour ses qualités de « prédateur » pour le poste prestigieux de « Chief Mouser ». Une fonction qui lui a été attribuée par décret, pour réduire les frais de dératisation, et réfléchir à des stratégies anti-rongeurs » à Downing Street. A ce jour, son tableau de chasse n’est pas glorieux. Quand il est là, les souris dansent ! Il semble en revanche consciencieux pour inspecter les systèmes de sécurité et tester le confort des canapés pour la sieste de ses maitres colocataires. Avec sa médaille « bonjour ! J’habite à Downing Street », il est un matou sympathique, (il s’est montré très amical avec l’ancien Président des USA Barack Obama), espiègle (il s’est caché sous la Limousine de Donald Trump l’empêchant de démarrer), ardent et susceptible (il entretient en effet des relations compliquées avec sa voisine Freya, la chatte du Chancelier de l’Echiquier qui habite à côté). On ne saura jamais comment il s’est entendu avec le chien de Boris.
En France, ce concept de marketing sensoriel qui sollicite nos sens à des fins commerciales et politiques se manifeste de manière plus cocasse, voire surréaliste ! Voyant dans les animaux des instruments politiques qui créent un lien émotionnel avec les électeurs, nombreux sont ceux qui ont cherché à se démarquer ou à adoucir leur image aux côtés d’une boule de poils ; le chien est choisi pour les valeurs de loyauté et de fidélité qu'il évoque. Il donne à son maître une image de contrôle protecteur. La « mignonitude » du chat renvoie elle, plus de subtilité et de sérénité rassurante.
Certains petits malins les ont eux choisi comme "calumets de la paix" … une tactique qui n’est pas toujours efficace. Ainsi, Jacques Chirac aurait rebaptisé le labrador que lui avait offert Valéry Giscard d’Estaing « Ducon », François Fillon aurait surnommé son setter anglais « Villepin ». Parmi les toutous célèbres de la 5è République, j’ai aussi trouvé : Rasemotte, Jupiter, Dumbledore, Baltique…
Ces dernières années, pour augmenter le nombre de « likes » sur les réseaux, il fallait montrer ses seins ou ses fesses … aujourd’hui, il est plus efficace de poster des selfies avec un chat !
L’adage le dit bien "derrière chaque grand homme il y a un chat".