Plus besoin d'imputer une faute à l'autre pour divorcer en Angleterre


Jusqu'alors, il fallait pour divorcer invoquer "adultère", "comportement déraisonnable", "désertion" (un conjoint a quitté l'autre depuis au moins deux ans), ou encore séparation depuis deux ans en cas d'accord, cinq ans en cas de désaccord. Ces règles restent en vigueur en Irlande du Nord, tandis que l'Ecosse dispose d'une législation plus souple: le divorce sans faute existe et peut être prononcé après un an de séparation.


Tini Owens, qui avait perdu en 2018 son combat judiciaire pour mettre fin à 40 ans de mariage et dont la situation avait fait démarrer le mouvement pour réformer la loi, a salué une "étape importante". "Personne ne devrait avoir à rester dans un mariage sans amour ou subir une longue et coûteuse bataille judiciaire pour y mettre fin", a-t-elle souligné.


La réforme ne va pas assez loin, estime cependant son avocat Simon Beccle, soulignant qu'il existe une durée minimum de 20 semaines entre le début de la procédure et une ordonnance conditionnelle, et six semaines supplémentaires
avant que le divorce ne soit prononcé. L'association National Familiy Mediation a quant à elle indiqué qu'elle se préparait à un mois sans précédent, avec un "flot de demandes".


Sur BBC Radio 4, une femme prénommée Vicky a témoigné mardi des difficultés induites par l'ancien système et des artifices nécessaires pour le contourner. Après son premier mariage, avec un collègue, les époux se rendent compte qu'ils sont "de très bons amis" et veulent se séparer. "On s'est rapidement aperçus (...) qu'il n'était pas possible d'avoir un divorce à l'amiable aux yeux de la loi", a-t-elle expliqué. "Alors nous avons dû inventer toutes sortes de raisons pour lesquelles on ne pouvait plus être ensemble et être mariés", mais le dossier a été rejeté par la justice car "les raisons" invoquées n'étaient "pas assez graves".

Ainsi, le couple a dû "inventer des scénarios" pour qu'enfin le divorce soit accepté, a-t-elle témoigné.
Vicky a également raconté l'épreuve de son deuxième divorce, pour sortir d'une relation devenue "violente" dans laquelle elle se sentait "piégée". Son mari, qu'elle décrit comme "manipulateur", refusait de signer quoi que ce soit qui le présente sous un mauvais jour. "S'il avait pu dire autre chose", comme dans le divorce sans faute, "je suis sûre qu'il aurait signé", a-t-elle conclu, "et j'aurais pu sortir de
cette relation bien plus vite et bien plus tôt".