Vaccination : Les mamans françaises entre deux eaux

Selon un sondage Yougov, 80 % des Britanniques disent qu’ils iront se faire vacciner contre 9 % qui n’iront pas. Ce résultat fait du Royaume-Uni le second pays où la population est la plus volontaire en la matière après la Thaïlande. La France, quant à elle, se positionne en avant-dernière position, avec 39 % des répondants qui iront se faire vacciner contre 38 % à affirmer qu’ils ne le feront pas. Les Français de Londres, quant à eux, sont parfois pris dans des logiques différentes notamment dû à des affirmations contradictoires entre la France et le Royaume-Uni.



L’exemple le plus explicite est celui des recommandations eu égard au vaccin d’Astra Zeneca. La Haute autorité de santé n’est pas favorable à son recours pour les plus de 65 ans alors que la MHRA (Medicines and Healthcare products Regulatory Agency) maintient son usage pour tout le monde, un avis que partage le comité d’experts de l’OMS.

Précautions

Selon le Docteur Mathilde Konczynski, qui travaille comme ostéopathe à Londres, ses patients français se rangent plutôt du côté britannique. « Je n’ai eu ni à les convaincre ni à les rassurer sur la question du vaccin, raconte-t-elle. Mes patients se sont bien renseignés sur la question et ce qu’ils se demandent, c’est plutôt quand ce sera leur tour ! Peut-être qu’il y aurait plus d’hésitation si on proposait aux enfants de se faire vacciner. » Charlotte, une Française de Londres et mère de deux enfants de 3 ans et 5 mois, a fait son choix. « Pour sortir de cette crise, c’est soit le vaccin, soit attendre plusieurs années, sans certitude non plus de ce côté-là. Je comprends les réticences de certains, mais je pense qu’il faut bien s’informer, les vaccins ARNm (utilisés contre le Covid-19, ndlr) sont le fruit de diverses recherches pré-coronavirus. Et puis, tout vaccin ou traitement comportera toujours des risques… » Même si elle allaite toujours, elle acceptera le vaccin quand ce sera son tour. « Les premières recommandations déconseillaient l’injection pour les femmes enceintes et allaitantes, mais je sais que d’ordinaire, les autorités de santé sont plus précautionneuses que nécessaire, c’est-à-dire qu’en l’absence de données médicales ou de recherches suffisantes, elles recommandent de s’abstenir. Mais il me semble que la nouvelle recherche tend à démontrer qu’il n’y a pas de contre-indication. La meilleure chose que je puisse faire pour protéger mon bébé, c’est de me protéger moi-même. »

Jouer le jeu

Johanna, pour sa part, n’est pas du tout anti-vaccin, mais elle attendra la fin de sa grossesse avant d’envisager la vaccination. « J’ai reçu les vaccins de routine lors d’une grossesse comme ceux pour la grippe ou la coqueluche car je crois effectivement en leur efficacité. Mais il s’agit de ma première grossesse et je souhaite préserver ma future fille... J’envisage toutefois de me faire vacciner après la naissance dès l’opportunité se présentera. Nous devons tous “jouer le jeu” et nous faire vacciner pour le bien commun. Les hésitations des uns ne me font pas douter du bien-fondé de la recherche et de la science. » Enceinte de trois mois, Coralie compte aussi attendre la fin de sa grossesse, même si du fait de son métier de psychothérapeute pour enfants et adolescents, elle aurait déjà droit au vaccin. Malgré cette prudence, elle pense que c'est la seule issue. « Je ne me pose pas trop la question de la dangerosité..., confie-t-elle. J'essaie de pas y penser et de me dire qu'il faut qu'on sorte de cette crise. J'ai aussi envie de pouvoir voyager et de reprendre une vie normale ! » Cette Française installée depuis 12 ans à Londres a d’ailleurs du mal à comprendre le scepticisme qui règne chez pas mal de Français. « Mes parents sont réticents à se faire vacciner... même si cela rend les choses plus compliquées pour se voir. Je pense que ma mère finira par le faire et je suppose que si c’est la seule façon de venir voir mon bébé, mon père le fera aussi ! » Cet argument, en revanche, ne fera pas changer d’avis Véronica. Elle s’apprête à quitter le Royaume-Uni très bientôt pour éviter la vaccination. « Une fois de retour en France, cela ne me dérangera pas de ne pas pouvoir voyager, affirme-t-elle. J’ai l’impression qu’à cause de « l’urgence », nous, citoyens, sommes devenus des cobayes sans être consentants. Pour la grippe et des états grippaux, par le passé j’ai très souvent eu recours aux plantes. Je suis antillaise et dans ma famille, c’était chose courante. » A ce jour, plus de 16 millions de personnes ont déjà reçu leur première dose du vaccin au Royaume-Uni.