Quatre ans après : quelles seront les possibilités pour la jeunesse de l'UE de se rendre au Royaume-Uni ?
Dans le cadre de la « réinitialisation » avec l'UE depuis le Brexit, Keir Starmer a donné des indications selon lesquelles le Royaume-Uni pourrait être disposé à envisager un accord à une échelle européenne pour que les jeunes de l'UE puissent venir, vivre, étudier et travailler au Royaume-Uni.
Avant la visite de Starmer à Bruxelles cette semaine, Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne, a cordialement indiqué qu'elle attendait avec impatience les pourparlers.
Qu'est-ce que le programme de mobilité des jeunes Youth Mobility Scheme (YMS) ?
Il s'agit de l'une des voies d'obtention d'un visa temporaire permettant aux jeunes âgés généralement de 18 à 30 ans (ou de 18 à 35 ans pour certains pays) de venir vivre, étudier et travailler au Royaume-Uni pour une période de deux ans. Si vous venez d'Australie, du Canada ou de Nouvelle-Zélande, vous pouvez prolonger votre visa d'un an.
La voie du YMS ne donne pas droit à un établissement définitif, et il faudrait “switcher” si l'on parvenait, par exemple, à obtenir une offre d'emploi en tant que travailleur qualifié ou dans une autre catégorie correspondant à ses aspirations. Toutefois, il permet aux jeunes de découvrir la culture et la langue en vivant dans le pays de l'autre grâce à ce que l'on appelait autrefois un visa "Working Holiday". Contrairement à la catégorie qui l'a précédé, le YMS est beaucoup plus limité en termes de pays participants et de nombre de places disponibles.
Actuellement, quelque 12 pays ont des offres préférentielles variables, mais limitées en nombre selon le pays concerné, dans le cadre d'une migration des jeunes gérée avec soin et parcimonie. Par exemple, l'Australie dispose de 45 000 places, tandis que l'Uruguay n'en a que 500.
Outre les pays susmentionnés, Andorre, le Japon et l'Islande figurent parmi les pays qui ont conclu des accords bilatéraux de ce type. L'Inde dispose d'un programme distinct pour les jeunes professionnels, limité aux professionnels diplômés, qui peuvent poser leur candidature par le biais d'une sorte de loterie.
La question de la mobilité des jeunes pour les ressortissants de l'UE a été soulevée dès avril 2021, lorsque 19 membres du Parlement ont déposé une motion regrettant qu'un programme n'ait pas été mis en place dans le cadre de l'accord sur le Brexit malgré « l'importance de ce programme pour le développement de la compréhension des jeunes des différents pays et cultures ». En outre, ils ont reconnu que le programme stimule l'investissement dans les activités touristiques et les écoles de langues, soutient l'économie en fournissant une voie d'accès pour les futurs Au Pair au Royaume-Uni depuis d'autres pays et vice versa, fournissant une solution de garde d'enfants abordable et flexible.
À l'époque, Boris Johnson ayant fait passer l'accord de retrait au pas de charge, il semblait y avoir peu d'intérêt pour une atténuation du Brexit dur face auquel la Grande-Bretagne s'est retrouvée. Depuis, les gouvernements conservateurs successifs, préoccupés par le contrôle de la migration nette, ont adopté une approche intransigeante à l'égard d'une offre de mobilité des jeunes à l'échelle de l'UE pour l'ensemble du bloc.
La France a également adopté une approche « tous pour un » et « un pour tous » sur ce sujet, et les principales nations de l'UE ont fait pression en faveur d'un accord collectif plutôt que d'un accord pays par pays, que la Grande-Bretagne aurait préféré.
En réponse à une question écrite posée il y a deux ans, en novembre 2022, par la baronne McIntosh de Pickering, qui demandait si le Royaume-Uni étendrait le programme aux ressortissants de l'UE, le député conservateur Lord Murray a maintenu que le gouvernement de l'époque restait « ...ouvert à la négociation d'accords relatifs au programme de mobilité des jeunes (YMS) avec d'autres pays et territoires, y compris les États membres de l'UE. Cependant, chaque programme de mobilité des jeunes est soumis à un accord bilatéral et réciproque... »
En mai 2024, Martyn Day du SNP a regretté “que le gouvernement britannique ait rejeté un programme de mobilité des jeunes à l'échelle de l'UE qui permettrait à nos jeunes de vivre, d'étudier et de travailler plus facilement dans l'UE, ainsi que d'éliminer les obstacles à la venue de jeunes citoyens de l'UE pour combler des lacunes vitales en matière d'emploi” et a exhorté le gouvernement conservateur de l'époque, dirigé par Rishi Sunak, à renégocier un accord au nom de la jeunesse britannique.
La semaine dernière, le 25 septembre 2024, le Guardian a rapporté qu'à la suite du nombre relativement faible de jeunes issus des pays YMS existants qui ont pris le visa pour venir au Royaume-Uni, il pourrait y avoir un certain espoir d'un accord européen pour les jeunes avec le nouveau gouvernement travailliste. Malgré le rejet d'une offre antérieure en avril 2024 auprès des Tories, les diplomates de l'UE auront modifié les propositions et M. Starmer n'a « pas exclu » une plus grande mobilité des jeunes entre le Royaume-Uni et l'UE.
La discussion d'avril 2024 impliquait que les étudiants de l'UE soient ramenés à la position d'étudiants locaux (home students) en ce qui concerne les frais de scolarité, étant donné les énormes frais payés par d'autres étudiants internationaux. Il reste à voir si tout accord qui pourrait être conclu entre le Royaume-Uni et l'UE en ce qui concerne le YMS concèdera des frais d'inscription préférentiels (auxquels les universités britanniques s'opposent) et la durée des visas.
Il est très probable qu'un nombre limité de visas soit proposé par pays selon une formule pondérée, comme cela a été le cas pour le YMS actuel, afin d'apaiser les craintes des Brexiteers purs et durs de voir la libre circulation passer par la porte de derrière.
Il est à espérer qu'une approche accueillante sera proposée entre vieux amis et alliés.