Sarah Lucas : trangressions, contorsions et multiplication des seins !
Meet the Bunnies ! Une espèce de poupées humanoïdes sans visages et presque nues. Affublées de collants de couleurs vives et de chaussures à talons hauts, elles sont lascivement affalées sur des fauteuils vintages (Charles et Ray Eames la plupart du temps) dans des positions improbables et très suggestives ! Vous venez d’entrer dans le monde provocant et joyeux du partenariat de Sarah Lucas avec Burberry ! Et comme tous les visiteurs de l’exposition « Happy Gas » à la Tate Britain, votre première réaction sera d’instagrammer vos photos et d’inviter vos amis « à venir voir ça ! »
Des œuvres irrévérencieuses, mais sensuelles, avec lesquelles nous cohabitons depuis plus de vingt ans. Les « bunnies » molles en textile de Sarah Lucas apparues en 1997 ont muté et se sont transformées en NUDS en métal (en bronze poli, en or aussi). Sur les 80 présentées une vingtaine sont des créations nouvelles jamais exposées auparavant.
Elles se contorsionnent avec arrogance sur des blocs de béton, exposant sans pudeur leurs membres allongés et leur multitude de seins généreux !
Et pour renforcer l’érotisme des œuvres, les murs exposent des photos de l’artiste dégustant une banane… probablement aussi savoureuse que les « sucettes à l’anis » offertes à France Gall par Serge Gainsbourg !
Sculpteur aujourd’hui reconnue mondialement, Sarah Lucas a longtemps été jugée scandaleuse car son univers hyper sexualisé « ne fait pas dans la dentelle » ! Le kapok qu’elle utilise dans les bas de laine de ses sculptures lui permet d’infliger des poses exagérément indisciplinées à ses « personnages ».
Des formes qui se veulent abstraites mais qui ont tous les attributs de femmes libérées en quête de plaisir. Un plaisir qui passe souvent par la cigarette. On la retrouve sur les posters, et entre les fesses de plusieurs corps sculptés et décapités !
L’atmosphère est artistique et joyeuse même quand les déboucheurs sortent des toilettes pour assassiner les meubles !
Ou quand les poulets crus s'exposent avec indécence :
Elle devient plus sombre au fil des salles. L’humour du début se mute en humour noir. Cette même cigarette dont la fumée couvrent les murs de l’exposition d’un plaisir rouge, noircit brutalement, pour causer un spectaculaire accident de voiture.
entre un cucurbitacée géant de deux tonnes et un sandwich géant en béton.
"Jaguar vers le Paradis". Le titre de l'oeuvre est cynique et glacial . L’avant de la voiture de marque anglaise (luxueux et confortable) est littéralement décharné par le feu qui s'est déclaré avec une cigarette. Il est coupé de l’arrière suite au choc qui a projeté à l’extérieur deux sièges auto pour enfant, et au Paradis toutes les voyageurs du véhicule.
« Happy Gas » du 28 septembre 2023 au 14 janvier 2024
Tate Britain, Millbank, London SW1P 4RG