Thames Water aura besoin de plus de temps pour son plan de redressement
Thames Water avait précédemment annoncé son intention de mettre en oeuvre un plan sur trois ans pour améliorer ses performances opérationnelles et financières, mais "le redressement prendra du temps et nous ne terminerons pas le travail en trois ans", a reconnu Alastair Cochran, codirecteur général par intérim de Thames Water.
Plusieurs dirigeants de la compagnie avaient été appelés à témoigner mardi devant une commission parlementaire britannique, notamment pour s'expliquer sur les dettes de l'entreprise. La plus grande compagnie d'eau du Royaume-Uni, desservant 15 millions de clients à Londres et dans la vallée de la Tamise, accuse une dette de près de 15 milliards de livres.
L'entreprise a publié la semaine dernière un bénéfice net en recul de 57% pour son premier semestre décalé achevé fin septembre. Sa situation financière précaire avait inquiété jusqu'au gouvernement l'été dernier, et alimenté les spéculations sur l'éventuelle nécessité d'un plan de sauvetage public. "Nous étions très fragiles, en juillet", a admis devant les députés britanniques le nouveau président du Conseil d'administration Adrian Montague, qui a pris ses fonctions l'été dernier.
Mais depuis "nous avons stabilisé l'entreprise, (...) nous avons collecté plus d'argent, nous avons un plan de redressement", a-t-il fait valoir. L'entreprise a en effet reçu, en juillet, l'assurance d'un nouveau financement de 750 millions de livres de ses actionnaires d'ici 2025 (moins que le milliard espéré) après 500 millions de livres déjà versés en mars. L'entreprise disait cependant prévoir "à titre indicatif" des besoins supplémentaires de l'ordre de 2,5 milliards de livres pour la période 2025-2030.
L'entreprise compte aussi demander à ses créanciers d'étendre la maturité d'une dette de 190 millions de livre arrivant à échéance en avril prochain. "Nous sommes conscients que notre performance n'a pas été à la hauteur, et ce depuis plusieurs années", a ajouté M. Montague. Mais l'entreprise s'y est engagée: "la situation s'améliorera", a-t-il insisté.
Le secteur est sous le feu des critiques depuis plusieurs années pour le déversement de quantités importantes d'eaux usées dans les cours d'eau et en mer, en raison notamment d'un manque d'investissements dans le réseau d'égouts qui date de l'époque victorienne (fin du XIXe siècle).
L'amélioration des infrastructures coûtera des milliards de livres, alors que les compagnies de gestion de l'eau au Royaume-Uni ont accumulé plus de 60 milliards de livres de dette depuis leur privatisation en 1989 sous Margaret Thatcher.