“Wild Photographer of the Year” : face-à-face intimiste avec la vie sauvage

Des pixels pour comprendre le vivant…

"Twist and Jump" - José Manuel Grandio (Espagne)

Cinq jours à peine après la “ Journée Mondiale des Animaux ” (le 4 octobre), le Natural History Museum de Londres fêtait le 60e anniversaire du célèbre concours annuel “Wild Photographer of the Year”. Une exposition de photos animalières où chaque cliché a son histoire, où chaque image raconte une rencontre inoubliable et immortalise un instant suspendu.

Parmi 60 000  candidatures provenant de 117  pays, 100 clichés exceptionnels ont été sélectionnés pour être exposés. Tous capturent à leur manière, la beauté du règne animal et reflètent notre connexion avec le monde sauvage. Les lauréats 2024 (parfois en dessous de 10 ans !) ont été dévoilés ce mercredi 9 octobre lors d’une cérémonie de remise de prix à South Kensington. Ils ont appris leur nommination il y a plus d'un mois ... à vous maintenant de venir les découvrir !

Les innovations techniques et les appareils ultra performants des photographes d’aujourd’hui permettent de voir l'invisible, d’approcher les animaux au plus près sans les perturber : ils peuvent pointer leur objectif sous le nez d’une lionne ou d’un requin à une centaine de mètres sous l’eau, entre les bras d’une maman singe, sous les ailes d’un faucon  en plein vol, sur les traces de fourmis rouges ...

Les prouesses des photographes naturistes sont innombrables. Elles sont jugées tous les ans anonymement par un panel de juges experts en fonction de leur créativité, leur originalité, leurs qualités techniques et artistiques.

Aucune n'est truquée mais certaines utilisent des superpositions ou des filtres. Elles doivent respecter les critères d’une charte éthique qui a vu le jour en 2021. Par sa règlementation rigoureuse, elle vise à protéger les espèces et la nature de mise-en-scènes “sans scrupules” (utilisation d’animaux congelés, empaillés, apâtés, de cirque…) à erradiquer les pratiques irresponsables de chasseurs d’images qui se comportent comme des paparazzis pour “faire le buzz (virtuel)” sur les réseaux. On compte probablement plus de bêtes menacées sur Instagram qu’il n’en reste sur notre belle planète.

Le photographe animalier doit s’inscrire dans une démarche d’observation discrète et bienveillante de la faune sans agir sur son habitat (que ce soit, au fond du jardin, au pôle Nord, ou dans la jungle …). A l’inverse d’un influenceur, il se fait le témoin privilégié de la biodiversité - celui qui transmet par l’image, l’authenticité de ses rencontres avec la Nature dans tous ses états et toute sa splendeur.

Il espère aussi avoir un impact positif sur la protection des espèces (en danger ou pas), comme ici le relevé d'empreintes de braconneurs sur l'ivoire (pourtant poreux) d'une corne de rhinocéros, sur des manteaux en peaux de félins ou de reptiles... Une technique scientifique de pointe qui aide les forces de l'ordre et les institutions douanières à appréhender des malfaiteurs sans scrupules.

"Dusting for new evidence" Britta Jaschinski (Allemagne) - photo F. Joyce

Les photographies exposées au Natural History Museum expriment une poésie que l’on regarde avec des yeux d’enfant. Elles vous entrainent dans la profondeur du regard de ces animaux qui ont trés probablement entendu, observé et senti la présence du photographe bien avant qu’il ne le voit ! Et c’est cette connexion émotionnelle entre l’homme et l’animal qui transforme les clichés en chef-d’oeuvres.

Une pause nature fascinante, qui pourrait bien éveiller des vocations chez les jeunes, les moins jeunes et tous les amoureux de la nature !

du 11 octobre 2024 au 29 juin 2025

au Natural History Museum, Cromwell Road, South Kensington