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« Impressionists on Paper » : le mystère des grands maitres du XIX exposé à la Royal Academy
"Impressionists on Paper" à la Royale Academy - photo F. Joyce

« Impressionists on Paper » : le mystère des grands maitres du XIX exposé à la Royal Academy

Soixante-dix œuvres exceptionnelles sur papier signées des plus grands peintres impressionnistes exposées à la Royal Academy

Francine Joyce
Membres Public

Jusqu’au 10 mars prochain, l’exposition « Impressionists on Paper » à la Royal Academy rassemble dans une dynamique inégalée, des esquisses, des ébauches, des aquarelles, des croquis, des dessins, rarement vus ou au contraire très célèbres. La présentation est sobre, sombre et sans relief, les œuvres sont remarquables. Elles mettent en lumière les deux grandes tendances du mouvement impressionniste : l’esthétique bien définie de Monet, Pissarro, Renoir ou Sisley et la tendance plus moderne et plus expressionniste de Degas et Pissarro.

Elle est l’occasion de rêver dans un univers poétique de danseuses, de fleurs, de courbes sensuelles, de brume qui émane de la neige, d’océans qui scintillent, d’une douceur veloutée qui ne pourrait être atteinte avec de la peinture à l’huile.

L’hypothèse de départ de Christopher Lloyd et Ann Dumas (curators) à l’origine de cette exposition est aussi surprenante que difficile à prouver - à savoir, que les impressionnistes ont vu le potentiel du papier comme aucun artiste avant eux. Et en effet, il apparait de salle en salle que la peinture, autant que les traits de crayon, de fusain ou de craie, expriment la même spontanéité, la même liberté et l’absence de finitions.

Certaines des œuvres présentées sont très célèbres - comme le croquis féroce et fébrile de Toulouse-Lautrec, « Femme avec un Boa Noir », prêté par le Musée d'Orsay de Paris. Les plumes noires du boa scintillent et contrastent avec le teint maladif de la femme aux sourcils épais.

Il y a surtout les muses en tutu et l'univers si fantasmé de la danse d’Edgar Degas qui apparait un peu comme le héros de cette exposition ! Évitant le voyeurisme et les préjugés de la société française de l'époque à l’égard des danseuses, il s'immisce dans les coulisses de l’Opéra de Paris tel un artiste-reporter. Il nous fait découvrir l’envers du décor et l’intimité des « petits rats » sur scène comme à l’entrainement ou au repos. Pourquoi la danse plutôt que la musique qui l’a entouré depuis l’enfance ? Certainement parce qu’elle est un art visuel. Peut-être aussi, car l’effort physique des ballerines lui rappelle le travail précis du dessinateur qui soigne chacune de ses courbes et de ses traits. La fidélité de ses dessins aux mouvements du ballet est saisissantes.

Mais aussi…

Émouvant de vie ce croquis de Manet : une scène de rue sous la pluie, dessinée si rapidement, qu’il semble que l'artiste lui-même essaie d'échapper à l'averse.

"Rue de Mosnier sous la pluie", 1978 Edouard Manet ; photos F. Joyce

Et l'étude de Van Gogh sur des toits de chaume (provenant de la collection Tate), réalisée au crayon, à la gouache et à l'encre sur du papier mat couleur cuivre.

La tendance de l'époque est l'utilisation du fusain (charbon fin utilisé pour réaliser des dessins noirs veloutés).

Il y a Seurat aussi, avec des figures qui évoluent comme des ombres passagères,

Renoir :

Gaugin :

"Le dessin n'est pas la forme, il est la manière de voir la forme." aimait dire Degas. On quitte l’exposition en se disant que oui, la parité dessin / peinture est atteinte ! et que les impressionnistes sont ceux qui ont élevé le dessin au statut d’œuvres d'art à part entière.

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