Théâtre : « The Fruity Prince » : Shakespeare revisité

La pièce s’ouvre sur un trône… branlant ! Le ton est donné. La Reine Lizzy (Tandazani Siguake) mère de Henri IX apparait en corset rouge vif et entonne une chanson rap. Elle est belle, très belle mais infâme et puissante comme la Reine des Cœurs de Walt Disney (Alice au Pays des Merveilles). A la moindre contrariété, elle n’hésite pas à convoquer son bourreau. «  Qu'on lui coupe la tête ! » répètera-t-elle à chaque déconvenue ! Son père Henry VIII aurait été fier d’elle !

Son fils, Henri IX (joué par Toby France– auteur de cette comédie loufoque) est le seul héritier du trône. Il la rejoint dans une tenue qui rappelle celle de la gagnante de l’Eurovision Junior 2023 … mais en plus sobre tout de même (paillettes fushia remplacées par de la soie noire élégante, une ceinture de catcheur brodée d’or, des perles et une fraise classique autour du cou).

Il est accompagné par la gouvernante qui s’occupe de lui depuis sa naissance.  Barbue et coiffée d’une délicate dentelle bretonne, elle présente le jeune homme à sa mère qui a du mal à le reconnaitre puisqu’elle ne l’a pas vu depuis plusieurs années ! Il est en proie à un profond désarroi. Il n’est pas fait pour régner, ni pour se marier comme le souhaiterait sa mère avec sa cousine Gertrude car … il souhaite devenir acteur et il aime un autre homme ( joué par John Posnett (en coiffure à la Jim Hendrix blond et chemisier d’organza noir transparent ouvert sur un torse poilu) !

Il demande l’aide de Shakespeare (Katie Driver – oui oui, une femme en pantalon !) qui lui-même exprime ses propres questionnements sur son genre et son orientation sexuelle !

C’est drôle, très drôle dès le début ! le scénario n’est pas sans rappeler les extravagances incongrues des « pantomines » de Noël mais c'est bien plus original. Le jeu des acteurs est bien plus subtil, sans vulgarité, sans grossièreté. C’est du comique de situation : des sœurs qui chantent Phil Collins au couvent « I can feel it in the air tonight ! Oh Lord ! », une orangerie qui se résume à une bande d'herbe en plastique comme celles des entrainements de golf ...

Les costumes sont travaillés avec humour, les répliques inattendues fusent, les anachronismes sont merveilleusement réjouissants ! Des Tudors qui chantent du Rap ou se transforment en buissons ardents… c’est à voir !

Un grand moment de théâtre, de danse et de fraicheur ! À noter quelques scènes très… suggestives (étant donné que la Reine est lesbienne, et son fils homosexuel) mais jamais déplacées ou choquantes !

Franchement Bravo à cette petite troupe extrêmement talentueuse qui s’est fait connaitre au Edinburgh Fringe.

Ils se produisent en ce moment au Drayton Arms Theatre.

Vous pourrez les retrouver du 9 au 13 janvier au Space 269 Westferry Road, London E14 3RS

Bonne humeur et Fou rire garanti !