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Barbie au Design Museum
La poupée la plus célèbre du Monde se dévoile dans une exposition inédite à Londres.
Les posters de l’exposition feront pour beaucoup, écho aux promesses du groupe d’affichage Avenir quand le mannequin Myriam annonçait en 1981: “Demain j’enlève le haut...”. L’icône de Mattel, elle, garde son soutien-gorge mais elle retire ses lunettes de soleil pailletées et vous invite dans son dressing de star. Plus de 250 objets pour raconter l’Odysée d’une poupée !
Du haut de ses 29 cm la pin-up en celluloïd aux cheveux blonds platine, aux jambes interminables et à la poitrine généreuse est certainement la jeune femme la plus adorée et la plus critiquée de la Planète.
Dés sa naissance elle s’est distinguée dans un monde de jouets dominé par de joufflus poupons pôtelés. Cette gloire stéréotypée (aux mensurations improbables) s’est bien sûr accompagnée de son lot de controverses et de bourrasques féministes acharnées. Rapidement catégorisée par ses détracteurs en call-girl de luxe avec une tête bien faite mais pas forcément bien pleine, elle prend aujourd’hui sa revanche au Design Museum de Londres. Jusqu’en février 2025 elle expose la palette de sa garde-robe et de ses compétences infinies - des plus traditionnelles (infirmière, joueuse de tennis ; elle fait aussi du yoga, du roller, de la natation, elle remplit le frigidaire, elle cuisine comme un chef)
aux plus insolites (astronaute, championne de gymnastique aux Jeux Olympiques, rock star, candidate à la présidence de la Maison Blanche). Elle est Madame tout-le-monde au supermarché, en camping, chez MacDo ; elle est aussi pilote de course en Ferrari, policière, vétérinaire...
Elle se métamorphose avec la facilité d’un caméléon : 27 teints de peau, 22 couleurs d’yeux, 26 coiffures, un Indice de Masse Corporelle qui varie du 15 au 35 d’une boite à l’autre.
Au fils des ans, elle est devenue multi-ethnique ! Et dans les salles roses bonbon du musée, les enfants s’extasient avec des regards et des bras qui s’affolent “Oooooohhhh ! Aaaaaaahhhh ! Ouh la la ! trop beeeeeelllllleeeuuuh !!!!“ même quand Barbie passe joyeusement l’aspirateur ! Enfin ce sont surtout des petites filles qui visitent… vous ne croiserez pas beaucoup de p'tis gars dans les salles !
Les hommes accompagnateurs sont dubitatifs. “ Cette poupée c’est pas un bon exemple : elle passe sa vie dans les magasins, elle dépense sans compter et elle est abstinente !!!” nous explique un papa . Et un second ajoute “le bellâtre un peu trop précieux qui lui sert de compagnon n’est qu’un anti-macho écervellé “ ; un autre nous dit : "moi j'en aimerais bien une grandeur nature chez moi ! "
Barbie ne laisse personne indifférent !
Au Design Museum pourtant, elle se rebelle ! Des pièces de collection rares (cuvées 59 , 60, 70, 80 …), et des décors originaux montrent déjà qu’elle n’a pas toujours été obsédée par les fanfreluches et le rose kitsch !
Pour les fillettes, Barbie fait le lien avec le monde des adultes. Elle investit la chambre et l’imaginaire de milliers d’enfants. Elle rassure, écoute les confidences, elle essuie des milliards de bisous. Dans son monde lisse et sage, Barbie est toujours souriante… Une “Sainte”! Sauf face à la redoutable concurrence des princesses Disney ou des Bratz ou pire encore des tablettes électroniques où là, elle fait la tronche !!! Délaissée ! Elle !
Elle qui fait la Une des magazines ! Elle qui a posé le pied (vernis) sur la Lune avant Neil Armstrong ! Elle, dont le portrait a été peint par Andy Warhol (en 1986) ! Elle, le rôle-titre du film de Greta Gerwig interprétée par Margot Robbie. ! Elle qui est un mythe !
Enfin, du film, il n'y a que l'affiche. pas de gadgets, de costumes ou d'accessoires ...
Sur des murs tapissés d'aluminium, des vidéos montrent le niveau de details stupéfiant réalisé par les ouvriers du fabriquant Mattel.
Le travail des cheveux assemblés par mèches, les boutons fonctionnels, les tenues doublées de satin, les garde-robes multiples souvent signées par de grands couturiers. Cristina Cordula serait impressionnée par son "magnifiiiiiiiiique " dressing !
Toutefois, l’exposition donne une impression de publicité géante pour Mattel. Les descriptifs ressemblent plus à des communiqués publicitaires adressés à la presse qu’à des textes explicatifs, anecdotiques, voire historiques pour de petits visiteurs curieux. Barbie apparait comme un produit, comme le fruit d’un marketing intelligent et vendeur. D’ailleurs, aucune section ne propose d’animations interactives. Bien dommage pour chanter la gloire d’un jouet.