Giuseppe Penone à Londres, au coeur de Hyde Park

Le sculpteur italien Giuseppe Penone, de l’Académie des Beaux Arts et figure majeure de l’art contemporain, présente à Londres : “Thoughts in the roots”. Ses créations dans le cadre de l’exposition d’été de la galerie Serpentine South, vous invitent à l’intérieur mais aussi à l’extérieur des salles, à la frontière de la peinture et de la sculpture. Elles cherchent à impliquer les visiteurs dans l'intimité des oeuvres à la manière simple du mouvement Arte Povera .

Penone met en scène des installations parfois complexes parfois d'un grand minimalisme. Ses oeuvres “hybrides” privilégient des matériaux basiques et naturels tels le bois, le tissu, des feuilles de laurier, des épines d'acacia... comme ici, à l'extérieur de la galerie, de lourdes pierres juchées en haut d'arbres bien frêles entre deux branches :

Hyde Park - photo F. Joyce

ou encore ce tableau qui, avec le recul dévoile deux paupières fermées réalisées avec des milliers d'échardes noires déposées sur un fond blanc :

photo F. Joyce

De loin, l'image est douce ; le contraste noir-blanc nuancé. De prés, elle révèle le piquant effrayant de milliers d'épines dures qui protègent les plantes des herbivores et de la chaleur.

épines d'acacia utilisées pour dessiner deux paupières fermées - photo F. Joyce

Pour lui en effet, les arbres (qui sont les leitmotivs de son inspiration) sont des êtres vivants qui mémorisent leur vécu dans leur structure même. Ils enregistrent le temps. Quand ils grandissent, ils intègrent ce qu’ils ont subi. Ainsi le noeud qui apparait sur une planche correspond à une coupe. On peut calculer l'âge d'un arbre (donc le temps) en coupant une section de son tronc.

Enlever l’écorce d’un arbre c’est lui retirer sa personnalité et lire son histoire intime" - explique l'artiste. "Dénuder une poutre permet d'exposer la vie secrète de l'arbre, comment ses branches se sont développées au fil des ans en fonction des intempéries, des vents, des températures, des interventions humaines... La structure intérieure de la matière bois conserve ainsi la mémoire du végétal, comme une sculpture."

"A partir du motif qui apparait alors en 3D, on peut mieux comprendre la réalité qui nous entoure. Lorsque vous touchez quelque chose, le contact vous donne une compréhension sensorielle de sa surface et fait surgir une image dans votre esprit. C’est cette image instinctive que je souhaite exprimer dans mes sculptures.

Nous sommes bien loin de l’art figuratif, mais tellement plus proches de la nature et de la poésie. La démarche de Penone est une forme de résistance au chaos urbain. Elle cherche à défier la société de consommation, la production de masse, l’intellectualisme. La visite offre à tous les visiteurs une pause de sérénité et de fraicheur bien agréable au centre de la capitale.

L'entrée de l'exposition est gratuite.

" Thoughts in the Roots " : jusqu'au 7 septembre 2025

frappé par une foudre dorée - photo F. Joyce