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Les « toppers » : un mode de communication "made in England" pour raviver l’identité nationale

Les « toppers » : un mode de communication "made in England" pour raviver l’identité nationale

Quand les anglais couronnent leurs boites aux lettres

Francine Joyce
Membres Public

La continuité est une valeur chère aux britanniques. En cet historique couronnement du 6 mai 2023, ils ont à nouveau montré au reste du monde l’intemporalité de leur monarchie. Au son d’un symphonique « God Save the King » ils ont clamé haut et fort leur détermination à surmonter les défis qui attendent ce nouveau règne.

L’une des manières les plus émotionnelles, les plus militantes, mais aussi les plus rocambolesques que ces chers britanniques ont choisi pour communiquer leur ferveur ce sont les « toppers » .

Véritables œuvres d’art « tricotées » au crochet pour décorer les célèbres boites aux lettres rouges, les « toppers » surgissent au détour d’un parc, à l’angle improbable d’une ruelle sombre, ou au cœur de la city avec humour et splendeur.

Et oui, au Royaume Uni, les pires tempêtes (qu’elles soient politiques, sociales ou météorologiques) peuvent tout emporter … tout, sauf l’humour ! Cet humour inoxydable qui, comme la couronne semble donner un sentiment de cohésion à toute la nation ! J’ai dit humour ; je n’ai pas dit « bon goût ». Certaines allitérations brodées, un peu surchargées dévoilent des décors d’une subtilité discutable. C’est souvent un baroque grandiloquent qui parade en haut des boites aux lettres ! Certaines effigies bien kitsch sont en effet carrément folkloriques voire simplement moches !  

Ainsi, le spectacle du Père Noel coincé les jambes en l'air dans une cheminée, ou la Reine en bigoudis, ou encore Meghan renversée dans l’oubli et dans l’indifférence, relèvent tous d’un comique bien douteux :

ou Pappy avec son déambulateur ... pas beaucoup mieux !

De telles curiosités n’existent nulle part ailleurs qu’en Grande Bretagne !

Certes le crochet et le tricot avaient disparu des « hobbies » anglaises connotées « mémé » jusqu’au confinement où ce ludique passe-temps s’est « déringardisé » avec panache !

Si la majorité d’entre nous expriment leur amour familial sur la cheminée en exposant des photos de papa, maman, enfants, chien, chat voire belle-maman (souvent inévitable), les britanniques eux affichent leur fierté nationale en tricotant des figurines de leurs idoles, de leurs traditions et de leurs plus grandes passions sur les boites aux lettres : vacances à la mer, sport, la reine, halloween …

C’est un peu la nation qui se célèbre elle-même. L’ère des napperons et des bonnets a fait place depuis la crise sanitaire au retour triomphal de l’art des aiguilles.

Etonnant paradoxe, plus les temps sont difficiles, plus la famille royale apparait comme un baume cicatrisant. Le souverain, en tant que Chef de l’Etat et de l’Eglise d’Angleterre apparait comme référence morale, détaché des conflits politiques. Il encourage, il met en garde, il reconnait au cours de ses visites le travail, la fragilité, le courage de ses sujets au quotidien.

C’est ce rôle protecteur tout comme l’humanité maternelle d’Elisabeth II pendant la Guerre que les britanniques célèbrent ici à leur manière, chaleureusement, avec une authenticité certes insolite à nos yeux, mais en réalité sincère et pudique.

Le crochet, est loin d’être le désuet parent pauvre du tricot. Dans sa légèreté, il s’apparente à une thérapie relaxante et créative. Peut-être deviendra-t-il pour ses "pratiquants", le nouveau yoga du siècle !

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