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BP : bénéfice multiplié par trois au 2e trimestre, à 9,26 milliards de dollars
Dans la foulée des autres majors pétrolières, qui ont engrangé au deuxième trimestre d'énormes bénéfices gonflés par la flambée des hydrocarbures, le géant britannique BP a annoncé mardi avoir multiplié par trois ses profits pour la période.
Le groupe a ainsi affiché un bénéfice net part du groupe de 9,26 milliards de dollars (9,03 milliards d'euros) au deuxième trimestre. Il en profite pour augmenter de 10% le dividende versé à ses actionnaires pour la période et lancer un nouveau programme de rachat d'actions, selon un communiqué.
Pour les six premiers mois de l'année, en revanche, BP affiche une perte nette de 11,13 milliards de dollars, le groupe ayant passé au premier trimestre une charge après-impôts de 24,4 milliards de dollars à la suite de sa sortie du russe Rosneft, dans la foulée de l'invasion russe de l'Ukraine.
Les cours des hydrocarbures flambent depuis des mois et les prix du gaz, qui étaient retombés après les sommets atteints en mars peu après le début du conflit, s'envolent à nouveau, après la réduction des livraisons russes. Le géant gazier russe Gazprom a notamment annoncé samedi avoir suspendu ses livraisons de gaz à la Lettonie. BP s'attend à ce que les prix du pétrole restent élevés au troisième trimestre "en raison de la poursuite de la perturbation de l'approvisionnement russe" mais aussi de niveaux de stocks "nettement inférieurs à la moyenne sur
cinq ans", a-t-il prévenu dans un communiqué.
Renouvelables en Australie
"Le déséquilibre entre l'offre et la demande se poursuit (...) tandis que les besoins à plus long terme en combustibles fossiles restent intacts", remarque Richard Hunter, analyste chez Interactive Investor. Et ce, "même si les majors pétrolières investissent considérablement pour faire progresser l'utilisation des énergies renouvelables".
BP avait ainsi annoncé en juin qu'il prenait 40,5% de parts dans le projet australien présenté comme la plus grande centrale d'énergies renouvelables du monde: l'Asian Renewable Energy Hub (AREH), d'une valeur de 36 milliards de
dollars. Énergie solaire et éolienne, mais aussi production d'hydrogène vert, il s'étendra sur 6.500 km³ dans la région de Pilbara, sur la côte ouest du pays océanien. BP est la dernière major pétrolière en date à afficher un bénéfice record, après notamment son compatriote Shell qui avait vu ses profits multipliés par cinq à 18 milliards de dollars sur la période, ou encore TotalEnergies (5,7 milliards de dollars).
Les profits additionnés des plus grosses entreprises du secteur (TotalEnergies, Shell, Exxon, Chevron et BP) se chiffrent au deuxième trimestre à environ 62,5 milliards de dollars, selon les calculs de l'AFP. Hors éléments exceptionnels, BP affiche un bénéfice de 8,45 milliards de dollars au deuxième trimestre et celui-ci se monte à 14,7 milliards pour la première moitié de l'année (c'est à dire notamment hors-effets de la sortie de Russie).
Ruissellement
De quoi faire ruisseler une partie des profits vers ses actionnaires : après un programme de rachat d'actions de 2,5 milliards de dollars achevé au 22 juillet, BP a annoncé mardi 3,5 milliards de rachats supplémentaires. Face aux profits des majors pétrolières, qui font grincer des dents dans un pays en proie à une sévère crise du coût de la vie, Londres avait annoncé en mai une taxe exceptionnelle sur le secteur de l'énergie, pour aider en partie à financer les aides gouvernementales aux ménages les plus modestes.
La mesure était réclamée à cor et à cri par des ONG et l'opposition travailliste mais la majorité conservatrice a longtemps freiné des quatre fers, craignant de décourager l'investissement des entreprises du secteur, avant de céder.
Cette taxe ne dissuadera pas BP d'investir les 18 milliards de livres précédemment annoncés dans les hydrocarbures de la mer du Nord, estime Allegra Dawes, analyste chez Third Point, car cette zone garde "une importance stratégique critique" pour le groupe.
En France aussi, ces énormes bénéfices pétroliers ont alimenté un débat sur une taxe sur les "superprofits" des grandes multinationales, mais l'idée a été rejetée par les parlementaires français.