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Cloud Songs on the Horizon : une forêt féérique au milieu du béton

Cloud Songs on the Horizon : une forêt féérique au milieu du béton

L’exposition Cloud songs on the horizon présente pour la première fois en Europe les sculptures suspendues de l'artiste indienne Ranjani Shettar au conservatoire du Barbican. A ne pas manquer.

Anne-Sophie Segondat
Membres Public

Si le Barbican est connu pour son imposant complexe en béton, son architecture brutaliste et son centre artistique, on ignore parfois qu’il abrite en ses murs une oasis de verdure. Cette icône moderniste cache l’un des secrets les mieux gardés de Londres : une forêt luxuriante, le Barbican Conservatory ! Situé au sommet du théâtre principal, le conservatoire abrite plus de 1 500 espèces de plantes et d'arbres dans son espace de 2 100 mètres carré. 

Pour la première fois dans l'histoire du conservatoire, un programme d'installations in situ permet aux artistes de s'engager directement dans l'architecture et l'espace public. Cloud songs on the horizon de l’artiste indienne Ranjani Shettar inaugure ce programme avec une série de cinq sculptures suspendues. L’installation invite les visiteurs à découvrir les œuvres en changeant de perspective au fur et à mesure qu'ils explorent l'espace. Et c’est de toute beauté !

Lorsqu’on rentre au niveau 4 du centre d’art et que l’on descend dans l'atrium principal du conservatoire, notre attention est immédiatement attirée par le plus grand ensemble de sculptures appelé Cloud songs on the horizon (également titre de l'exposition) qui semble surgir dans un mouvement de floraison synchronisée. Les plates-bandes s'élargissent à mesure que le visiteur s'y aventure, avant de déborder des murets en briques et de s'étaler le long des murs en béton. Les sculptures se nichent parmi les plantations ou jaillissent inopinément du dense feuillage. 

Au-dessus de l'étang à carpes koï, une forme lisse taillée dans un pilier en bois de teck est suspendue comme si elle glissait au-dessus de l'eau : Above the Crest s'étend jusqu'au ficus voisin dans un enchevêtrement élaboré de vrilles délicates.

 

L’art organique de Ranjani Shettar est profondément lié à la nature. Toutes ses sculptures sont fabriquées à la main par l'artiste dans son atelier situé dans la région rurale du Karnataka dans le sud de l’Inde. Le Barbican l’a choisie pour sa faculté à "transformer des préoccupations modernistes durables, grâce à une profonde sensibilité pour les matériaux et à l'incarnation d'une conscience écologique" comme l’explique le responsable des arts visuels du Barbican Shanay Jhaveri. Sa pratique, qui s'étend sur deux décennies, s'inspire de l'observation et de l'étude minutieuses du monde naturel. Elle décrit ces formes abstraites distinctives qui ont fait sa renommée comme des "adaptations", inspirées par la "méditation sur le déroulement subjectif du temps dans la nature". Tentaculaires ses sculptures s’inspirent de l'artisanat indien et de ses matériaux traditionnels. Chacun des composants des sculptures est d'abord moulé à partir d'une base en acier inoxydable, puis une mousseline tissée à la main est attachée à l'armature en acier pour donner un effet texturé. Shettar introduit ensuite progressivement de la couleur. Elle commence par des éléments rehaussés de laque, puis ajoute des teintes rosées obtenues à partir de racine de la plante de garance et de la teinture naturelle de grenade.

Photo de la sculpture On the Wings of Crescent Moons
Sculpture On the Wings of Crescent Moons

Les surfaces miroitantes de ces formes en acier donnent l'impression que des feuilles, des fleurs et des nuages fantastiques habitent le jardin d'hiver. Un groupe de sculptures joyeuses, appelé à juste titre Moon Dancers, tournoie comme des oiseaux exotiques au-dessus d'un étang rempli de poissons koï. 

Car c’est là toute la magie et la beauté du travail de Ranjani Shettar : ses sculptures occupent si harmonieusement l’espace qu’elles semblent disparaitre. Un visiteur non averti pourrait facilement passer devant (ou dessous) sans les voir : leurs formes organiques, leurs couleurs se fondent et se confondent avec les plantes en arrière-plan. Toutes ces sculptures s’intègrent de façon singulière avec leur environnement pour créer une série d'échanges entre les plantations du conservatoire et la matérialité de l'architecture en béton. Et si la vue offerte depuis la serre sur les tours du Barbican rappelle aux visiteurs qu’ils se trouvent bel et bien dans une icône brutaliste, la magie de l'installation efface le béton perdu dans l'enchevêtrement des plantes et de formes terrestres.

Conçues pour être regardées de plusieurs points de vue, ces sculptures nous invitent à l’errance et l'exploration. Une fois rentré dans l’univers de Ranjani Shettar le visiteur se prend à ralentir le pas et à regarder chaque arbre, chaque fleur, chaque feuille pour observer leurs cycles de transformation et prendre conscience qu'ils sont toujours en train de changer de forme imperceptiblement, tout comme les nuages....

Si vous n’avez encore pas eu la chance encore de découvrir Cloud Songs on the Horizon, il est encore temps. 

L’exposition se tient au dernier étage du Barbican Centre jusqu'en mars 2024. Elle est gratuite mais les places sont limitées. Il est donc nécessaire de préréserver des billets à l'avance. Ceux-ci sont mis à la disposition du public par lots à partir d'ici 

The Conservatory x Ranjani Shettar | Barbican
Our Conservatory hosts a spectacular new site-specific commission by Indian sculptor Ranjani Shettar.

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