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Emily Kam Kngwarray à la Tate Modern
L’héritage ancestral de l’Australie raconté par l’artiste contemporaine la plus emblématique du pays
Depuis les années 1970, l’art aborigène connait un essor et une popularité extraordinaires. Aujourd’hui, il est exposé dans les plus grands musées du Monde entier. C’est la Tate Modern qui cette année a choisi pour son 25è anniversaire de réveiller la capitale anglaise avec les oeuvres emblématiques d’Emily Kam Kngwarray, - artiste des territoires Papunya au nord de l’Australie.



Emily Kam Kngwarray, "Emu Woman" 1988, "Awely" 1990 - photos F. Joyce
Plus de 80 oeuvres exposent magistralement l’Art Batik - un procédé traditionnel d’application de cires et de teintures sur du tissu. Les motifs obtenus sont colorés et complexes. Tous frappent par une puissance esthétique saisissante et par la portée culturelle de leurs paysages rythmiques.

Emily Kam a grandi très loin de l’influence occidentale dans un environnement chaotique où la météo oscille entre froid glacial et températures au-dessus de 40 degrés, où enfants et animaux sauvages courent dans tous les sens. Chacun de ses coups de pinceau est enraciné dans cette culture aborigène et dans les récits ancestraux de son éducation profondément traditionnelle.

Elle s’est mise à peindre à plus de 70 ans et a produit en 8 ans, plus de 3000 oeuvres. Chacune témoigne de son lien profond avec sa terre natale et chacune raconte sa propre histoire. Toutes invitent le spectateur à se fondre dans les cycles de la nature, à explorer des paysages spirituels d’une beauté abstraite et chaleureuse, comme dans un rêve. Elles s’inspirent d’ailleurs pour la plupart de cette période mythique appelée “le Temps du Rêve” où, selon les autochtones, la vie est apparue sur Terre.



batiks signés Emily Kam Kngwarray photos F. Joyce
Ainsi, ses toiles relatent les croyances liées à la vie et la création de l’univers. Du grain de sable à l’immensité de la terre et du ciel, Emily peint l’infiniment petit et l’infiniment lointain.
Sa technique est saisissante de maîtrise ; pourtant elle n’utilisait parfois que ses doigts ou de petits morceaux de bois, assise à côté - parfois même au milieu - d’une toile posée à même le sol, non tendue. Ses pigments ? Principalement des ocres, des rouges, des oranges et des jaunes (couleurs sacrées de la nature, du soleil protecteur) obtenus en broyant des insectes, des fleurs séchées, des racines, des écorces …



pigments naturels australiens , photos F Joyce
le blanc incarne la présence des esprits, le noir, celle des aborigènes. Ses motifs sont codifiés : des lignes et des points (qui étrangement rappellent ceux du Pointillisme). Des cercles pour symboliser des points d’eau, des traits géométriques comme des totems pour évoquer les ancêtres, des lignes ondulantes pour représenter un cours d’eau ou une route. Le dessin n’est pas figuratif, il est symbolique. Il rappelle les costumes cérémoniels, les peintures corporelles lors des danses sacrées.
Cette exposition exceptionnelle et émotionnelle vous transportera au plus profond de l’identité australienne.



Tate Modern, Emily Kam Kngwarray, Acrylic sans titre - photos F. Joyce
À la Tate Modern
Jusqu’au 11 janvier 2026