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God Save "Ma Normandie" : de Hong Kong à Rabbi Jacob
Remplacer "God Save The King" par : "J'irai revoir ma Normandie, C'est le pays qui m'a donné le jour...", crime de lèse majesté ? Heureusement, non ! Seulement un héritage médiéval entre France et Grande-Bretagne qui fait encore parler de lui.
« Ma Normandie » est aujourd'hui et depuis longtemps largement utilisée de façon non officielle comme chant régional de la Normandie.
C’est aussi l'hymne officiel du bailliage de Jersey—la très célèbre retraite anglo-normande de Victor Hugo. Cette île a fait partie du duché de Normandie jusqu’en 1204. Le Français y a été depuis des siècles la langue administrative officielle, les habitants parlant une variété de dialecte normand : le jersiais.
Juste en face « Sarnia Chérie » est la version adaptée pour l'île de Guernesey–aussi une ancienne possession normande.
Au large du Cotentin, autrefois appelées « archipel Normand », Jersey et Guernsey, les principales îles anglo-normandes, rattachées à la Couronne britannique, sont la partie insulaire du duché historique de Normandie et leurs eaux territoriales sont enclavées dans la zone économique exclusive française.
Alors dans quelle situation cette gentillette chanson remplace-t-elle le célèbre « God Save the King » ?
« Ma Normandie » est officiellement utilisée par Jersey lors des Jeux du Commonwealth, des Jeux des Îles et autres manifestations internationales où il est nécessaire de se distinguer des territoires de la Couronne qui utilisent le « God Save the King». Le groupe de musiciens de Jersey, les Badlabecques, interprètent régulièrement cet hymne lors de leurs concerts sur leur île Anglo-Normande.
Qu’est ce qui explique cette double culture ? Le va-et-vient maritime a progressivement détaché les îles Anglo-Normandes des côtes du Cotentin. Il y a 8 000 ans, il était encore possible de se rendre à pied à Guernesey. Il faudra attendre 4 000 ans avant notre ère pour que Jersey, Chausey et les Minquiers ne soient plus accessibles par voie de terre.
Lors des visites d’hôtes de marque, les monarques britanniques y portent le titre traditionnel de Duc de Normandie, y compris lorsqu'il s’agit d'une femme.
Si l’influence exclusive des normands date désormais, les habitants des îles ne sont pas britanniques dans les faits car les îles n'ont jamais été intégrées au Royaume-Uni. Avec le statut de « Crown Dependencies », Dépendances de la Couronne, les habitants sont loyaux à la Couronne en gardant le cœur normand…une réponse de normand en quelques sorte.
« Ma normandie fait son cinema »
Dans le célèbre film « Le Monocle rit jaune » de Georges Lautner (1964), la chanson est interprétée, dans une scène improbable, au théâtre national de Hong-kong, par Paul Meurisse, Robert Dalban et Marcel Dalio.
Seul dans les Aventures de Rabbi Jacob, Marcel Dalio ira jusqu’à la reprendre lorsqu’il incarne Rabbi Jacob. Le célèbre rabbin chantonne cet air amusant en quittant New York pour la France après des années d’absence.