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"Levelling up" britannique: de quoi s'agit-il ?
Photo by Ross Findon / Unsplash

"Levelling up" britannique: de quoi s'agit-il ?

Victorieux lors des élections de fin 2019, le Premier ministre britannique Boris Johnson avait promis de "niveler et d'unir le pays". Mais ses opposants critiquent un slogan vague sans stratégie cohérente pour remplir les objectifs affichés.

AFP
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Qu'est-ce que le "levelling up"?

L'objectif affiché consiste à s'attaquer au déficit dont souffrent certaines régions frappées depuis des décennies par un déclin économique en stimulant création d'emploi, formation et productivité. Il nécessite investissements et politiques dans des domaines allant du transport à la décentralisation, et fixe des objectifs à atteindre d'ici à 2030. Mais le gouvernement conservateur insiste: il ne s'agit pas d'une redistribution de richesses. "Nous ne pensons pas qu'on peut rendre les régions pauvres du pays en rendant les régions riches plus pauvres", a déclaré
Boris Johnson l'année dernière.

Quand cela a-t-il commencé ?

Les références remontent à des décennies, mais Boris Johnson a déployé le slogan - aux côtés de sa promesse de "réaliser le Brexit" pendant la campagne électorale de 2019. Tous deux faisaient partie de son programme, représentant un appel aux électeurs traditionnels de l'opposition travailliste dans le centre et le nord
de l'Angleterre.

Pourquoi est-ce nécessaire ?  

Le Royaume-Uni présente parmi les disparités régionales les plus criantes chez les pays développés, selon de nombreux organismes comme l'Institute for Fiscal Studies. Londres et le sud-ouest de l'Angleterre surpassent le reste du pays dans tous les domaines, productivité, emploi, richesse relative. Cette tendance vieille de plusieurs décennies a été en partie alimentée par des dépenses publiques plus élevées dans ces régions dans la recherche et l'innovation, un facteur clé pour la productivité, ainsi que des investissements plus importants dans l'éducation.

Quelles sont les régions ciblées ?

Le calendrier du gouvernement est si large que le tant attendu document d'orientation publié en février comportait des sections pour que toutes les régions reçoivent financements et projets, y compris à Londres et le Sud-Ouest. Mais intrinsèquement, cette politique cible les villes laissées pour compte, en particulier dans les anciennes régions industrielles du centre et du nord de l'Angleterre et les régions côtières déshéritées.

Qu'est-ce qui est inclus ?

Le document de plus de 300 pages comporte 12 "missions" à accomplir d'ici à 2030 dans tous les domaines, de la délinquance en passant par la santé ou le logement. Le programme prévoit un éventail de réformes à court et long terme et des promesses de financement. Le gouvernement a annoncé pour ce faire des milliards de livres sterling d'investissements, dont 2,4 milliards de "fonds villes" et 2,6 milliards de "fonds de prospérité partagée" pour compenser les précédents fonds régionaux européens, et 4,8 milliards de "fonds nivellement".


D'autres initiatives comprennent la relocalisation d'emplois dans l'administration de Londres et du Sud-Ouest, la création de 10 ports francs, et encourager la décentralisation. Le ministre des Finances Rishi Sunak a également modifié la manière dont les subventions pour l'investissement sont calculées afin que les projets ayant un important impact régional soient prioritaires.

Où en est-on ?

Les promesses de Boris Johnson sur le sujet ont subi un feu constant de critiques, lui reprochant de n'être qu'un slogan transformé en politique aux ambitions irréalistes, trop large et gravement sous-financée. Cercles de réflexion, universitaires et autres se sont tous penchés sur les progrès du gouvernement ces derniers mois, les jugeant insuffisants.
L'Institute for Government a estimé que la douzaine de missions "ne réduira pas les inégalités régionales", tandis qu'une analyse de Bloomberg a conclu qu'elles s'élargissaient en réalité sous Boris Johnson.
Ses détracteurs affirment que le dirigeant conservateur, qui a survécu récemment à un vote de défiance, a été détourné par une série de scandales. Ses défenseurs mettent en avant la pandémie et la crise du coût de la vie, et avertissent que de nouveaux investissements mettront du temps à porter leurs fruits. Mais récemment, une commission parlementaire a critiqué à son tour le modèle de financement pour distribuer les fonds, accusant le gouvernement de "jouer" des milliards de livres.

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