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Martin Parr : mort d’un chroniqueur satirique de la vie britannique
Martin Parr à Somerset House le 17/05/2025 - photo F. Joyce

Martin Parr : mort d’un chroniqueur satirique de la vie britannique

Entretien exclusif et exceptionnel de Français à Londres, avec Martin Parr l’un des observateurs les plus incisifs et les plus influents de la culture moderne, le 17 mai 2025, quelques mois à peine avant sa disparition

Francine Joyce
Membres Public

 Ce dimanche 7 décembre, les agences de presse internationales annonçaient avec une infinie tristesse la mort du photographe britannique Martin Parr. Nous l’avions rencontré il y a quelques mois à Somerset House pour parler de ses images, savamment sur-exposées et saturées en couleurs, de sa manière presque intime de mettre en lumière nos excentricités et nos faiblesses, et de documenter avec un humour subtil et parfois une ironie mordante notre société hyper matérialiste.

Martin Parr et Francine Joyce, notre journaliste de Français à Londres le 17/05/2025

Souriant, décontracté, bronzé avec un regard d'adolescent poète, il nous présentait, ce 17 mai dernier, son dernier album : “No Smoking” : 73 photos prises entre 1970 et 2019 pour mettre en lumière l’évolution de la culture de la cigarette au cours des 5 dernières décennies.

album “No Smoking” de Martin Parr

Ce jour là, il nous expliquait sa fascination pour les Britanniques : « Je  pense, que c’est parce que l’identité britannique est si diverse et si intéressante, et parce que je suis moi-même britannique. La question, pour moi, est : comment capturer cette nation folle dans une série de photographies ? C’est un défi constant. Je suis guidé par la curiosité. Le monde dans lequel nous vivons me fascine, et j’aime l’interpréter et le transformer en images. Ce n’est pas une tâche facile, mais ce processus m’enthousiasme. Grâce à la photographie, j’aime créer de la fiction à partir de la réalité. J’aime prendre les préjugés naturels de la société pour leur donner une nouvelle tournure ».

Aujourd’hui, "deux livres plus tard", Martin Parr est l’un des photographes documentaires les plus reconnus de sa génération. Il laisse une oeuvre considérable - plus de cent livres qui relèvent de la sociologie, de l’art et de l’anthropologie.

Né en 1952 à Epsom, dans le Surrey, et encouragé par son grand-père, il s’est passionné pour la photographie et a étudié ensuite à la Manchester School of Art.

Martin Parr - photo F. Joyce

J’ai commencé en noir et blanc pour célébrer la société ; puis au début des années 1980 j’ai basculé vers la couleur saturée et l’usage du flash en plein jour, pour apporter une vision plus critique du monde contemporain.”

Ses images emblématiques parfois criardes voire grotesques de New Brighton, (une station balnéaire délabrée près de Liverpool), reflètent l’esprit de la Grande-Bretagne de l’ère Thatcher tout en rappelant la tradition des cartes postales franchement kitsch de l’époque. Avec le temps, Parr s’est orienté vers des thèmes plus larges : le consumérisme, le tourisme de masse et la mondialisation, Dans “Common Sense, il utilise des couleurs vives et des gros plans exagérés pour explorer les excès du capitalisme contemporain. Des motifs récurrents — visages, chapeaux, pieds, nourriture, chiens — créent un catalogue instantané et grinçant de nos travers familiers.

Réputé comme chroniqueur de la vie provinciale en Angleterre, Parr observe les comportements humains, documente les différentes classes sociales d’Angleterre et du monde occidental en général.

Tres apprécié en Asie, ses œuvres figurent dans les plus grands musées mondiaux, dans les collections du Museum of Modern Art de New York, du Victoria and Albert Museum de Londres ou encore de l’Irish Museum of Modern Art à Dublin.

Aujourd'hui c'est avec une grande émotion que nous lui rendons hommage.

photos Martin Parr

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