Publicité



Anoushka Rava incarne le melting pot

Anoushka Rava incarne le melting pot

Le multiculturalisme, voilà de quoi se revendique Anoushka Rava. Dans son spectacle, Melting Pot qui se tiendra le 2 et 5 août au Museum of Comedy et au Canal Café Theatre, l’humoriste, actrice et auteur franco-iranienne vous fera rire et voyager sans que vous quittiez votre fauteuil.

Alexis Gourret
Membres Public

Depuis 1 an et demi le monde du théâtre et du stand up tremble face à la pandémie, Anoushka Rava, elle, en a profité pour apprendre, tester et mettre en scène son premier One Woman Show « Melting Pot ». À deux semaines de la première, elle a accepté de nous accorder un entretien pour revenir sur son parcours et la genèse de son spectacle.

Un parcours pas comme les autres

Anoushka Rava a pour ainsi dire une vie et un parcours très atypique. Née à Londres d’un père Iranien installé depuis 40 ans en Angleterre et d’une mère française, c’est en France qu’elle a vécu la majeure partie de sa vie. Les nombreuses traversées de la manche pour aller voir son père resté sur place lui a très vite permis de devenir complètement bilingue. Une chance pour celle qui rêve des États-Unis. Mais pour le moment restons dans l’hexagone où Anoushka découvre très jeune sa plus grande passion, faire rire. « A 8 ans, j’ai demandé à ma mère de m’inscrire à des cours de théâtre. À l’école, je faisais rire mes camarades, mais à l’époque, il n’y avait pas de cours de stand up donc je me suis dit, c’est quoi le truc qui se rapproche, c’est le théâtre ». Si elle se voyait déjà entrer dans les grandes écoles d’art dramatique pour apprendre le métier, la pression familiale, notamment celle de son père, la contraint à commencer un parcours plus classique. « Pour les Iraniens, c’est un échec pour les parents si les enfants ne vont pas à l’université. Il m’a dit de d’abord avoir un diplôme pour pouvoir être sûr de travailler après. » Un souhait qu’elle réalise à contre-cœur. C’est donc après une prépa à science-po, un cursus en anglais à l’université américain de Paris et un job de journaliste en Côte d’Ivoire plus tard qu’Anoushka décide à l’âge de 21 ans d’intégrer la London Academy of Music and Dramatic Art (LAMDA). Après un passage en 3ᵉ année aux Ateliers du Sudden dirigé par Raymond Acquaviva, Anoushka Rava décide de partir à Los Angeles. « J’y suis resté de 2012 à 2016, j’ai écrit, joué et réalisé différents court-métrages dont Connected sortie en 2016 ».

De retour à Londres, l’humoriste et comédienne franco-iranienne débute sa carrière d’actrice en jouant dans de nombreuses publicités, mais aussi dans la pièce de théâtre le Misanthrope, dans le rôle de Célimène, avec la troupe Exchange theatre. Une collaboration qui a failli ne pas voir le jour. « J’étais tellement sûr de pas avoir le rôle à cause de mon métissage, que je suis arrivé en retard à l’audition. David Furlong m’a rappelé pour me demander pourquoi je n’étais pas arrivé à l’heure. Quand il a su les raisons, il a affirmé que c’était justement un profil comme le mien qu’il recherchait ». C’est ainsi qu’Anoushka a pu saisir la grande différence entre les Français et les Anglais dans ce milieu. « A Londres pour les castings, il y a rarement précisé une ethnicité précise, c’est seulement si la personne peut jouer le rôle, ce qu’elle dégage et c’est tout. J’ai plus travaillé en 5 ans à Londres qu’à Paris ». C’est en 2018 lors du Festival du Burning Man que l’artiste va avoir une révélation. Dans le cadre d’une séance de méditation elle se souvient de ce qui l’animait vraiment quand elle était petite. « J’ai eu des images de moi petite qui faisait rire les gens, je faisais des imitations, des accents et une prof avait même conseillé à mes parents de m’emmener chez l’orthophoniste, car j’avais une voix trop grave pour mon âge. Heureusement ils ne m’y ont pas emmenée et maintenant cette voix est devenu mon outil de travail, une belle revanche sur la vie ».

La genèse de Melting Pot

C’est décidé en 2021 Anoushka jouera son premier One Woman Show. Une promesse faite à elle-même. Un spectacle qui tournera autour de ses origines et toutes les histoires qui en découlent, un spectacle qui célèbrera son multiculturalisme. Son objectif, devenir la voix de ceux qui se sentent déraciné. Et il y en a des choses à dire. Partout où elle voyage, ou elle habite il y a toujours des questions. En France, « d’où tu viens ? », au Maroc « Tu sais qu’en Iran c’est des musulmans chiites, nous on est des sunnites. Ok, mais moi je ne suis pas religieuse en faite », aux États-Unis son agent ne lui propose même pas les castings qui cherchent des Françaises, parce que « c’est pas à toi qu’ils pensent quand ils disent française. Mais ils ont déjà été en France, parce qu’il y a quand même 1/3 de la population qui me ressemble là-bas ». Même à Londres depuis le Brexit elle doit faire un passeport anglais alors qu’elle est né là-bas. « Quand j’étais petite je disais que j’étais française, maintenant je dis tout de suite que je suis franco-iranienne comme ça je n’ai pas de question ». Mais ce Melting Pot dont elle est issue n’est pas simplement géographique, mais est aussi lié à la religion. Avec une mère catholique, une grand-mère juive et un père musulman. Anoushka a toujours été bercée dans se mixe religieux où tout le monde se respectait et était ouvert d’esprit. « Tu vois ça fait la beauté de la chose aussi. Je devrais recevoir le prix Nobel de la paix ne serais-ce que pour exister à travers tout cet héritage-là. Entre ma mère qui m’emmène dans les églises, ma grand-mère juive qui me raconte ses histoires de la seconde guerre mondiale et ma grand-mère paternelle qui est musulmane et qui prie en portant le voile, j’ai tout à la maison ».

Tout cela, toutes ses différentes origines sont devenues, pour elle, la matière première pour nourrir son spectacle. Elle l’a écrit 5 minutes par 5 minutes en passant dans des scènes ouvertes pour tester ses blagues. C’est Jeff Vitale un membre de la troupe d’impro FBI (French British Improvisation) qui lui met le pied à l’étrier en lui proposant pour la première fois de passer sur scène. Son maitre mot « Et si ça, c’est vrai, quoi d’autre ? ». Prendre du recul sur les aventures qui lui sont arrivées pour en rire. Et c’est ainsi qu’au fur et à mesure Anoushka a construit un spectacle d’1h qu’elle jouera le 2 août au Museum of Comedy et le 5 août au canal café théâtre. Les deux dates en anglais. Pour la voir en français il faudra attendre le 17 septembre et se rendre à Paris au théâtre Bo. Mais tout cela n’aurait peut-être pas pu voir le jour sans le confinement.

Un confinement réussi

Forte de la promesse qu’elle s’est faite de monter sur scène avec un spectacle complet en 2021, Anoushka Rava, lorsque la Covid est arrivé, a décidé de trouver d’autres moyens de tester ses blagues. « Il y avait un groupe Facebook, où beaucoup de promoteurs de comédie club était sur zoom et du coup à la place de jouer sur scène on faisait ça en visioconférence, les humoristes demandaient une date de passage et voilà tu pouvais jouer ». Mais l’artiste ne s’est pas arrêté à zoom et c’est par son frère qu’elle a trouvé un nouveau canal de diffusion, l’application Club House, où elle s’est imposé comme l’une des Françaises les plus suivies. Le concept est basé sur le même principe que Zoom sauf que l’expérience est uniquement sonore. Plus que de raconter des blagues, ces lieux d’expérimentations lui ont aussi apportés beaucoup de contacts dans le milieu.

Aux États-Unis à Los Angeles ou à New York, mais aussi en France avec notamment le directeur du théâtre Bo où elle sera en représentation en septembre prochain. C’est en exploitant sa parfaite maîtrise des deux langues qu’Anoushka compte toucher le plus de gens possible, jouant son spectacle Melting Pot d’abord en Angleterre, puis en France sous le nom d’Amalgame.

De gauche à droite : Gad Elmaleh, Anoushka Rava, Jerry Seinfeld

En 6 mois, l’écrivaine et comédienne, loin de se décourager par la crise sanitaire a su tirer parti de la situation en s’implantant petit à petit aussi bien à Paris qu’en Angleterre. « Ce qui est dingue, c’est que 6 mois plus tôt j’étais à l’Apollo théâtre à Londres pour voir le spectacle de Jerry Seinfeld et je me prenais une master class de stand up d’un des plus grands et la je me retrouve dans les loges du Barbès Comedy club à Paris dans une scène ouverte à passer juste après lui ».

Un parcours incroyable qui n’est pas près de s’arrêter. Anoushka Rava après Londres et Paris n’exclu pas de partir dans quelques années à la conquête des États-Unis.

Commentaires

- Règles de la communauté -

Publicité - Pour consulter le média sans publicité, inscrivez-vous





Publicité