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« Jewels » à l’Opéra de Covent Garden : le somptueux retour de Balanchine
Un spectacle classique qui revient pour la première fois depuis 35 ans au Royal Opera House, modernisé mais toujours aussi romantique.
Un événement glamour dans le calendrier culturel londonien, « Jewels » reprend sous la vigoureuse direction artistique de David Hallberg, la célèbre chorégraphie de Georges Balanchine.
Il s’agit d’une reprise bien différente du spectacle prévu au départ en raison de l’éviction brutale du chorégraphe allemand Marco Goecke. Suite aux mauvaises critiques que celui-ci avait reçues dans la presse locale après la première, il avait étalé une crotte de chien sur le visage d’un journaliste ! Immédiatement renvoyé pour son comportement irrespectueux, son « Kunstkamer » a immédiatement été retiré de la programmation initiale. « Son geste inacceptable - a alors expliqué le directeur artistique David Hallberg, ne doit en aucun cas éclabousser le répertoire ni le travail brillant de notre troupe. Notre représentation est brillante ; elle doit émouvoir comme un vin pétillant »
L'incident explique certainement la tension palpable au cours de la conférence de presse du 31 juillet dernier. Et c'est dommage, car la qualité du programme s'annonce exceptionnelle.
Du 2 au 5 aout 2023, (avec en plus, le 6, une représentation de gala pour célébrer le 60è anniversaire du Australian Ballet), l'équipe artistique et les danseurs rendent hommage au 50 années de mise en scène de Georges Balanchine, prestigieux chorégraphe géorgien formé à St Petersbourg dans l’adoration de Tchaikovski et des ballets russes.
En trois mouvements distincts et sans lien narratif, la chorégraphie de "Jewels" ("Joyaux" en français) rassemble :
- la musique totalement différente de 3 compositeurs Gabriel Fauré, Igor Stravinsky, et Pyotr Ilyich Tchaikowsky,
- le romantisme français dans Emeralds,
- les rythmes syncopés de l'ère du jazz New Yorkais dans Rubies,
- et la majesté impériale de la Cour russe du XIXè dans Diamonds .
Ce spectacle de 2 heures s’inscrit dans la tradition classique avec des costumes et des diadèmes qui scintillent, des tutus vaporeux,
des pointes qui se déploient en arrondis nonchalants et aériens mais avec le style plus épuré et plus contemporain de Balanchine. Pour lui, les danseurs ne doivent plus uniquement servir de faire-valoir aux personnages féminins.
Sous un tempo frénétique, puis lent, danseurs et danseuses s’enroulent comme des lianes dans une géométrie parfaite et précise. Il y a assez de déséquilibre contrôlé dans leurs mouvements pour entrainer les spectateurs dans des cascades fougueuses d’une frénésie communicative. On ressent dans la précision de chacun des gestes, la direction exigeante de David Hallberg,
lui-même danseur étoile depuis 2005 et depuis 2011 au Bolchoï (une première dans l’histoire de la danse classique russe). Il est aujourd’hui danseur invité résident de l’Australian Ballet dont il a pris la direction en 2021. Sa visite à Londres aujourd’hui correspond au premier déplacement international du Australian Ballet sous sa direction.
Une soirée peuplée de Princes et de Princesses, qui vous éblouira par sa virtuosité, et sa magie comme la beauté des pierres précieuses.