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“La France a perdu une bataille mais elle n'a pas perdu la guerre”
Photo by Fas Khan / Unsplash

“La France a perdu une bataille mais elle n'a pas perdu la guerre”

Pour l'immense majorité des Français, ces quelques mots résument le combat engagé par Charles de Gaulle en juin 1940.

Jean-Pascal Sibiet MBE
Membres Public

Et pourtant, si curieux que cela puisse paraître, cette phrase n'a jamais été « prononcée » en public par le Général. On la cherche en vain dans le célèbre appel du 18 juin lancé des studios de la BBC. On ne la trouve pas davantage dans ses discours des jours suivants. On peut seulement la lire dans la proclamation que le chef de la France libre fait afficher sur les murs de Londres, en juillet et dans le Times du 5 juillet. 

525 ans plus tôt, “La France a perdu une bataille mais elle n'a pas perdu la guerre” aurait pu être prononcée à 200 km au Sud Est de Londres. Cette phrase célèbre nous vient d’une des plus grandes défaites françaises, cette fois-ci contre les britanniques : la bataille d'Azincourt.  

En pleine Guerre de Cent ans, cela fait un peu plus de 80 ans que le royaume de France et le royaume d’Angleterre s’affrontent pour des raisons dynastiques. Le roi Henri V, arrivé au pouvoir en Angleterre en 1413, réclame ses droits présumés sur la couronne de France et prépare son armée au combat dès son accession au trône. 

Rien ne prédisposait l’armée française à perdre cette bataille, au contraire : les soldats d’Henri V sont dans un état de fatigue extrême, après avoir parcouru quelque 200 kilomètres pour rejoindre Calais et l'armée royale française dispose d’un avantage numérique très important. 

Le Royaume de France se trouve face au Roi d’Angleterre. Par tradition, le Roi de France ne prend pas part à la bataille alors qu’Henry V bataille aux côtés de ses troupes. Le Roi de France, empêché, comptait sur l’Ost et les grands seigneurs du Royaume pour remporter la victoire sur les Anglais.

Supérieurement équipés et plus nombreux, pourquoi les chevaliers français ont-ils perdu cette bataille ?

Le lieu de l’affrontement est un un pré boueux de 900 mètres de large seulement, bordé de bois. L’étroitesse du champ de bataille transforme en effet l’avantage numérique des Français en véritable désavantage.

L’attachement des nobles français aux pratiques guerrières héritées de la vieille tradition de la chevalerie les pousse à charger l’ennemi à cheval, alors même que l’armée anglaise tire des flèches puissantes et a mis en place des pieux aiguisés devant ses rangs pour contrer les assauts des cavaliers. Aussi, l’absence d’un commandant suprême : les maigres troupes anglaises sont haranguées par le roi Henri V en personne, les troupes françaises sont constituées de différentes maisons, toutes rattachées à leur propre commandement qui s’embourbent littéralement dans la boue et dans les ordres contradictoires.

L’attaque française pleine de panache a été réduite très rapidement par la stratégie militaire britannique et leurs terribles archers. Le résultat est épouvantable pour les Français : une défaite cuisante et presque dix fois plus de morts. Il faut attendre 14 ans avant que d’autres batailles comme la levée du siège d’Orléans, avec Jehanne d’Arc, ne viennent renverser le cours de la Guerre–qui dura 116 ans au total– et libérer la France des Anglais et les rois de leurs revendicatifs cousins anglais.

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