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La nouvelle tendance Rétinol pour les moins de 15 ans

La nouvelle tendance Rétinol pour les moins de 15 ans

Selon une toute nouvelle étude, un quart des jeunes filles entre 9 et 12 ans utiliseraient des agents actifs pour entretenir la jeunesse et la souplesse de leur peau. Bonne ou mauvaise idée ? L'avis de la dermatologue.

Francine Joyce
Membres Public

Avant même l’adolescence, elles veulent rajeunir et cherchent le bonheur dans des pots de crèmes raffermissantes ! Au Royaume-Uni, un quart des pré-ados (entre 9 et 12 ans) appliquent quotidiennement sur leur visage, des couches et des couches de cosmétiques conçus pour des peaux adultes. Leurs comptes Instagram et Tiktok les érigent en mini “ Ambassadrices de Beauté” pour le plus grand bénéfice des marques de soins de peau qu’elles plébiscitent.

 Léa, la petite fille de 6 ans de Bradley Cooper avait déjà fait sensation l’année dernière pour sa première apparition publique, dans une robe léopard rehaussée d’un rouge à lèvres carmin écarlate et de vernis à ongles assorti. Un manque de naturel partagé aujourd’hui par des dizaines de milliers de petites filles – plus de 25% des moins de 14 ans selon l’étude britannique de Pai Skincare publiée ces derniers jours.

Si ce maquillage peu discret peut apparaître comme outrancier, voire vulgaire dans une cour de récréation,

il est toutefois une phase compréhensible dans la construction identitaire des pré-adolescentes. À cet âge, elles souhaitent s’approprier les gestes de leurs ainées pour s’affirmer comme des “grandes”. Étape souvent mal vécue par leurs parents qui voient dans cette puberté précoce une sexualité naissante. Le désir de séduire n’est pourtant pas le premier objectif des brossettes de mascara pour cils XXL qu’elles utilisent un peu trop généreusement. Leur but se situe plutôt dans l’image qu’elles veulent donner d’elles-mêmes comme membres d’un groupe d’amies en pleine métamorphose hormonale !

En revanche, l’utilisation d’anti-cernes, de gels repulpants, de nettoyants exfoliants ou de sérums anti-rides n’a aucun sens.

Elle peut même, comme nous l’explique Dr Bouvresse, dermatologue française à Londres, présenter des risques pour leur santé.

Dr Sophie Bouvresse - dermatologue à Londres ; photo F. Joyce

" La peau des enfants - explique-t-elle - est beaucoup plus fine et fragile que celle des adultes. Elle est plus perméable et peut absorber plus facilement des substances chimiques. Les produits cosmétiques pour adultes ne sont pas formulés pour cette sensibilité-là. Ils peuvent provoquer des irritations, des rougeurs, des allergies (eczéma de contact) et même des infections cutanées.

L'utilisation régulière de maquillage, en couches parfois épaisses peut poser des problèmes de “comédogénicité”, c’est-à-dire de blocage des pores pouvant causer l’apparition de points noirs. Il peut en résulter des acnés dites “cosmétiques”.

Par ailleurs, surtout si le démaquillage n’est pas soigneux, le maquillage lui-même peut aggraver la sécheresse de la peau et la rendre encore plus sensible. Ansi, l’exfoliation ou le nettoyage excessif risquent de sensibiliser la peau et de l’irriter ; tout comme le “slugging” ou “layering” excessif qui consiste à appliquer une épaisseur occlusive de Vaseline ou de grandes quantités de produits hydratants en couches successives pour optimiser la souplesse de la peau. Attention aussi au “sunscreen contouring” qui consiste à ne pas appliquer d’écran solaire sur certaines zones pour faire ressortir le bronzage."

Prendre soin de sa peau n’est-il pas une bonne habitude à prendre jeune ?

" Pour les moins de 12 ans, l’utilisation de savon doux pour le nettoyage est une bonne habitude. Une crème hydratante simple peut aussi être utilisée sur le visage et le corps en cas de sécheresse ou d’atopie (tendance à l’eczéma)

En cas d’exposition solaire il faut privilégier des écrans avec un indice de protection élevé SPF entre 30 et 50. La crème solaire doit être appliquée de façon régulière et en quantité suffisante pour être efficace.

Je recommande d’adopter des routines simples avec des produits de bonne qualité (par exemple avec marquage CE), adaptés aux besoins spécifiques de la peau des enfants. Il ne faut pas hésiter à demander conseil à un dermatologue."

Que penser des produits de soins contenant des substances actives comme le rétinol très populaires aujourd’hui chez les adolescentes ?

 "Il y a deux catégories de produits problématiques.

 Premièrement les ingrédients potentiellement nocifs . On peut les repérer sur les listes d’ingrédients au dos des emballages. Certaines applications (comme Yuka) donnent des indications sur les cosmétiques qui contiennent des perturbateurs endocriniens, des phthalates, certains conservateurs dangereux (parabènes, phenoxyethanol), des irritants et  allergènes : certains parfums, colorants, métaux lourds toxiques …

 Deuxièmement, les produits - ingrédients ou non -inadaptés. Il s’agit dans ce cas d’un mésusage. Les produits anti-âge, anti-imperfections ou exfoliants contenant du rétinol, des acides (AHA, BHA, acide salicylique) sont à proscrire chez les enfants. Leur peau se régénère naturellement trés vite mais ces produits n’ont aucune utilité et sont trés irritants pour eux.

 Il faut enfin prendre en considération le possible impact psychologique de cette recherche de perfection. En effet, l’utilisation précoce et excessive de maquillage fortement influencée par les réseaux sociaux (le phénomène des Sephora kid ) peut avoir un impact négatif sur l’estime de soi des enfants et sur la perception de leur image corporelle. Cela peut favoriser une insécurité, une anxiété sociale et une pression pour se conformer à des standards de beauté inatteignables."

 Merci à Louise pour son fascinant recueil de témoignages.

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