La production, enjeu du salon de Farnborough pour Boeing et Airbus
Le salon aéronautique de Farnborough au Royaume-Uni ouvre lundi ses portes sur fond de forte croissance des secteurs aérien et de défense dans le monde et de la difficulté des avionneurs à adapter leur production aux besoins.
Quelque 75.000 visiteurs professionnels et plus de 1.200 exposants sont attendus pendant cinq jours sur l'aéroport du sud-ouest de Londres, habituellement utilisé par les vols d'affaires pour ce salon bisannuel, l'un des plus importants au monde.
Cette grand-messe fait une belle place à la défense ou encore aux projets d'aéronefs décarbonés et est l'occasion d'un traditionnel match des commandes entre Airbus et Boeing. Mais s'il y aura vraisemblablement des annonces de contrats et d'intenses discussions commerciales, pour les deux grands avionneurs, l'essentiel est ailleurs.
Tous deux s'efforcent de régler leurs problèmes de production afin de livrer leur énorme carnet de commandes qui cumule près de 15.000 appareils, en hausse de 18% sur un an. Il est "incroyablement bien rempli, nous avons tout vendu jusqu'à la fin de la décennie", a observé la patronne de Boeing Commercial Aircraft, Stephanie Pope, à la veille de l'ouverture.
L'enjeu n'est pas là pour le géant de Seattle, empêtré depuis de longs mois dans des problèmes de production et de qualité sur ses trois avions commerciaux 737, 787 et 777, qui ont entraîné plusieurs enquêtes. "Nous voulons livrer des avions sûrs et de qualité, de manière prévisible et dans les délais impartis", insiste Stephanie Pope. Quitte à réduire la production le temps nécessaire avant d'augmenter la cadence.
"Lait sur le feu"
Sur les six premiers mois de l'année, Boeing a livré moins de ses avions best-sellers qu'au premier semestre 2023, le monocouloir 737 MAX (135 contre 211 appareils) comme le long-courrier 787 (22 contre 31 appareils). "Il ne s'agit pas d'un petit changement, mais d'un changement transformationnel", pour une entreprise qui veut instaurer une "culture de la responsabilité", insiste-t-elle. Comme un symbole des priorités actuelles de Boeing, l'avionneur a "ajusté sa présence au salon (...) tandis que le groupe se concentre sur le renforcement de la sécurité et de la qualité et sur le respect des engagements envers ses clients", indique-t-il: il n'expose aucun avion commercial à Farnborough.
Airbus, qui domine le cœur du marché avec ses monocouloirs de la famille A320, est de son côté engagé dans une augmentation ambitieuse de sa production. Alors qu'il avait réduit sa production à 40 A320 mensuels pendant la pandémie, et qu'il en a livré un peu moins de 44 par mois depuis le début de l'année, l'avionneur européen compte passer à 75 A320 mensuels en 2027, un objectif qui a été repoussé d'un an. "Nous faisons face à des vents contraires", a plaidé Christian Scherer, le patron des Avions commerciaux d'Airbus, qui a annoncé un programme de réduction de coûts.
Airbus est contraint par les difficultés de la chaîne de fournisseurs à monter en puissance après avoir été fragilisé par la pandémie, la hausse des taux d'intérêt, les pénuries et les difficultés à recruter. "Ce n'est pas comme si c'était le chaos, mais il y a des goulets d'étranglement", selon lui, notamment les équipements de cabine, les trains d'atterrissage pour avions gros-porteurs ou encore les moteurs, un sujet "que nous surveillons comme le lait sur le feu".
Mais les deux avionneurs peuvent aussi afficher de bonnes nouvelles : Boeing a lancé la semaine passée le processus de certification de son 777-9, son futur avion gros-poteur, censé entrer en service en 2025 avec cinq ans de retard.
A trois jours de Farnborough, Airbus a de son côté obtenu la certification du régulateur européen EASA pour son A321 XLR, version à très long rayon d'action de son avion-vedette. L'appareil, exposé au salon, doit effectuer des démonstrations aériennes tout au long de la semaine