Le renouveau de la danse classique

En cette rentrée politique et économique mouvementée, le National Youth Ballet balayait dimanche dernier, dans la célèbre salle de Sadler’s Wells à Angel, toute la grisaille urbaine et les nuages du ciel londonien.

Dès les premières notes de Mendelson et les premiers pas des danseurs, le spectacle « Re-Generation » exprimait avec fluidité et intensité le prisme multicolore de la vie, des cultures et du langage. Des costumes aériens qui s’envolent au cours de huit chapitres avec la légèreté des ballets classiques et puis très vite une créature malicieuse (interprétée par l’un des jeunes talents de la troupe – Miss Agathe Deligny) apparait pour bousculer les codes classiques avec sensualité et humour.

Démon noir avec des cornes pointues et la gestuelle délicate d’un félin, elle se retrouve, comme dans tous les livrets classiques, au cœur d’une forêt sombre et d’une histoire d’amour.

Mais ici, le rôle principal n'est pas donné au cygne blanc et pur parce qu’il n’y a pas vraiment de rôle principal. À l’instar des spectacles de danse moderne, aucun danseur n’est plus important qu’un autre, même si l’intrigue en détache quelques un dans des solos et des duos.

Les mouvements sont souples et liés, harmonieux mais ils s’intègrent à une chorégraphie contemporaine plus naturelle, plus au sol, pieds nus, sans pointes.

Une chorégraphie qui transforme les corps en instruments pour exprimer des émotions multiples et ancestrales - pas uniquement une virtuosité calculée. Grande maîtrise, technique parfaite et des mouvements qui viennent de l’intérieur, qui expriment physiquement l’image inconsciente du danseur et de sa relation avec le monde. Le spectateur est amené à voir au-delà de l’élégance des corps.

Les nouvelles générations de chorégraphes invitent les danseurs à exprimer par leur gestuelle dans le cadre de la mise en scène, le plus profond d’eux-mêmes… c’est un véritable bouleversement des conventions traditionnelles. Le corps « naturel » se révèle au travers du corps « culturel ».

La philosophie des nouveaux talents de la danse c’est un dialogue sans fin ni complaisance avec le public sur des thèmes mythiques et contemporains. Les nouvelles normes sont innovantes et plus inclusives.

Ce 4 septembre dernier, étaient à l’honneur : Shakespeare ( dans « Another Night’s Dream » de Matt Nicholson), Adophe Adam (« Giselle »), Benjamin Britten, les rythmes Brésiliens de Hermanos Guttiérrez, les blues de l’américaine Rhiannon Giddens …

En 2022, l’avenir de la danse se poursuit dans un idéal poétique avec ses exigences de virtuosité pour nous donner à nous, spectateurs un sentiment de liberté loin de la pesanteur du quotidien.

Merci Agathe et toute la troupe qui t’entoure pour cette soirée magique et les valeurs de générosité, de vitalité, d’humanité et d’amour que vous nous avez fait partager à Sadler’s Wells. Nous sommes repartis confiants dans un avenir plein de joie et de motivation.

La nouvelle danse est en effet une magnifique invitation à la « Re-Generation » !