Londres annonce un tour de vis pour réduire drastiquement l'immigration
Largement distancé dans les sondages par l'opposition travailliste à l'approche du scrutin attendu l'année prochaine, le gouvernement de Rishi Sunak s'efforce d'afficher une ligne ferme pour faire baisser l'immigration, qu'elle soit légale ou clandestine. Le tout avec en toile de fond la promesse de "reprendre le contrôle" des frontières grâce au Brexit.
Devant le Parlement, le ministre de l'Intérieur James Cleverly a promis lundi "la réduction la plus importante" jamais effectuée en terme d'immigration nette: "300.000 personnes de moins pourront venir au Royaume-Uni dans les années à venir par rapport à l'année dernière", a déclaré le patron du "Home Office".
Face aux députés, il a annoncé un relèvement du salaire minimum requis pour obtenir un visa de travail à 38.700 livres sterling (45.160 euros), comparable au salaire median à temps plein, contre 26.200 livres actuellement, soit une augmentation de 47%.
S'ils ne sont pas concernés par ce seuil, les salariés du secteur de la santé ne pourront plus faire venir leurs familles au Royaume-Uni, suscitant des craintes de la part d'organisations du secteur. NHS providers, organisme qui représente les groupements hospitaliers en Angleterre, a jugé "profondément préoccupants" ces changements qui risquent de dissuader des salariés du secteur d'essayer de venir au Royaume-Uni. L'association Care England a quant à elle souligné que l'immigration a "sauvé le secteur".
"Échec total"
Selon les statistiques officielles publiées fin novembre, l'immigration nette (différence entre les arrivées de ressortissants étrangers et les départs) s'est élevée à 745.000 personnes l'an dernier, soit bien plus que l'estimation initiale de 606.000 personnes.
Le ministre de l'Intérieur a en outre annoncé une réforme de la liste des métiers en manque de main d'œuvre et un dispositif pour s'assurer que les immigrés qui font venir des membres de leur famille soient en mesure de subvenir à leurs besoins.
Ces annonces, qui doivent entrer en vigueur au printemps, s'ajoutent à un resserrement des mesures visant les étudiants, qui à partir de janvier ne pourront plus sauf exceptions faire venir leurs proches au Royaume-Uni et une augmentation de 66% du montant que devront payer les étrangers pour avoir
accès au système public de santé, le NHS. Il devrait passer à 1.035 livres (1.200 euros), contre 624 livres actuellement, ce qui doit permettre d'engranger "en moyenne 1,3 milliard de livres pour les services de santé de ce pays", a déclaré James Cleverly.
A la Chambre des Communes, la députée travailliste Yvette Cooper a vu dans ces annonces "une reconnaissance d'années d'échec total de la part de ce gouvernement conservateur".
L'ancienne ministre de l'Intérieur Suella Braverman, limogée récemment par Rishi Sunak, a estimé que cet ensemble de mesures représente "un pas dans la bonne direction" mais qui arrive "trop tard". Outre une immigration légale record en 2022, les arrivées illégales de migrants par la Manche sur de petites embarcations a aussi flambé l'an dernier, avec 45.000 arrivées. Et ils sont près de 30.000 depuis le début de cette année.
Le gouvernement a durci sa législation sur le droit d'asile et à renforcé sa coopération avec d'autres pays, dont la France, pour lutter contre le phénomène. Il doit aussi annoncer un nouveau traité afin de pouvoir expulser vers le Rwanda des migrants arrivés illégalement sur le sol britannique, après un sévère camouflet de la justice britannique contre cette mesure phare de sa politique de lutte contre l'immigration illégale.