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Relance au Royaume-Uni: la ministre des Finances veut aller "plus loin, plus vite"
La ministre britannique des Finances, Rachel Reeves, a promis mardi de pousser "plus loin et plus vite" sa politique de relance de la croissance, en réponse à l'opposition, qui l'accuse d'être responsable des difficultés économiques du Royaume-Uni et qui réclame son départ.
Cette première prise de parole face aux députés était particulièrement attendue depuis le spectaculaire affaiblissement de la livre et la forte hausse des taux d'emprunt de la dette survenus la semaine passée.
Il s'agissait pour elle de couper court aux appels au départ, mais aussi de retrouver la confiance des marchés, confrontés à une croissance britannique stagnante et jamais vraiment convaincus par son budget, faits de lourdes hausses d'impôts et d'emprunts exceptionnels.
Rachel Reeves ne s'est pour cela guère éloignée de son discours habituel, s'en tenant à son programme budgétaire, qu'elle se dit "absolument déterminée" à respecter. "Les vents économiques contraires auxquels nous sommes confrontés nous rappellent que nous devons, en effet, aller plus loin et plus vite dans notre plan pour relancer la croissance économique", a-t-elle lancé. "Si nous y parvenons, la récompense qui nous est offerte, à nous, le peuple britannique, est immense", a promis la ministre, soulignant que les soubresauts économiques des derniers jours touchaient le monde dans son ensemble, pas seulement le Royaume-Uni.
La livre chute toujours
Les députés conservateurs n'ont pour leur part pas laissé passer l'occasion de réclamer à nouveau son départ, rejoignant ainsi leur cheffe de file, Kemi Badenoch, pour qui Rachel Reeves "s'accroche mais ne tient plus qu'à un fil". Ils voient dans la situation économique la conséquence de ses hausses d'impôts sans précédent, qui sapent le moral des entreprises et font courir un risque en matière d'emploi et d'inflation.
La pression des derniers jours a conduit lundi le Premier ministre Keir Starmer, assailli de questions sur le sujet, à devoir réitérer sa confiance dans la ministre, qui a maintenu ce week-end son déplacement en Chine sans répondre à l'inquiétude des marchés.
L'hypothétique départ, après à peine six mois, de Rachel Reeves, l'un des principaux visages de l'exécutif, risquerait d'aggraver encore le marasme économique, tout en plongeant le gouvernement dans une crise politique.
Les travaillistes font déjà face à la démission, annoncée mardi en fin de journée, d'une autre ministre, Tulip Siddiq, secrétaire d'Etat aux services financiers, citée dans des enquêtes au Bangladesh pour corruption visant sa tante, l'ex-Première ministre Sheikh Hasina.
A l'issue de l'intervention de Rachel Reeves, les taux d'emprunt de la dette sont restés stables – à un niveau plus vu depuis plus de 25 ans cependant pour celui à long terme --, mais la livre a poursuivi sa chute.
Choix cornélien
"La situation économique reste périlleuse", estime Kathleen Brooks, qui relève l'incapacité de Rachel Reeves à présenter des "mesures concrètes sur la manière dont elle entend stabiliser les finances". "Les marchés financiers pourraient ne pas (lui) accorder un long sursis", ajoute-t-elle, soulignant que les estimations mensuelles de l'inflation mercredi, puis de la croissance jeudi pourraient relancer les craintes sur les marchés.
"La vérité, c'est qu'il n'est pas possible de retourner la situation rapidement après 14 années de croissance médiocre et de baisse du niveau de vie", lorsque les conservateurs étaient au pouvoir, a jugé Rachel Reeves.
Reste qu'en l'état, les travaillistes risquent d'être contraints d'augmenter encore les impôts, de réduire les dépenses ou de limiter les emprunts, un choix cornélien pour un gouvernement qui a déjà largement perdu en popularité.
Selon un sondage Yougov pour le Times, le Labour arriverait certes en tête en cas d'élection au Royaume-Uni, avec 26% des voix, mais juste devant le parti d'extrême droite Reform UK (25%) et des conservateurs éreintés (22%). "Personne ne fait confiance à Starmer (...). Il a créé une crise financière en Grande-Bretagne", a récemment soutenu le milliardaire Elon Musk, bras droit de Donald Trump, ravi depuis des jours de s'en prendre au gouvernement britannique.