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Sadler's Wells : "La Belle au bois dormant " se réveille

Sadler's Wells : "La Belle au bois dormant " se réveille

A l’occasion des fêtes, Mathew Bourne dépoussière le plus beau conte de Charles Perrault à Sadler’s Wells

Francine Joyce
Membres Public

Du 1er décembre 2022 au 15 janvier 2023, la célèbre scène de Sadler’s Wells présente un chef-d'œuvre de la danse classique : « La Belle au bois dormant » de Tchaïkovski revisitée par le légendaire chorégraphe anglais Mathew Bourne. Dans un spectacle audacieux et visuellement foisonnant, le sommeil de la Princesse Aurore s’étale sur 100 ans depuis l’époque Edwardienne jusqu’aux temps modernes de Stanley Kubrick.

L’adolescence endormie de la jeune fille traverse les époques sans une ride au travers d’une série de tableaux frappants de poésie et d’imaginaire gothique. La mise en scène est impétueuse et débridée. Se succèdent des scènes que l’on dirait dessinées par Claude Monet, puis d’autres tirées du film « Moulin Rouge » de Baz Lurhmann , et pour conclure un épilogue dans l’esprit érotique de « Eyes Wide Shut ».

Rudolf Noureev voyait dans « La Belle au bois dormant » : “le ballet des ballets”. Le livret composé en 1890 est repris ici, 10 ans après la première version de Mathew Bourne à Sadler’s Wells en 2012 sur un mode cette fois-ci bien moins classique !

Certes, l’histoire débute avec la détresse infertile du roi Benedict et de sa douce épouse Queen Eleanor. Dans leur désespoir, ils acceptent l’aide ténébreuse de Carabosse et accueillent fébrilement l’adorable petite fille qu’elle leur confie. Parents maintenant comblés, ils peuvent compter sur la protection d’un essaim d’anges gardiens – Le Comte Lilac -Roi protecteur, Ardor ange de la passion, Hibernia fée de la renaissance, Autumnus prince de la générosité, Feral reine de l’esprit, and Tantrum gardienne de la lumière. Ensemble, ils offrent au bébé les plus beaux des cadeaux : la beauté et une jolie voix. Certes, le second peut paraitre futile car l’héroïne passe son temps à dormir ! Mais heureusement ici, cela ne l’'empêche pas de danser ni de séduire Léo - le beau jardinier du château. À l’époque Disney, il suffisait à une femme d’être belle, et timide - voire franchement passive – pour faire craquer un Prince ; Pour Mathew Bourne, une héroïne doit faire preuve de tempérament et de l’espièglerie. Ici donc, elle ne file pas de la laine, elle ne se pique pas avec un rouet … Carabosse, dépitée par le manque de reconnaissance du roi et de la reine meurt avant de jeter un sort de vengeance maléfique sur la jeune Aurore. Malheureusement son fils Caradoc entreprend d’assurer lui-même les représailles :

il ensorcelle la belle princesse avec une rose noire empoisonnée qui la plonge dans un profond sommeil. Dans sa léthargie, Aurore exprime inconsciemment toutes les ambivalences et les contradictions de l’adolescence alternant des phases de passivité avec une activité frénétique presque dangereuse comme ces jeunes qui veulent  « se prouver qu’on existe ». Aurore danse dans son sommeil comme un léger somnambule, fragile et provoquante, vulnérable et excessive, incontrôlable et fascinante. C’est le jardinier Léo, transformé en vampire immortel qui la réveillera, un siècle plus tard.

L’atmosphère est décadente et magique, les costumes somptueux, les danseurs exceptionnels.

Deux heures d’émotions shakespeariennes à couper le souffle !

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