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Tasting Menu: une exposition intimiste sur la poésie du quotidien
Avec Tasting Menu, l’artiste Eliza Kentridge présente dans un cadre ultra intimiste une sélection de ses œuvres cousues, brodées, et écrites.
L’exposition de l’artiste sud-africaine Eliza Kentridge qui s’ouvre ce soir à Londres dans un appartement face au British Museum est à l’image de son travail : délicat et intimiste. Tasting Menu présente pour la première fois ici dans la capitale les toutes dernières œuvres de l’artiste ainsi qu'une sélection d'une trentaine de ses travaux plus anciens.
Eliza Kentridge est née à Johannesburg en Afrique du Sud en1962. Après avoir étudié la littérature anglaise à l'université de Witwatersrand elle s’installe en Angleterre à la fin des années quatre-vingt afin d’étudier le dessin et la gravure à l'école polytechnique d'Oxford. Si son nom de famille vous est familier c'est peut-être parce qu’elle le partage avec son frère, l'artiste William, et que ses parents, Sydney et Felicia Kentridge, avocats spécialisés dans la défense des droits de l'homme, sont des figures de la lutte contre l'apartheid. Sydney a défendu Nelson Mandela lors du procès pour trahison de 1956, et il a également représenté la famille de Steve Biko lors de l'enquête qui a suivi sa mort. Le travail d’Eliza Kentridge est imprégné de cet héritage mais il est centré sur le quotidien et l'intérieur. Elle est particulièrement attentive aux détails sensoriels du passé dans lesquels s'enracine la mémoire : «Mes images sont souvent figuratives, mais pas toujours réalistes. Je fais beaucoup d'anthropomorphisme, ce que je fais depuis l'enfance. Je couds également depuis que je suis petite, mais c'est à l'époque où j'ai eu mon deuxième enfant et où j'ai vu les œuvres de Tracey Emin, Louise Bourgeois et les drapeaux Asafo que j'ai commencé à me réintéresser à ce moyen d'expression. (…) Je n'ai jamais été attiré par les paysages, je me suis toujours concentré sur la valorisation des moments domestiques méconnus".
Ses médiums de prédilections ? le collage, le dessin, et la broderie. Dans sa toute dernière oeuvre, pièce maitresse de l'exposition, l’artiste utilise désormai un matériau fragile et symbolique : des sachets de thé usagés qu’elle fait sécher et qu’elle cout ensembles afin de créer des tapisseries brodées. Cette idée est née d’un rituel quotidien qu’Eliza partage avec son père, aujourd’hui âgé de 101 ans. Ces sachets de thé sont les témoins de leurs conversations et de leur silence. Le processus de broderie nécessite patience et minutie. Il rend hommage aux soins invisibles et aux liens tissés dans ces rencontres autour d'un thé. Ces sachets tachés rappellent aussi les vieux textiles jaunis, les parchemins ou bien les peintures rupestres.
L’artiste produit une exploration intime et parfois surprenante de la question de la maison - la relation du moi au lieu et aux autres - et de la manière dont nous façonnons et sommes façonnés par les contours de nos souvenirs.
Eliza Kentridge a exposé à Londres, New York et Johannesburg, et ses œuvres figurent dans les collections de livres d'artistes de la New York Public Library et de la Library of Congress. Depuis 2012, elle a également régulièrement travaillé avec la papeterie Dieu Donné à New York, créant une série de peintures à base de pâte à papier.
En 2015 elle a publié son premier recueil de poésie, Signs For An Exhibition qui retrace la longue maladie de sa mère à travers des méditations sur sa propre enfance sud-africaine. Le livre a remporté le Debut Prize for Literature de l'université de Johannesburg en 2016 et, en 2022, plusieurs de ses poèmes ont été repris dans un cycle de chansons par le compositeur Philip Miller.
L’exposition est accessible sur rendez-vous du 1 au 9 février. Pour programmer une visite contactez Eliza Kentridge sur Instagram @elizakentridge.