Tim Burton au Design museum

 Depuis “Beetle Juice” (1988) , l’esthétique gothique et fantaisiste des films de Tim Burton a entretenu l’imaginaire de plusieurs générations. À l’aube de la sortie de la nouvelle version live de “Beetlejuice, Beetlejuice” avec Jenna Ortega, le Design Museum de Londres lui rend hommage. L’exposition présente plus de 500 objets qui retracent son parcours depuis l’enfance jusqu’aux tapis rouges, loin de l'environnement aseptisé et conformiste de sa jeunesse à Burkank !

Croquis, prototypes, maquettes, costumes, photos, lettres, scripts, affiches, dessins, accessoires de tournage… autant d’artefacts pour visiter l’envers du décor !

photo F. Joyce

Entre contes de fées macabres et comédies fantastiques ses films et ses animations font rimer frayeur avec douceur, infamie avec poésie. Ses scénarios ancrés dans ses propres fantasmes, bouleversent toutes les classiques “histoires de fantômes”. Ses monstres, plus ou moins fréquentables, apparaissent en fait comme plus “normaux” que les autres personnages. Ce sont eux les maléfiques, ces humains aux dents trop blanches, ces vivants aux rires grossiers qui finalement font fuir les zombies, les créatures squelettiques, “rapiécées”, couvertes de cicatrices qu’il met sur le devant de la scène.

photo F. Joyce

Le regard sombre de ces croque-mitaines excentriques, de ces anti-héros  singuliers mais attachants cache des personnalités et des sentiments complexes, moins hideux que l'âme des hommes et des femmes qui les entourent. Ils ne sont perçus comme monstrueux que par le commun des mortels qui les entoure. En réalité, ils n’ont rien d’affreux. Dans ces films, Tim Burton exprime la parenté qu’il ressent avec ces “excentriques” tristes, ayant été lui-même catalogué comme “différent”, “étrange”, “atypique”  dés l’enfance. Ses personnages “hors norme” traduisent son sentiment angoissé d’être composé de plusieurs morceaux éparpillés, comme si il cherchait son identité réelle et profonde au travers de ses oeuvres et des individus qui les habitent :

Des femmes, solitaires et au coeur pétrifié qui regardent vers le ciel dans un questionnement à la fois “existentiel” et naïf :

Des jeunes filles comme des poupées de chiffon, amoureuses mais perdues qui cherchent leur place parmi les autres. On lit pourtant dans leurs grands yeux un émerveillement enfantin touchant ;

Des hommes et des clowns (auto-portraits fantastiques ?) en décalage avec la société, qui semblent dans l’incapacité d’être compris et cherchent désespérément à s’intégrer. Mais leurs tentatives de socialisation restent vaines car leur voisinage ne parvient pas (et ne souhaite pas) faire abstraction de leur apparence étrange.

Des bébés tueurs à l’apparence terrifiante,

Des animaux (chiens ailés au nez pointus, poissons aux dents tranchantes, serpents à rayures, araignées aux pattes tentaculaires, insectes poilus, moutons couverts de laine globuleuse...)

Et des créatures plus ou moins deshumanisées… à commencer par les squelettes moqueurs et joyeux ( “ Noces funèbres”), qui dansent, jouent du piano, portent des chapeaux melon, lancent des boules de neige !

Tim Burton intègre le fantastique au monde réel dans des décors de villes fantôme aux perspectives surprenantes, aux lignes directrices brisées et déformées. L’ambiance onirique vous fait naviguer entre rêve et réalité entre noirceur et couleurs

Ses décors sont peuplés de robots aux yeux rouges ou clignotants, de champignons géants, de toiles d'araignées gigantesques.

Ses univers à la fois enchanteurs et chimériques tentent de se mélanger mais ne font que se côtoyer comme le bien et le mal (tel Sweeney Todd, le barbier diabolique qui assassine ses clients pour les transformer en tourtes dans le « pie shop » de Mrs Lovett), les morts et les vivants, les gentils et les méchants. Le cinéaste utilise cette dualité simpliste pour subtilement révéler d’autres questions bien plus importantes : les exclusions sociales et le rejet de la marginalité, la peur qu’engendre la difference. Rejetés par le monde extérieur, ses personnages s’enferment psychologiquement dans leur monde intérieur.

réplique du bureau de travail de Tim Burton - Photo F. Joyce

Conçue pour petits et grands, l’exposition propose de découvrir son espace de travail grâce à une réplique de son bureau. La visite progresse comme un voyage fascinant dans le monde intérieur de Tim Burton. Elle permet d’appréhender son évolution artistique et de mesurer son immense impact sur le cinema américain comme en témoignent ses castings avec entre autres : Johnny Depp, Alec Baldwin, Geena Davis, Winona Ryder, Michael Keaton, Pierce Brosnan, Sarah Jessica Parker, Natalie Portman, Glenn Close, Kim Basinger Danny deVito, Jack Nicholson, Michael J. Fox…

Venez plonger dans l’univers paradoxal de Tim Burton où l’humour noir vient animer l’obscurité et la subversion comme dans un joyeux carnaval !

Le manège de Beetlejuice - photo F. Joyce

" The World of Tim Burton "

Design Museum , 224 - 238 Kensington High Street, London SW8 6AG

jusqu'au 21 avril 2025

Bienvenue ! photo F. Joyce