Publicité



Un coup de Trafalgar
Trafalgar Square à Londres ; Photo by George Ciobra / Unsplash

Un coup de Trafalgar

C'est un coup inattendu pour les marins français et fatal pour le vainqueur, mais de quel coup parlons nous ?

Jean-Pascal Sibiet MBE
Membres Public

« Oui, Mon général ! ». Cette locution de politesse, familière des milieux militaires ou diplomatiques lorsqu’on s’adresse à un gradé masculin : vous ne l’entendrez pas dans la Marine. Et pour cause, l’usage du « Mon » (« Mon colonel », « Mon capitaine »), n’existe pas, ou plus exactement, elle n’existe plus. Pourquoi ?

La légende prétend qu’après la défaite de Trafalgar,  Napoléon, qui tenait pour responsables les officiers de la Marine nationale, décida qu’on ne leur dirait plus « Mon » devant leur appellation de grade, « Mon » étant le diminutif de « Monsieur ». Ainsi, il les punit en leur retirant cet honneur.

Pourquoi un tel déshonneur ? À la suite de la reprise des hostilités entre la France et le Royaume-Uni, le 18 mai 1803, après l'éphémère paix d'Amiens, Napoléon Ier commence à réunir une armée au camp de Boulogne dans le but d'envahir les îles Britanniques et d'en finir ainsi avec son plus coriace ennemi. 

La bataille de Trafalgar oppose le 21 octobre 1805 la flotte franco-espagnole sous les ordres du vice-amiral Villeneuve, à la flotte britannique commandée par le vice-admiral Nelson.

Si Nelson y trouve la mort, la victoire des Britanniques est totale, malgré leur infériorité numérique. Les deux tiers des navires franco-espagnols sont détruits et Napoléon, faute d'une flotte suffisamment importante, devra désormais renoncer à tout espoir de conquête du Royaume-Uni.

Cette victoire, sur laquelle ils communiquent allègrement, conforte également la suprématie britannique sur les mers, qui devient incontestée plus d'un siècle durant. Le 21 octobre est célébré dans tout l'Empire britannique sous le nom de Trafalgar Day pendant le XIXe siècle et au début du XXe siècle, avant que cette fête ne tombe dans l'oubli. 


Pour le bicentenaire de la bataille, les Britanniques ont organisé une très grande célébration étalée sur 6 jours. Le 28 juin 2005, Sa très gracieuse Majesté a procédé à la plus grande revue navale des 30 dernières années à Portsmouth avec 167 navires présents. 

La France, ex-belligérant, avait décidé de jouer la carte de l’amitié et sans le vouloir de la grandeur. Cinq navires français y prirent part et non des moindres. Le porte-avions Charles de Gaulle, le sous-marin nucléaire d’attaque la Perle faisaient partie des démonstrations lors des festivités. À la suite du dédit de l’US Navy d’envoyer un porte-avions géant de classe Nimitz, pour des raisons de sécurité, la France s’est donc retrouvée comme la représentation la plus spectaculaire avec son porte-avions nucléaire alors même que la Royal Navy n’en possédait pas. Le fair-play français s’est finalement transformé en opération de promotion inespérée de sa capacité navale, un peu à l’opposé du coup de Trafalgar enduré par les marins de Napoléon Ier.

Commentaires

- Règles de la communauté -

Publicité - Pour consulter le média sans publicité, inscrivez-vous





Publicité