Une autre paire de manches
A la dernière glaciation (110 000-10 000 ans avant notre ère), ce chapitre n'aurait pas eu de sens. En effet la "France" actuelle était connectée "à pied sec" aux îles britanniques permettant aux mammouths de passer de Dover à Calais sans devoir nager. Depuis, les masses de glace présentes sur le continent ont fondu, faisant remonter le niveau de la mer et des océans de plusieurs dizaines de mètres.
Aujourd'hui, le Pas de Calais est un détroit de la Manche. La France et l'Angleterre sont séparées par 33 km entre le cap Gris nez et Dover. Le nom "La manche" aurait été donné car ce détroit rappelle l'étroitesse d'une manche de vêtement.
Au-delà du caractère étroit, traverser d'une traite en bateau n'est pas une mince affaire avec des vents parfois supérieurs à 7 Beaufort, des courants forts, un régime des marées plus vif en raison du goulot et plus de 400 bateaux par jour.
Un moyen alternatif était donc nécessaire et les créatifs furent au rendez-vous. Dès 1751, un géographe français, Nicolas Desmarest, propose à Louis XV de relier les 2 pays. Au début du XIXe siècle, l'idée de tunnel s'ancre, et un Britannique propose d'immerger un tube en acier.
Finalement un projet de tunnel ferroviaire foré sous les fonds marins fut accepté par Napoléon III et la Reine Victoria. Malmené par la défaite franco-prussienne et l'exil de Napoléon III en Angleterre, les travaux d'excavation démarrent quand même des 2 côtés mais des raisons économiques et la crainte d'une invasion par le tunnel enterrent le projet.
Après plusieurs tentatives, il faut attendre 1981 et le premier sommet franco-britannique de François Mitterrand et de Margaret Thatcher pour relancer le projet.
Depuis le 6 mai 1994, l'inauguration du tunnel sous la Manche, permet de relier par voie ferroviaire les deux côtés de la Manche, sans interrompre pour autant les liaisons maritimes.
Décrite comme une des 7 merveilles du monde moderne, c'est actuellement le tunnel ayant la section sous-marine la plus longue du monde et qui permet de traverser la Manche en 35 minutes.
Il permet le transit de 11 millions de passagers confortablement installés dans des rames Eurostar qui foncent à 160 km/h dans le tunnel à 75 mètres sous le niveau de la mer. Si la majorité des passagers sont britanniques, il y a également beaucoup de Français à rejoindre la perfide Albion (ou à revenir vers la mère patrie), et ensuite près d’un tiers d’autres nationalités.
Si ce train est très utile pour favoriser le tourisme et les séjours linguistiques, il reste extrêmement prisé par les passagers d’affaires (40%).
Au-delà des passagers, le tunnel revêt une importance très forte–voire vitale– pour les Britanniques et les européens car un quart de nos échanges commerciaux passent sous la Manche. Au délà des marchandises, le tunnel sous la manche et ses navettes “Shuttle” transportent 1,4 millions de camions et autant de voitures, autocars, motos et camping-cars de Britanniques amoureux de la France (et de nos voisins européens) et les Français fascinés par le pays des scones, whisky et cornish pies.