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À la rencontre d'Hélène TREHEUX-DUCHÊNE, nouvelle ambassadrice de France au Royaume-Uni

À la rencontre d'Hélène TREHEUX-DUCHÊNE, nouvelle ambassadrice de France au Royaume-Uni

Nous sommes allés à la rencontre d'Hélène Tréheux-Duchêne pour aborder ses missions, ses objectifs et ses envies dans ce nouveau poste.

Liloïe Cazorla
Membres Public

Depuis novembre 2022, elle occupe le poste d'Ambassadrice de France, un rôle complexe et capital pour le rayonnement de la France au Royaume-Uni et toute la communauté française qui y est installée. Après un Brexit mouvementé et une pandémie toujours présente, les défis à relever sont nombreux et les objectifs pluriels.

Votre parcours riche et éclectique vous a mené outre-Manche aux fonctions d'Ambassadrice de France au Royaume-Uni. Pouvez-vous vous présenter ?

Avec plaisir ! Je suis Hélène Duchêne, j’ai 59 ans. Je suis née à Nancy en Lorraine, où j'ai étudié jusqu’au Baccalauréat. Je viens d'une famille d'universitaires qui étaient heureux de servir l’Etat et qui m’ont donné le goût du service public.  Je suis intéressée par la littérature et les lettres, et j’ai d’ailleurs choisi de faire une maîtrise de lettres modernes consacrée à Marguerite Duras. J'ai toujours été intéressée par les langues et les relations internationales. Cela a très certainement déterminé mon choix de carrière. C'est pourquoi, en 1984, je suis entrée à l'Ecole Normale Supérieure, puis Sciences Po pendant deux ans avant d'intégrer l'ENA. À la sortie, en 1989, j'avais 24 ans et j’ai choisi le Quai d’Orsay. Je savais que c’était un pari difficile, car la vie de diplomate implique beaucoup de choses compliquées d'un point de vue familial et professionnel, mais j'ai la chance d'avoir un époux qui a le souci d’encourager et de soutenir ma carrière. J’aime mon pays, les valeurs qu’il porte et je suis fière de le représenter.
Les questions européennes m'ont toujours passionnée. En effet, je suis née dans une région qui a été très affectée par les conflits mondiaux et le projet européen, avec ce qu’il porte de réconciliation, de coopération et de paix, est pour moi fondateur et déterminant pour l’avenir de notre continent. J’ai donc consacré ma carrière aux questions européennes à la Direction des affaires juridiques du Ministère des Affaires étrangères où je m’occupais de droit communautaire puis comme Première Secrétaire à la Représentation permanente de l’OTAN à Bruxelles.
J'ai ensuite rejoint le Cabinet du ministre de la culture et de la communication
en tant que conseillère technique chargée des relations internationales et européennes, où nous avons porté ce qui est devenue la convention de l’Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Lors de mes postes suivants, j'ai eu la chance et le plaisir d'ajouter de nouvelles facettes à mes connaissances : coopération universitaire et culturelle, questions politico-militaires, défense européenne, terrorisme, gestion des ressources humaines, mise en place d’une politique d’égalité et de diversité.

En tant que femme, quels sont les challenges que vous avez dû relever ?

Quand j’étais étudiante je n’ai jamais considéré que le fait d’être une femme serait d’emblée un frein à ma carrière. Le modèle de ma mère, qui a fait une très belle carrière en médecine, m’a certainement encouragée et c’est ce qui me permet d’affirmer aujourd’hui que la représentation est très importante. Certes, le milieu de la diplomatie n'est pas très féminisé, mais les choses ont beaucoup évolué. Un livre qui permet une immersion en coulisses est celui de Suzanne Bidault, Par une porte entrebâillée. Elle a été la première femme admise au Quai d’Orsay comme attachée d’ambassade en 1930.
Pendant quelques années j’ai pris la direction de l’association Femmes et Diplomatie qui aide à la mise en place des conditions facilitant l’exercice de ce métier (calendrier des nominations plus précoce, prise compte de la situation des conjoints et des familles…).
Le plafond de verre apparait au moment où l’on commence à demander des responsabilités, mais cela m’a plutôt encouragée à dire que c’était réversible et à m’engager pour les femmes.
Aujourd’hui, on compte 64 femmes pour 200 postes d’encadrement supérieur. Et je pense qu’au-delà des chiffres, une organisation plus paritaire, plus équilibrée, est aussi plus juste et plus efficace.

Quelles sont vos priorités en tant qu’ambassadrice de France au Royaume-Uni ?

Je suis consciente de l’honneur que m’a fait le Président de la République en me confiant ce poste et je mesure la responsabilité qui est la mienne.
Depuis mon arrivée, il y a deux mois, j’ai tenu à faire le tour des services et des opérateurs  afin d'une part de me présenter, mais aussi pour mettre « l’équipe France » en ordre de marche. Après la période COVID, les échanges redémarrent et il est important d’accompagner et d’encourager ce mouvement. Tous ces services sont très investis, et c’est primordial, au bénéfice de nos intérêts français et d’une large communauté qui compte sur nous, et qui compte pour nous. Une de mes priorités est d’aller à sa rencontre.
Un autre de mes objectifs est de renforcer la relation avec le Royaume-Uni, un partenaire avec lequel nous entretenons des liens historiques et qui est également un de nos principaux partenaires économique, scientifique et culturel. Nous partageons les mêmes valeurs de démocratie, de multilatéralisme, nous sommes engagés aux côtés de l’Ukraine. Nous luttons ensemble contre le réchauffement climatique et pour la transition énergétique. Mon rôle est d’encourager les convergences et d’aider au développement des coopérations. À cet égard, nous avons des projets très importants, notamment dans le secteur nucléaire, que j’ai eu l’occasion de visiter. Je souhaite travailler avec les autorités britanniques mais aussi rencontrer la société civile et les acteurs économiques. Qu'il s'agisse des entités universitaires ou scientifiques par exemple, il est nécessaire d'entretenir et faciliter des liens fluides. Se rendre dans les universités, parler de la situation, écouter les communautés permet ainsi de comprendre et décrypter ce pays qui est extrêmement riche d’idées et de connaissances. J’ai tout récemment rendu visite au maire de Bristol, et ai également pu rencontrer un des  lauréats 2022 du programme bilatéral des Young Leaders qui exerce son activité dans un incubateur implanté dans cette ville. J’ai aussi l’intention de me rendre en Irlande du Nord et en Écosse car il indispensable d'aller sur place pour comprendre et interagir.
Ma priorité est également, bien entendu, de défendre et illustrer les intérêts français. Notre langue est internationale et il est important d’encourager son apprentissage. Nos opérateurs économiques, nos étudiants peuvent également avoir besoin de soutien.  

Lors des Business Awards de la chambre de commerce, j'ai eu le privilège de discuter avec plusieurs acteurs de la vie entrepreneuriale et nous allons travailler ensemble sur leurs attentes, leurs difficultés et l'aide que nous pouvons leur apporter.  
C’est un programme, évidemment très ambitieux mais je ne suis pas seule car j’ai la chance d’avoir une équipe France très experte et investie à mes côtés.

La France et le Royaume-Uni s’apprêtent à tenir des échéances bilatérales très importantes en 2023, que peut-on en attendre ?

D’abord, il faut souligner le côté symbolique de la relance de ces rencontres puisque le dernier sommet bilatéral s’est tenu en 2018. Et en effet, il est important que de telles échéances aient lieu comme l’a indiqué le Président de la République. Une partie importante de notre dialogue sera consacrée à la Défense qui est un volet historique et très substantiel de notre coopération. Nous avons d’ailleurs formalisé plusieurs axes de cette coopération en 2010 dans le traité de Lancaster House.
Nous aborderons également la question de l’énergie ainsi que de nombreux sujets bilatéraux comme multilatéraux sur lesquels nous allons avancer ensemble.
Le rôle de l’ambassade va être de préparer et faire le lien avec les autorités parisiennes et britanniques afin de déterminer des priorités, ce qui me semble important dans cette période où tout repart.
La communauté française a parfois le sentiment que sa situation, après le Brexit, s'est compliquée et je veux lui venir en appui face à cela. La question des échanges humains sera également abordée dans les rencontres bilatérales.

Pour conclure, quel message souhaitez-vous adresser à nos lecteurs ?

La France a la chance de pouvoir s’appuyer sur une communauté importante et dynamique. Elle constitue l’un des ciments des relations bilatérales et  je me réjouis de la rencontrer. La relation est construite grâce à sa présence, son implantation et ses conseils. Nous comptons sur nos compatriotes tout autant que nous sommes là pour eux. Ensemble, nous allons travailler à une excellente année 2023 !

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