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En 2025, la cantine est-elle la meilleure option pour nos enfants ?

En 2025, la cantine est-elle la meilleure option pour nos enfants ?

Résultats des toutes nouvelles directives internationales sur l’alimentation des jeunes à la maison et à l’école.

Francine Joyce
Membres Public

La cantine : un sujet presque mythologique qui cristallise bien des mécontentements.

Des enfants qui ne mangent que du pain à midi, un bruit infernal, des cuisiniers parfois sans formation, des sauces aux noms très poétiques mais à la texture bien gluante pour ne pas dessécher les viandes réchauffées après livraison en chambres froides par une cuisine centrale industrielle… Au final une moyenne de 120g par plateau-repas jetés chaque jour à la poubelle et des enfants qui retournent en classe le ventre à moitié vide. Sans énergie ils ont des difficultés de concentration, de mémorisation et d'apprentissage en général. Fatigués, ils se bourrent de bonbons qui les rendent hyper actifs et mettent en danger leur état de santé général.

Mais aussi souvent, la cantine scolaire est pour eux un grand moment de découvertes, de partage et de complicité.

Nos enfants ont un cerveau, ils ont aussi un corps.

Quel que soit leur age, nous savons tous, que leurs performances académiques, leur santé et leur équilibre psychique sont étroitement liés à leur alimentation. Or, comme ils ne prennent pas tous leurs repas à la maison, assurer une nutrition optimale devient vite un défi hyperbolique. Rappelons que presque tous les élèves vont à la cantine pendant au moins une partie de leur scolarité. Environ 75% y mangent au moins une fois par semaine, et 60% au moins 4 fois par semaine.

Or, comme pour les Ehpads, ceux qui gèrent et ceux qui paient la cantine ne sont pas ceux qui y mangent. Ainsi, les parents se basent sur les récits souvent bien énigmatiques de leurs enfants. La plupart du temps, on les inscrit parce qu’on n’a pas vraiment le choix. Les menus affichés devant l’école ou sur une application semblent offrir des plats savoureux parfois exotiques, des menus variés, des sauces goûteuses, des logos « Haute Valeur Environnementale », « pêche durable », "AB", "Viandes de France", "Label Qualité". Cela nous rassure, et on se dit que si notre chérubin affirme que ce n’est pas bon, c'est peut-être qu'il / elle est simplement un peu difficile. D’ailleurs, "à la maison, il se plaint de tout !"

On ne s’attarde donc pas trop sur les détails de peur que l’administration scolaire nous suggère une exclusion du réfectoire si on n’est pas contents. Et puis, on sait que les établissements scolaires doivent suivre les recommandations nationales. C'est rassurant car celles-ci évoluent constamment au fils des avancées de la recherche médicale. Ainsi en 2025, un consensus international propose une nouvelle pyramide de l’alimentation et du mode de vie des élèves pour promouvoir leur bien-être et leur développement.

Ce nouvel outil se base sur des études épidémiologiques à l’échelle mondiale, des essais cliniques et des méta-analyses internationales. Qu’ils déjeunent à la maison ou à l’école, quels sont donc les grands points à retenir de ces nouvelles directives diététiques ?

Entrée + plat + produit laitier et/ou dessert : la restauration scolaire en France est et restera le reflet de notre culture gauloise. Mais à partir de cette rentrée 2025, il est vivement conseillé de  :

-              consommer 3 produits de la mer (dont 2 poissons gras) + 3 portions de légumineuses +  3 à 6 oeufs par semaine pour un bon apport en acides aminés et protéines,

-              limiter la consommation de viande rouge à 2 portions par semaine et éviter celle de viande transformée (1 portion maximum par semaine),

-              limiter l’usage de sel en le remplaçant par des herbes ou des épices,

-              prendre 3 à 4 portions de produits laitiers  (lait, yaourt, fromages et autres produits laitiers fermentés), pour leurs apports en protéines de haute valeur biologique, de minéraux (calcium, phosphore...), de vitamines pour booster la flore intestinale et la santé osseuse,

-              prendre des céréales (de préférence complètes), des fruits et des légumes à chaque repas principal pour couvrir la majeure partie des besoins en énergie (physique et intellectuelle), en vitamines, en minéraux et en fibres en variant les produits.

-              consommer des crudités tous les jours en préférant les fruits entiers plutôt que les jus de fruits (à Index Glycémique très élevé).

-              consommation journalière de 30 à 45 g de fruits à coque (amandes, pistaches, noix…) sans sel ajouté.

-              Pour les desserts, fruit frais ou à coque et produits laitiers fermentés (type Kéfir) peuvent avantageusement remplacer les gâteaux et sucreries pendant la semaine,

-              boire de 1,5 à 2 litres d’eau quotidiennement, et éviter les boissons sucrées

-              Un minimum 60 minutes d’activité physique (d’intensité modérée à forte) est essentiel tous les jours. Pour une bonne stabilité émotionnelle, la pratique sportive, quelle soit  individuelle ou collective, doit être axée sur le plaisir et le respect.

-              Respecter un rythme de sommeil adéquat (10-13 h/j pour les enfants et 8-10 h/j pour les adolescents),

-              Prendre le temps de partager une majorité de repas en famille.

Les travaux de  l’INRAE montrent que les menus qui respectent ces recommandations permettent des apports nutritionnels satisfaisants. Si en France ou dans les structures française de l’étranger, l'accent est ainsi mis sur une alimentation équilibrée avec des plats traditionnels et une dégustation structurée, les cantines britanniques offrent plus de flexibilité avec une tendance à privilégier les options rapides et moins formelles (sandwiches, wraps).

Surtout en Angleterre, la pause repas est plus courte (20 à 25 minutes). Or, plus la durée du repas est courte, plus les enfants se concentrent sur la consommation du plat de résistance et des aliments rassasiants (pâtes, riz, pommes de terre). Ils n’ont pas le temps pour les crudités de l’entrée, les légumes d'accompagnement et le fruit du dessert. En Moyenne, les jeunes qui mangent en moins de 20 minutes consomment 15% moins d’entrées, 18% moins de végétaux et 12% moins de lait (pour les plus petits) que ceux qui bénéficient d’un break de 30 minutes. Ceci explique en partie pourquoi en Angleterre le tiers des enfants de moins de 13 ans est en surpoids ou obèse.  

Cantine ou pas, c'est la notion de plaisir qui tranchera la décision. Tout effort investi dans la nutrition d’un enfant aura un impact considérable sur sa santé, son énergie, ses performances scolaires, sa concentration et donc son avenir. Lui offrir un temps de repas suffisant dans une atmosphère qui lui convient (à la maison ou avec ses camarades d'école) lui permettra de se restaurer sans pression, d'être plus connecté à ses sensations, et d’optimiser sa digestion. L'équilibre alimentaire se joue sur le long terme. Le repas de midi doit lui apporter l'énergie et le temps de repos nécessaires pour apprendre et exploiter tout son potentiel. Parole de diététicienne !

Francine Joyce - Diététicienne - nutritionniste à Londres

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