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En Carnaval : Jean Bart et co(rsaires)
Si le Carnaval n’est pas la tradition la plus connue en France, celui de Dunkerque est unique avec ses traditions burlesques, ses géants et son jet de harengs dans la foule.
Période : de 1650 au dernier Carnaval
A lire pendant le carnaval de Dunkerque
Sous dominations espagnole, britannique puis française, la tradition du carnaval à Dunkerque remonte au XVII siècle lorsqu’une grande fête était organisée avant que les hommes ne partent pour six mois de pêche aux harengs dans les mers du Nord.
L’incontournable des festivités est la Cantate à Jean Bart, où la ville entière chante devant la statue du corsaire une véritable anthologie :
"Jean Bart, salut à ta mémoire.
De tes exploits, tu remplis l'univers ;
ton seul aspect commandait la victoire et,
sans rival, tu régna sur les mers".
Qu’est-ce que ce jeune Dunkerquois a-t-il pu faire pour mériter autant d’éloges ?
La vie du corsaire de légende ressemble à un roman d'aventure. Jean Bart né en 1650 à Dunkerque issu d'une famille de marins, il connaît sa première expérience de corsaire à seulement 16 ans comme matelot sur un brigantin de garde côte, l’équivalent d’une goélette, et doué il mémorise les contours des côtes hollandaises, écossaises, irlandaises, anglaises et françaises. Un an plus tard, l'écumeur participe, sous les ordres de l'Amiral néerlandais Michiel de Ruyter, à sa première grande bataille, la bataille de Medway qui opposent britanniques et hollandais. Medway est à l’embouchure de la Tamise et le jeune Jean apprend par cœur le découpage des côtes britanniques.
En 1673, Jean Bart se met au service du Roi de France lors de la guerre de Hollande. Il recoit le commandement d’un bâtiment corsaire et doit harceler pour le compte du Roi les navires marchands. Sa bravoure est très vite remarquée par Colbert et Vauban et récompensée par Louis XIV lui-même. Récompense ultime, le matelot intègre la Marine Royale.
Face aux Anglais, en pleine course avec le Capitaine Claude de Forbin, les deux corsaires escortent des navires marchands et se font prendre en chasse par des navires anglais. Battus et blessés, ils sont conduits dans une prison à Plymouth en Angleterre, début juin 1689.
A peine arrivés au cachot, ils cherchent à tout prix à s’évader mais comment y arriver entourés d’eau et gardés par des anglais sur une île ?
La légende raconte qu’un matelot apporte, ou trouve, une petite lime afin de scier les barreaux de leur cellule. Probablement fasciné par les deux corsaires français, le chirurgien chargé de panser leurs blessures les aurait soutenus et à la condition de les suivre en France.
Après onze jours enfermés, Bart et Forbin s'évadent à bord d’une simple chaloupe accompagnés de deux mousses et du chirurgien. C’est Jean Bart qui prend les rames et il ne fera aucune pause entre les côtes anglaises et leur arrivée en Bretagne. Leur traversée de soixante lieues (environ 290 km) a duré moins de quarante-huit heures.
Le héros rentre à Dunkerque et plus tard reçoit le commandement de la ville, lorsque celle-ci est attaquée par les Anglais, en avril 1702. Il décéda peu de temps après, d’une pleurésie. Une statue à son effigie trône aujourd'hui dans la ville de Dunkerque. Forbin et Bart font partie des grands navigateurs français qui décorent le grand salon de l’Hotel de la Marine à Paris.
Corsaire ou pirate : pinaillage ?
La réponse se trouve déjà dans le célèbre dictionnaire Le Littré (parution 1873-1877).
« Le corsaire, muni de lettres de son gouvernement et armé seulement en temps de guerre. Pris, il est traité comme prisonnier de guerre.
Le pirate n’a point de lettres de marque et attaque même en temps de paix. Pris, il est traité comme voleur et pendu ».