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Exposition "Virtual Beauty" : Paradis Numérique ou Enfer Digital ?
Des selfies aux avatars, quel est l’impact des technologies numériques sur nos définitions de la beauté ? sur notre perception du corps ?
Qui en 2025 détient le pouvoir de définir les normes de la beauté aujourd’hui ?
Cette année, Somerset House célèbre son 25e anniversaire. Avec l’exposition “ Virtual Beauty ” elle affirme son rôle de foyer londonien des innovateurs culturels. Cet été, elle s’intéresse à l’influence du digital sur l’art et la culture.
L'exposition rassemble un vingtaine d’artistes internationaux pour examiner comment l’intelligence artificielle et nos identités “virtuelles” sur les réseaux sociaux (selfies plus ou moins améliorés, avatars de nous mêmes) transforment notre vision du monde mais aussi l’expression de soi. Depuis le Covid nous ne voyons plus les autres naturellement au travers de nos rétines. Nous les voyons de plus en plus souvent au travers d’écrans interposés et d’un flux incessant de petites fenêtres numériques sur Tik Tok, Instagram, Facebook ...



Exposition Virtual Beauty Londres 2025 - Photos F. Joyce
A l’ère d’Internet, nous sommes devenus plus conscients et même stratégiques dans la manière dont nous nous présentons publiquement. Avec la proliferation des écrans portables (téléphones, ordinateurs, tablettes…), des filtres, de la biométrie, des applications “photo-shop”, nous partageons quotidiennement des images modifiées de nous mêmes, des identités filtrées et “améliorées”. Si La Joconde se prenait en photo aujourd’hui, ses selfies ressembleraient peut-être à ceci :

Un sourire tout aussi énigmatique, une femme à barbe non genrée et qui l'assume, une femme de pouvoir, belle, moderne à l'aise face aux défis d'un mode utopique, une femme en totale adéquation avec l'époque.
L’exposition ne se contente pas de mettre en valeur la beauté moderne - aussi différente soit-elle des conventions traditionnelles. Au travers de sculptures, de performances vidéos, de photographies… elle examine ses different aspects, elle interroge ses mythes et ses contradictions, elle constate son pouvoir. Elle s’interroge sur notre dangereux besoin de nous remodeler physiquement (virtuellement ou physiquement via la chirurgie esthétique) pour correspondre à l’illusion d’une beauté parfaite, une beauté que nous pourrions peut-être atteindre, une beauté dont les canons sont générés par l’Intelligence Artificielle.
Ainsi, les avatars nous permettent de devenir qui nous voulons .



Exposition Virtual Beauty Londres 2025 - Photos F. Joyce
Ce sont des êtres magnifiques et non-binaires, mi-humains mi-animaux, mi-dieux mi-aliens. Ils ne présentent aucun élément indiquant leur genre, leur ethnicité, leur sexualité. Tout comme cette déesse à la fois ultra feminine et ultra masculine.
L’artiste Filip Ćustić présente lui Pi(x)el, une sculpture féminine en latex moulée d’après un corps réel. Son visage est recouvert d’écrans de téléphones qui diffusent d’autres visages et des parties du corps qui appartiennent à d'autres, certaines avec des cicatrices ou des handicaps visibles, des attributs masculins ou féminins devenus interchangeables…

Le corps et l’écran ne font plus qu’un.
L'exposition s'appuie aussi sur les toutes dernières technologies biomédicales qui ont mis au point des “neuro chips” à implanter dans le cerveau pour permettre à l’individu de voir dans le miroir non pas la réalité, mais l’image qu’il souhaiterait voir de lui-même. Une manière semi-scientifique, semi artistique pour combattre (dans un futur proche) la dysmorphophobie ainsi que les troubles alimentaires qui lui sont souvent associés - ou encore pour réduire les actes de chirurgie esthétiques excessifs.



Animation triptyque - photos F. Joyce
Aujourd’hui l’ingénierie médicale permet aux couples de choisir le sexe de leur bébé, la couleur de ses yeux ; ils pourront peut-être un jour choisir aussi le mode de gestation… intra ou extra utérin… comme ici ce sac à main pour porter le foetus pendant 9 neuf mois…

L'exposition est déroutante, mais notre époque l'est aussi. Elle reflète notre obsession moderne de l'image, et de la représentation mais elle se veut positive et constructive. Elle refuse surtout de nier les nouvelles formes d'expression qui aujourd'hui allient l'art, les sciences, la technologie et l'Intelligence Artificielle pour le pire peut-être, pour le meilleur peut-être aussi.