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Le boom costaud de la musculation chez les ados

Le boom costaud de la musculation chez les ados

Bienfaits et dérives d'un phénomène "baraqué"

Francine Joyce
Membres Public

Allez, c’est reparti ! Tu gères ! On aspire le nombril pour serrer les abdos ! C’est ça ! Respire ! Le dos reste bien droit ! Excellent ! Les fesses partent en arrière en fléchissant les genoux ! On garde le contrôle encore 3 secondes ! INSPIRE ! 3, 2, 1… On EXPIRE en remontant et Allez : pause de 20 secondes, on boit un coup et une p’tite dernière rep avant de prendre les haltères …

Voila la nouvelle addiction des jeunes  : l’obsession de prendre de la masse musculaire. La musculation figurait en effet -selon le Conseil National des Examens- parmi les trois épreuves les plus choisies par les élèves au baccalauréat 2024. En 2025, dans les salles londoniennes, 8% des clients ont moins de 20 ans et 50% ont moins de 30 ans.

L'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) estime que dans les pays occidentaux, plus de 80 % des jeunes ne font pas suffisamment d'exercice physique. Mais les temps changent. En France, 19% des 15-24 ans (les filles comme les garçons) pratiquent une activité sportive en particulier le “bodybuilding”. Il est perçu comme un moyen d’améliorer son apparence physique et de gagner en confiance en soi. Il n'y a pas si longtemps, la seule chose que nos ados voulaient bien porter c'était leur téléphone portable ! Aujourd'hui ce sont des haltères ! Et en plus, ces irréductibles rebelles semblent aimer la discipline stricte imposée par leur mentor.

Mais quelles raisons peuvent bien pousser les jeunes à soulever de la fonte plutôt que jouer au foot, au paddle, au basketball… ? L’aspect low cost ? Le torse de Chris Hemsworth (“Thor”) ? Le regard impressionné des filles sur la plage ? Est-ce l’influence des hormones ?

En effet à ces âges le profil hormonal (en particulier le taux de testostérone) joue un rôle majeur dans le développement musculaire. L’adolescence donne donc à ces jeunes adeptes l’opportunité unique de booster leur force, leur endurance, leur coordination, leur santé cardiaque et même osseuse. Mais une supervision professionnelle est essentielle dans le respect des rythmes biologiques de chacun, pour réaliser les bonnes postures , organiser des séances à thèmes (haut du corps, membres inférieurs), planifier des jours de repos et de récupération. Une bonne méthodologie permet d'optimiser les changements naturels - tout en minimisant les risques de blessures. Il suffit d’un mouvement mal effectué pour provoquer des lésions ligamentaires, une déchirure musculaire, un glissement discal irreversible…  L'augmentation des charges doit être progressive ; celui des répétitions aussi.

Or aujourd’hui, le prof préféré des ados… c’est Instagram. Depuis le Covid et Joe Wicks, beaucoup s’entraînent à la maison ou en salle devant leur écran de téléphone en suivant des “tutos” sur YouTube ou TikTok. Ainsi, grâce aux réseaux sociaux nos jeunes sportifs suivent des influenceurs à la musculature surdimensionnée 100% “home-made”. Dégoulinants de sueur, ces coachs (dont la formation n’est pas toujours claire) expliquent comment faire gonfler pecs et biceps en s’entrainant seul(e) à la maison et en modifiant son alimentation selon un programme simple : " Pour des muscles en briques, consommez des protéines et des féculents pendant la phase de “bulking” - environ 16 semaines-, puis réduisez le gras et diminuez votre apport calorique de moitié pour rendre les muscles plus apparents. C'est la méthode Cut and Bulk. " Cela signifie beaucoup de steaks crus, des douzaines d'oeufs par semaine et des litres de lait tous les jours.

Ce qui apparait donc au départ comme une hygiène de vie expose aussi nos jeunes à un risque élevé de dangers : dérives alimentaires (comptage obsessionnel des calories, poulet 6 fois par jour, omelette XXL tous les matins, nutrition déséquilibrée, vite carencée, risque "d'anorexie inversée"), entraînements excessifs (voire une dépendance à l’exercice physique et aux "deadlifts") dopage, diminution des activités sociales… Car augmenter sa masse musculaire n’est pas facile. Et comme le régime n'est pas tenable à long terme, les résultats ne le sont pas non plus. Quand apparaissent les boutons d'acné et les troubles digestifs (à commencer par une constipation pas très glamour) les rythmes changent et s'adoucissent. En effet, nos jeunes sportifs réalisent alors qu'au-delà de la régularité et de l’intensité des entrainements, la génétique et le profil hormonal jouent chacun un rôle considérable et que tout le monde ne progresse pas de la même manière. Ansi une jeune femme souffrant d’ovaires polykystiques (PCOS) et qui présente donc un taux de testosterone plus élevé que ses camarades aura bien plus de facilité à développer son volume musculaire.

Le plus souvent ces jeunes ne cherchent pas à concourir en compétition. Leur but premier : une morphologie de culturiste pour booster leur self-estime et accroitre leur confiance en eux - pour entre autres, plaire aux filles ou en mettre plein la vue aux garçons ! Christophe – 17 ans- nous dit : “ j’ai découvert la musculation sur Google en demandant : “ Comment impressionner ma petite-amie ? “ Et la première réponse a été : “avec des biceps comme Wolverine ! ”

Chacun sa motivation ; l’important à ces âges est d’être encadré et d’éviter pour aller plus vite, de prendre des substances anabolisantes en raison de leurs effets secondaires sévères sur la tension artérielle, le foie, les reins, la fertilité, le risque de diabète, l’humeur qui devient instable …

Beaucoup prennent de la créatine qui augmente la capacité de travail lors des exercices intenses et retarde la fatigue. Les médecins s'accordent à dire qu'elle ne présente pas de risques significatifs . Selon les experts, la dose de charge ne doit pas dépasser 20g par jour pendant une semaine, puis 5g/j en phase d’entretien. Comme elle induit une surcharge de travail rénal il est indispensable d’augmenter l’hydratation. A noter, sa consommation est inutile sans exercice physique !

entrainement à la maison devant l'écran de la TV

D'autres préfèrent la “whey “ c’est à dire une poudre de protéines de lait qui sera efficace APRES l’exercice dans la demie heure qui suit l’arrêt de l’activité pour une meilleure réparation des micro-lésions articulaires.

Contrairement donc aux idées reçues, la musculation n’est pas contre-indiquée pour les adolescents, elle favorise même la croissance osseuse et renforce le système cardiovasculaire, à condition de la pratiquer avec modération. Elle doit aussi être encadrée par des professionnels qui apprendront aux jeunes adeptes à garder le sens des réalités et à se fixer des objectifs raisonnables.  Il faut surtout pratiquer par plaisir !

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