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Les symboles du soft power francais à Londres

À Londres, les symboles culturels renforcent le soft power entre la France et le Royaume-Uni notamment grâce à la diplomatie par le cadeau et les mémoriaux de guerre. De plus, les événements culturels et la gastronomie peuvent également jouer un rôle clé en renforçant l'influence française.

Castille Weber 01 juil. 2023 |

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Le soft power est définie comme « la capacité d'un État à influencer et à orienter les relations internationales en sa faveur ». Dans le cas de la relation franco-britannique, la diplomatie par le cadeau et les symboles culturels jouent un rôle essentiel dans le développement du soft power entre les deux pays. À Londres, on retrouve, à travers des monuments, des statues, des événements culturels et des cadeaux diplomatiques, des éléments qui témoignent de l’influence culturelle de la France dans la capitale.

L'utilisation de la diplomatie par le cadeau entre la France et le Royaume-Uni

La diplomatie par le cadeau est un premier exemple de soft power qui est une pratique dans les relations internationales ou un dirigeant d’un pays décide d’offrir un cadeau à un autre dirigeant ou pays afin de maintenir ou de renforcer des relations. Ces cadeaux diplomatiques permettent de renforcer les liens culturels, symboliser le partage de valeurs communes ou cellier des événements importants.

En 2018, le président Emmanuel Macron a annoncé prêter la tapisserie de Bayeux au Royaume-Uni. Cette tapisserie datant de 950 ans retrace la conquête de l'Angleterre par les Normands. Bien que ce geste ait été présenté comme symbolique et culturel, il a été largement perçu comme diplomatique et visant à renforcer les relations franco-britanniques dans le contexte du Brexit. Toutefois, jusqu'à ce jour, la tapisserie demeure en France et la question du prêt n'a toujours pas été résolue.

Un autre exemple notable de cadeau diplomatique est celui offert à la reine Elizabeth II lors de son Jubilé de Platine. Emmanuel Macron a offert un cheval nommé Fabuleu et choisit parmi les 470 de la cavalerie du régiment de la Garde républicaine. Ce cheval, décrit comme étant d'une qualité exceptionnelle, présente, tout comme la tapisserie de Bayeux, un puissant symbole diplomatique visant à renforcer les liens entre la France et l’Angleterre.

Symboles français visibles au sein de la capitale

En plus de ces gestes diplomatiques, on retrouve de nombreux symboles de l’alliance franco-britannique au sein de la capitale britannique.

L'influence architecturale et culturelle peut être illustrée par l'exemple du Ritz. Ouvert en 1906 par César Ritz, créateur de l'hôtel Ritz, son architecture a été conçue par Charles Mewès, architecte de l'hôtel Ritz de Paris.

THE RITZ. — Photo by Elena Theodoridou / Unsplash

Lorsque l’on se balade dans Londres, il n’est pas rare de voir des plaques bleues qui célèbrent des figures ayant travaillé ou habité dans les bâtiments associés. Certaines de ces plaies bleues font hommage à des Français tels que sur la Church Road, au Queen's Hotel, commémorant la présence d'Émile Zola; au 4 St James Place, où Frédéric Chopin a donné sa dernière représentation et également, au 1c King Street, où Napoléon III a résidé. Au 99 Frognal à Hampstead, une plaque commémore la remise de la Croix de la Libération à Jean Moulin par le général de Gaulle en février 1943. On retrouve en effet, beaucoup de symboles liés à la commémoration et la mémoire de la guerre, notamment de la Seconde Guerre mondiale.

Mémoriaux de guerre visibles à Londres

Parmi ces symboles, on trouve premièrement la statue de Charles de Gaulle située à Carlton Gardens. Inaugurée en 1993 par la reine Élisabeth II, cette statue se trouve à proximité des anciens quartiers généraux de la France libre pendant la Seconde Guerre mondiale. Cette statue témoigne du lien des deux pays notamment dans le contexte de la seconde guerre mondiale. Cette statue peut directement être reliée à l’appel du General de Gaulle à la radio anglaise BBC le 18 juin 1940. L’expression « Ici Londres » est devenue emblématique et témoigne de la coopération, la solidarité et l’alliance entre la France et le Royaume-Uni.

À l'église Saint-Paul de Londres, une plaque commémorative rend hommage à la Section des Opérations Extérieures (SOE) FANY (First Aid Nursing Yeomanry). Cette organisation féminine de secouristes a joué un rôle crucial en fournissant des soins médicaux et un soutien aux forces armées britanniques et alliées. La mémoire de cinq Françaises décédées au service de l'Angleterre est commémorée.

Le lycée français, quant à lui, est un symbole fort du lien franco-britannique. En entrant au sein du bâtiment, deux plaques commémoratives rendent hommage aux régiments des forces spéciales SAS des parachutistes de la France Libre et au 1er Bataillon de Fusiliers Marins Commandos.

Le mémorial de la Promenade de Verdun, situé à Purley, est un monument franco-anglais dédié à la mémoire des combattants français. On y trouve un obélisque avec l'inscription « Aux soldats de France morts glorieusement pendant la Grande Guerre ». Il contient de nombreux peupliers de Lombardie, qui symbolisent le mélange anglo-français, car ils poussent sur un sol constitué d'un mélange de terres d'Armentières, où les Anglais et les Français ont combattu ensemble jusqu'en 1914. Le ministère de l'Intérieur français a fait transporter 10 tonnes de terre d'Armentières sur le site du monument. Ce mémorial témoigne de la forte relation entre la France et le Royaume-Uni, avec une dimension politique marquée par l'implication du ministère de l'Intérieur français.

La statue de la Délivrance commémore la première bataille de la Marne et a été créée par le sculpteur français Émile Oscar Guillaume en 1914. Elle représente une figure féminine debout sur un hémisphère en bronze, tenant une épée dans sa main droite. Un exemplaire de cette statue a été exposé à Finchley à Londres depuis 1927, tandis qu'un autre exemplaire se trouve à Nantes en France depuis la même année.

Enfin, la statue du général Foch est située à proximité de la station de métro Victoria. Son emplacement a été choisi pour que les Français arrivant de la gare de Victoria puissent la voir dès leur arrivée. Victoria était un point de rendez-vous essentiel pour les Français souhaitant se rendre en France en prenant le train jusqu'au port de Calais. Le "Little Ben" servait d'ailleurs de point de rendez-vous pour ces Français.

L'impact culturel et politique de ces mémoriaux

Ces différents exemples rendent hommage à des personnes et événements qui ont renforcé les liens entre la France et le Royaume-Uni, que ce soit par le biais de l'engagement dans des opérations de secours, dans les combats ou dans la contribution de forces spéciales.

Ces monuments aux morts et mémoriaux jouent un rôle essentiel en reliant la culture, la mémoire et la politique avec d’une part l’importance de la commémoration de la mémoire et d’autre part le choix stratégique de leur emplacement. De plus, ces monuments peuvent évoluer, perdre leur signification d'origine, être modifiés ou même détruits, ce qui témoigne de leur dimension politique.

Les différents mémoriaux à Londres, en plus de leur rôle mémoriel, sont des outils politiques et culturels importants et jouent un rôle crucial à l'étranger dans le cadre du soft power. Ils contribuent à façonner l'image d'un pays, à transmettre ses valeurs, son histoire et sa culture, renforçant ainsi son influence de manière internationale.

Les événements culturels comme facteurs de soft power

Enfin, l'influence peut également se manifester à travers des événements tels que le concours Paris-Londres ou encore le French Film Festival.

Le French film festival est un festival consacré au cinéma français qui se produit chaque année depuis 1992 et offre une variété de genres, de longs et courts métrages et documentaires. Le Festival du Film Français est une occasion de plonger dans le monde du cinéma français et de profiter d'une expérience cinématographique dans diverse ville anglaise.

La gastronomie peut également être un moyen diplomatique et culturel de soft power. En novembre 2020, l'Ambassadrice de France au Royaume-Uni, Catherine Colonna, a créé un concours de pâtisserie appelé Paris-Londres. Le choix du nom n'est pas anodin, car il souhaite refléter le lien résilient et l'histoire commune entre les deux pays. Ainsi, la gastronomie devient un nouveau symbole des relations franco-britanniques.