Ras-le-bol des pictogrammes !

Nous vivons dans un monde saturé d’images, d’émojis, d'émoticônes et de représentations en réalité plus ou moins augmentée … La nouvelle frénésie digitale, ce sont les pictogrammes auxquels Japan House consacre ce mois-ci toute une exposition interactive.

Inaugurée par l'Ambassadeur du Japon, puis visitée cette semaine par l'équipe de Sumo à l'occasion du Championnat du Monde à Londres, l'exposition très design, présente en noir et blanc des réalisations géantes et même un atelier pour joyeusement dessiner vous même des pictogrammes personnels.

C'est ludique. Mais aujourd’hui ces petites images stylisées ont envahi le Web et submergent notre quotidien : dans les transports, les stades, sur les packagings, sur des milliers de produits dérivés et à l’occasion de tout événement sportif ou culturel (Jeux Olympiques, festivals, foires commerciales …)

Les pictogrammes sont de petits dessins minimalistes utilisés comme moyens de communication non- verbale. Ils représentent des objets, des services, des signaux routiers, une marque, un produit, un sport …

 Un peu comme les hiéroglyphes, ils s’apparentent à un langage en trois dimensions comme une grammaire visuelle universelle qui n’a pas besoin d’apprentissage.

Mais la simplicité, c'est compliqué ! Et c'est tout un art. Le terme « pictogramme » provient du latin « pictus », qui signifie « peint », et du grec « gramma », qui signifie « écrit ». Ces symboles représentent donc une parfaite fusion entre la simplicité d’une image et l'exactitude d’un texte. Ils sont censés être compréhensibles quelle que soit votre langue maternelle. Exemple :

 Ces messages sont clairs et ces interdictions explicites pour tous, qu’elles soient affichées en Russie, en Chine, en Arabie Saoudite ou en France.

En 2025, 75% de la population Mondiale ne parlent pas anglais et 60% n’utilisent pas l’alphabet latin. Le recours à ces images simplifiées surmonte les difficultés de compréhension linguistique. Elles rendent accessibles, des informations souvent essentielles et parfois même complexes à tous les publics. C’est d’ailleurs la technique privilégiée par les éducateurs spécialisés pour stimuler les apprentissage et l’indépendance sociale des enfants autistes ou non-verbaux. Les pictogrammes présentent en quelques traits des concepts clairs en réduisant le stress ou l’anxiété liés à l’information complexe.

Mais si l’évolution récente des pictogrammes se veut plus artistique elle est devenue au fils du temps plus abstraite voire incomprehensible.

Aux JO de Tokyo en 1964, la limpidité des panneaux utilisés pour diriger les spectateurs étrangers vers les competitions de leur choix, a permis d’éviter un joyeux mais infernal bazar international !

Ceux de Paris 2024 ont eux suscité curiosité, perplexité et questionnements

Beaucoup relèvent plus du blason et des symboles héraldiques de la noblesse historique que du sport ! Graphismes achevés et modernes certes mais bien difficiles à décrypter ! On reconnait les gants de boxe et le ballon de foot … mais pour identifier le surf dans une étoile d’amandes effilées, le skateboard dans un pansement et la gymnastique rythmique dans les massues … il faut une imagination visionnaire !

Et puis surtout ces mini oeuvres d’art cachent une vocation bien plus sombre et mercantile : celle de vous vendre des produits dérivés (T-shirts, mugs, papèterie, tote bags ...}. Bien plus que des souvenirs ou des cadeaux d’entreprise, ces logos sont devenus des vecteurs de visibilité, de mémorisation et de lien avec les consommateurs. En s’invitant dans votre quotidien, les pictogrammes utilisés par les marques s’ancrent durablement dans votre mémoire et vos habitudes d’achat. Ils confèrent une identité aux sociétés qui cherchent à se distinguer et à vous séduire ; tout comme le faisaient déjà les artisans et les commerçants du Moyen Age avec des enseignes. Le marketing ne date pas d’hier … et il continue de nous envahir de tout son poids !

 L'exposition vaut le détour .