Royal Academy : Summer Exhibition 2024

Événement annuel curieusement baroque, la Summer Exhibition (exposition d’été) de la Royal Academy de Londres revient le 18 juin et jusqu’au 18 aout pour sa 256e édition. Peintures, sculptures, meubles et maquettes d’une créativité débordante laissent exploser les formes, les styles, les matériaux et les couleurs sur les murs, les plafonds et au hasard des cimaises de la Royal Academy. Le cadre est grandiose.

Des œuvres disparates bousculent joyeusement les normes pour séduire visiteurs et acheteurs – car la plupart des créations exposées sont en vente, certaines à moins de £250. Plus de 1700 objets cette année, signés par de grands noms de l’art contemporain ou des outsiders du grand public. Des chef-d'œuvres d'une grande valeur, mais aussi des pièces originales, parfois déroutantes, souvent insolites.  

N’importe qui peut soumettre ses créations. Tout comme Turner et Constable l’ont fait au 19ᵉ siècle, vous pouvez aujourd'hui proposer vos meilleures réalisations ou celles de la voisine de votre grand-mère !  Elles seront peut-être - à l’instar de Bansky ou Edouard Manet - plus ou moins justement acceptées ou rejetées. Qui sait ? La sélection de cette année - coordonnée par la sculptrice Ann Christopher RA et son comité d'artistes et architectes britanniques de premier plan- est surprenante et pensée comme un blockbuster ! Elle ne flattera pas nécessairement votre rétine, mais elle vous divertira délicieusement dans sa turbulence et son abondance sans tabous !

La gigantesque sculpture d’accueil dans la cour centrale donne immédiatement le ton. Un enchevêtrement de tubulures tentaculaires sombres d’aspect reptilien intitulé : “The Meddling Fiend” de Nicholas Turner est une installation “viscérale” (de ses propres mots) qui cherche à analyser les limites de la vie et de la mort au travers de – je cite l'artiste - ”l’espace luminal” de l’intestin.

The Meddling Fiend” de Nicholas Turner - photo F. Joyce

Un concept particulièrement instagrammable qui en interrogera plus d’un ! et à plusieurs reprises. À l'intérieur, le thème gastro-entérologique est repris avec de délicates sculptures de muqueuse intestinale en version réaliste rose, moderne ou British dans un arc-en-ciel ondulant de cabines téléphoniques !

Au-delà de la cour centrale, ce sont les superbes galeries du XVIIe de Burlington House qui depuis 1769 accueillent des compositions d’une grande variété. Si l'objectif de l'époque était de réunir et de comparer les différentes tendances artistiques du moment, l'ambition de ces dernières années se rapproche des aspirations d'une riche brocante. Juxtaposées sans logique apparente les unes à côté des autres, voire, les unes au-dessus des autres, les œuvres cherchent toutes à dépoussiérer les traditions… avec une imagination infinie certes, mais avec plus ou moins  d’élégance et de poésie.

Des mises en scènes parfois musicales :

photo F. Joyce

des meubles et des luminaires détournés de leur fonction originelle,

des bibelots, des chaussures,

des tronçonneuses industrielles, des mains agrippantes, des troncs d'arbre décorés,

des trucs étranges ou merveilleux...

des tableaux, des photos, d'autres tableaux, des aquarelles, encore des tableaux,

des objets en tous genres (aliens, oiseaux, fantômes, créatures hybrides, tentures, galets, moteurs, toilettes ceinturées en plâtre et cuir même aussi ...),

Et des centaines d'idées déco pour votre cheminée, votre salle de séjour, de bain, de bal, de vie, de sport ...

Des milliers d’amateurs sont attendus à nouveau cette année. Les ventes de l'exposition seront versées en partie aux artistes exposants et aussi, à hauteur de 30% des recettes, en soutien au travail caritatif de la Royal Academy, y compris la formation de la prochaine génération d'artistes de ses écoles. Ils viendront certainement un jour allonger la liste éblouissante des académiciens de la RA, parmis lesquels David Hockney, Norman Foster, Amish Kapoor et bien d’autres immenses artistes du Who’sWho culturel britannique.

 

photo F. Joyce